Rome: Le pape prône un nouvel ordre international
«La paix est possible, elle est un devoir»
Rome, 2 janvier 2004 (Apic) Le monde a besoin d’un «nouvel ordre international» fondé sur l’ONU, pour résoudre ses conflits et garantir la paix, a déclaré le pape Jean Paul II dans son message du Nouvel an. Il lancé un appel en faveur de la paix pour 2004.
«Plus que jamais, il nous faut un nouvel ordre international, qui s’appuie sur l’expérience et les résultats des Nations unies» a estimé le pape. La paix est possible et elle est un devoir, a-t-il lancé au premier jour de l’année dédié par l’Eglise à la paix.
Célébrant en effet la 37e Journée mondiale pour la paix, Jean Paul II a rappelé aux ambassadeurs accrédités près le Saint-Siège, présents à la première messe de l’année 2004, «l’urgence et la nécessité de former les consciences à la culture de la paix». Le pape a par ailleurs souhaité que cessent les conflits dans le monde, en particulier au Burundi et en Terre Sainte, et une meilleure légalité internationale.
En ce premier jour de l’année dédié à Marie Mère de Dieu et consacré – depuis 1968 à la demande du pape Paul VI – à la paix, la plupart des quelque 170 ambassadeurs accrédités près le Saint-Siège avaient répondu positivement à l’invitation de Jean Paul II. Par leur intermédiaire, le pape s’est ainsi exprimé aux gouvernements des Etats représentés.
Reprenant au cours de son homélie d’une douzaine de minutes et lue en entier le thème du message de cette année, «un engagement toujours actuel: éduquer à la paix», le pape a réaffirmé, comme au début de son pontificat, «l’urgence et la nécessité de former les consciences à la culture de la paix. Car la paix et possible, et elle est un devoir», a-t-il lancé. «Face aux situations d’injustice et de violence qui oppriment différentes régions du globe, face aux incessants conflits armés souvent oubliés par l’opinion publique, il devient de plus en plus nécessaire de construire ensemble des chemins de paix; il devient donc indispensable d’éduquer à la paix», a ajouté le pape.
Meurtre du nonce au Burundi et Terre Sainte
Jean Paul II n’a pas manqué d’évoquer le meurtre du nonce apostolique au Burundi, en début de semaine, «tragiquement assassiné alors qu’il accomplissait sa mission en faveur du dialogue et de la réconciliation». «Que son exemple et son sacrifice portent des fruits de paix au Burundi et dans le monde», a-t-il dit.
Le pape s’est également arrêté sur «les conditions dramatiques» de la Terre Sainte «et d’autres parties du monde où les foyers de violence et les conflits ne s’éteignent pas». «Il faut cependant persévérer sans céder à la tentation du découragement», a-t-il déclaré.
«Un effort de la part de tous est nécessaire pour que soient respectés les droits fondamentaux des personnes par une éducation constante à la légalité, a par ailleurs affirmé le pape qui prône «un nouvel ordre international, qui fasse fructifier l’expérience et les résultats obtenus ces dernières années par l’Organisation des Nations unies, un ordre mondial qui soit capable de donner aux problèmes actuels des solutions adéquates, fondée sur la dignité de la personne humaine, sur le développement de la société dans son ensemble, sur la solidarité entre pays riches et pays pauvres, sur le partage des ressources et des résultats extraordinaires du progrès scientifique et technique».
Dans son message pour cette 37e Journée mondiale pour la paix, publié le 16 décembre dernier, le pape demandait en effet, reformulant une proposition faite en 1995, à ce que les Nations unies «s¹élève toujours plus du stade d’une froide institution de type administratif à celui de centre moral, où toutes les nations du monde se sentent chez elles, développant la conscience commune d’être, pour ainsi dire, une famille des nations».
Un devoir
Au cours de la messe célébrée par le cardinal secrétaire d’Etat Angelo Sodano et concélébrée par Mgr Renato Martino, président du Conseil pontifical Justice et Paix, une des intentions de prière, lue en arabe, a été particulièrement destinée aux responsables des pays et des organismes internationaux «qui ont le devoir de promouvoir la paix. Qu’ils accueillent au plus profond de leur conscience cette paix annoncée par les anges et qu’ils oeuvrent pour ne jamais faire appel au droit de la force mais plutôt à la force du droit». Une autre intention a invité les juristes «à préparer des conventions et des traités qui renforcent la légalité internationale». L’assemblée a également prié «pour les hommes et les femmes tentés de recourir à l’instrument inacceptable du terrorisme».
La Marche de la paix
La célébration terminée, Jean Paul II est apparu à la fenêtre de ses appartements pour la prière traditionnelle de l’Angélus. «Bonne année à tous !», a-t-il lancé en italien aux dizaines de milliers de personnes rassemblées Place Saint-Pierre, dont les participants à la marche pour la paix organisée par la Communauté Saint Egidio, une initiative promue simultanément dans 200 villes de 70 pays différents. Le pape a ensuite prononcé des paroles de voeux et de prospérité en français, anglais, allemand, espagnol, portugais et finalement dans sa langue maternelle, le polonais.
La veille, Jean Paul II avait présidé la dernière cérémonie de l’année, la prière du «Te Deum» – en action de grâces pour l’année écoulée – en présence de milliers de personnes présentes dans la basilique Saint- Pierre. Il avait particulièrement invité le diocèse de Rome à mettre en place «des stratégies pastorales adéquates à notre temps» en faveur de la famille et «des jeunes couples qui se préparent au mariage». Au sortir de la basilique, les pèlerins ont été surpris de «voir» à nouveau le pape. Avant de remonter dans ses appartements, le souverain pontife, dans sa papamobile, s’est rendu Place Saint-Pierre pour s’arrêter quelques instants en prière devant la grande crèche installée au pied de l’obélisque. PR
Encadré
La paix est chère payée, titre «L’Osservatore Romano»
«La paix est chère payée», titre le quotidien du Vatican en grosses lettres à la une de son édition du 1er janvier 2004. Rappelant que le nonce apostolique au Burundi assassiné en début de semaine a été un «opérateur de paix», «son assassinat conclut l’année 2003, une année tourmentée par la guerre, la haine et la violence», peut-on lire dans «L’Osservatore Romano». Le quotidien du Saint-Siège publie par ailleurs la liste, non exhaustive, des 29 martyrs de l’Eglise catholique tués violemment dans l’année. (apic/ag/imedia/pr)