Sévère condamnation de Jean Paul II pour des actes qui secouent l’Italie

Rome: le pape sur les lieux des deux attentats de Rome (280793)

Rome, 28juillet(APIC) Le pape Jean Paul II a sévèrement condamné au cours

de l’audience générale du mercredi les trois attentats survenus dans la

nuit de mardi à mercredi à Milan et à Rome, «lâches» attentats qui ont fait

cinq morts et une trentaine de blessés. Peu après midi, le pape s’est rendu

en compagnie de Mgr Jean-Louis Tauran, ministre des Affaires étrangères» et

du président de la République italienne Oscar Luigi Scalfaro au Palais apostolique de Saint-Jean-de-Latran, coeur et symbole de la chrétienté, touché

par l’un des deux attentats romains, ainsi qu’à l’église romane de SaintGeorges du Velabre, près du Forum, en partie détruite par la seconde explosion. Un premier attentat, faisant cinq victimes, avait auparavant secoué

Milan.

Pendant ces deux visites, Jean Paul II a reçu des informations du président Scalfaro en personne, du ministre pour la Culture et l’Environnement,

Alberto Ronchey, du ministre des Affaires étrangères, M. Andreatta, ainsi

que du Cardinal Ugo Poletti, ancien vicaire du pape pour le diocèse de Rome.

Lors de l’audience générale du mercredi, le pape a tenu à exprimer «toute sa douleur devant les victimes innoncentes des lâches attentats» commis

la veille. «Ces crimes féroces, que rien ne saurait justifier, sont toujours un motif de honte pour ceux qui les préparent et pour ceux qui les

exécutent». On ne peut bâtir une société humaine et civile sur le mépris de

Dieu et de l’homme, a déclaré le pape, avant de prier pour les familles endeuillées, pour les blessés et pour tous ceux qui ont été frappés par ces

événements tragiques, pour l’avenir de l’Italie également.

Le coeur de la chrétienté

Les Romains constatent consternés les dégâts causés à Saint-Jean-de-Latran, la résidence des papes jusqu’au 14e siècle. «La déflagration a creusé

un cratère de plus de deux mètres de profondeur», témoigne un policier. «Le

portique, la balustrade, risquent de s’effondrer. On est en train de faire

l’inventaire des dégâts». Le sol est jonché de vitres brisées. Partout, du

grand Palais abritant les bureaux de la curie, les fenêtres, béantes, laissent flotter en dehors des rideaux déchirés.

Un premier bilan, sommaire, parle de huit blessés et de dégâts qualifiés

«d’incalculables». C’est l’entrée latérale de Saint-Jean, l’admirable portique Renaissance à deux étages, surmonté de ses deux clochers, qui a été

touché, ainsi que le grand bâtiment construit au 16e siècle par Domenico

Fontana pour abriter les bureaux de la curie. C’est aujourd’hui le siège du

vicaire de Rome, le cardinal Camillo Ruini, dont les appartements ont été

sérieusement endommagés. Saint-Jean-de-Latran remonte aux origines mêmes de

l’Eglise: la basilique fut construite par l’empereur Constantin. Cathédrale

de la capitale, elle est, de ce fait, le coeur même de la chrétienté, plus

encore que le Vatican qui est devenu, plus tard, la résidence du pape.

La seconde explosion a eu lieu a proximité des Forums Romains et de la

grande synagogue, derrière le Capitole, devant la vieille église de SaintGeorges du Velabre. L’édifice religieux, d’une grande valeur historique,

est en partie détruit. Vingt-deux personnes ont été blessées dans les deux

attentats de Rome.

Message de Carlo Ciampi à Mgr Sodano

Les réactions sont vives mercredi en Italie, où des manifestations se

sont déroulées dans de nombreuses villes. Pour sa part, le président du

Conseil Carlo Ciampi a exprimé à Mgr Angelo Sodano la «profonde sympathie»

du gouvernement italien et du pays tout entier pour les abominables attaques terroristes contre les biens du Vatican. Le gouvernement va tout entreprendre pour retrouver au plus vite les responsables de ces attaques

honteuses, a-t-dit.

Quant au cardinal Carlo Maria Martini, archevêque de Milan, il a exprimé

mercredi sa «répulsion et son effroi» devant ces attentats. Des propos que

partagent le directeur du programme de Radio Vatican, le Père jésuite Federico Lombardi, pour qui ces attentats sont des «crimes extrèmement lourds»

qui s’opposent au «renouvellement des institutions démocratiques en Italie».

La responsabilité des trois attentats a été revendiquée par le groupe

clandestin «Phalange armée», a déclaré le chef de la police milanaise Michele Serra. (apic/cic/sv/pr)

28 juillet 1993 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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