Rome: Le Motu Proprio de Benoît XVI sur la messe tridentine présenté à certains évêques
La publication du document devrait intervenir «sous peu»
Rome, 28 juin 2007 (Apic) Le décret sous la forme d’un Motu Proprio que Benoît XVI entend très prochainement publier pour libéraliser l’usage de la messe selon le rite préconciliare dit «de saint Pie V» a été présenté à certains évêques convoqués à Rome le 27 juin 2007. L’information a été révélée le soir-même par le site Internet du quotidien français «La Croix», cité par I.Media, qui a indiqué que la publication du document interviendrait «sous peu».
Mercredi 27 juin, dans l’après-midi, des cardinaux et archevêques de différents pays étaient réunis autour du cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’Etat, pour prendre connaissance du contenu du Motu Proprio visant à libéraliser l’usage du missel en rite tridentin, a ainsi indiqué le quotidien catholique. Selon le journal, la publication du document «devrait intervenir sous peu, par le biais de «L’Osservatore Romano», le quotidien édité par le Saint-Siège. Le texte, rédigé en latin, sera accompagné d’une lettre de Benoît XVI en plusieurs langues, peut-on également lire dans cet article.
Selon le quotidien, «les évêques ignoraient tout du contenu définitif du texte» avant cette réunion car son élaboration a eu lieu «dans la plus grande discrétion». «La Croix» rappelle aussi que le souhait de Benoît XVI de faciliter le recours au rite de saint Pie V avait «suscité les réserves d’un certain nombre d’épiscopats, dont la France et les Etats-Unis». Il n’est pas fait mention des évêques présents à cette réunion. Selon I.Media, partenaire romain de l’Apic, le cardinal Jean-Pierre Ricard, président de l’épiscopat français y a participé, ainsi que l’archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois.
Le document pontifical devrait permettre la célébration du rite préconciliaire sans qu’il soit besoin, comme c’est le cas actuellement, d’une autorisation préalable de l’évêque. Face à l’inquiétude exprimée par certains évêques de perdre de l’autorité dans leurs propres diocèses, le quotidien catholique français avance que le Motu Proprio «devrait prévoir des garde-fous pour garantir à l’évêque le dernier mot en cas de contentieux entre fidèles et prêtres sur ce point».
Critiques
Le 15 juin dernier, I.Media avait annoncé que le Motu Proprio en vue de libéraliser la messe tridentine avait été signé par Benoît XVI et serait très prochainement publié, accompagné d’une lettre d’explication adressée à tous les évêques du monde.
Grâce à des indiscrétions de la presse, confirmées par le Saint-Siège, on sait depuis octobre dernier qu’un projet de motu proprio visant à libéraliser le rite tridentin est en préparation. Il mettrait ce rite sur le même plan de plein droit que celui dit «de Paul VI» et il n’y aurait plus, comme aujourd’hui, d’autorisation préalable nécessaire de la part de l’évêque.
Certains observateurs relèvent que le rite en vigueur est lié à Vatican II. Ils s’inquiètent, écrit La Croix» de ce que la «banalisation» de la messe en rite tridentin rende possible une acceptation seulement partielle du Concile, ce que demandent les intégristes (lire La Croix du 11 juin). En décembre 2005, Benoît XVI a expliqué qu’il fallait «interpréter le Concile à la lumière de la Tradition», mais sans renoncer à deux de ses apports principaux, la liberté religieuse et les rapports entre l’Église et le monde, contestés par les mouvements intégristes.
D’autres critiques se sont fait jour, aux États-Unis et en Allemagne, du côté du judaïsme. Ainsi, le Conseil international juifs et chrétiens (IJCIC) a exprimé au cardinal Walter Kasper, chargé du dialogue avec le judaïsme, ses craintes quant à un retour du missel de 1962, qui contient la prière du Vendredi saint « pour la conversion des juifs », supprimée dans le missel de Paul VI. (apic/imedia/ami/cx/idg/pr)