L’Eglise soutient le droit à l’existence du peuple palestinien
Rome: Le président de l’Autorité palestinienne reçu par Benoît XVI le 3 décembre
Rome, 30 novembre 2005 (Apic) Le pape Benoît XVI recevra en audience officielle le président de l’Autorité nationale palestinienne, Mahmoud Abbas, le samedi 3 décembre 2005. En marge d’une visite officielle en Italie, la venue du leader palestinien au Vatican intervient un peu plus de deux semaines après celle du chef de l’Etat israélien Moshe Katsav.
Celui que l’on appelle aussi «Abou Mazen» a pris la tête de l’Autorité nationale palestinienne (ANP) en janvier 2005, succédant ainsi à Yasser Arafat décédé en novembre 2004. Ce dernier avait des relations privilégiées avec le Saint-Siège et Jean Paul II.
En rencontrant à 12 reprises le chef de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Jean Paul II avait apporté un très large appui moral au peuple palestinien qui a droit à une patrie après des décennies d’occupation israélienne. Il avait ainsi contribué à ce que Yasser Arafat troque sa vieille image de «terroriste» – il fut tout de même Prix Nobel de la Paix, comme le fut aussi en son temps le Premier ministre israélien Menachem Begin, qui traînait lui aussi un passé de terroriste – contre celle de leader populaire.
Le pape soutient le processus de paix et la justice pour tous
La visite que le pape avait rendue au chef de l’Autorité palestinienne à Bethléem pendant son pèlerinage en Terre Sainte en l’an 2000, reste le symbole de ce soutien aux Palestiniens et au processus de paix dans la région. Ces bonnes relations entre le musulman Arafat et le souverain pontife avaient permis au Vatican et à l’Autorité palestinienne de conclure un «accord fondamental» en 2000, faisant pendant à celui signé en 1993 entre le Saint-Siège et Israël.
Ce traité international garantit les droits de l’Eglise catholique en territoire palestinien. Ceux-ci sont fondés d’une part sur le respect de la liberté religieuse et de conscience, et d’autre part sur l’égalité entre tous les citoyens du futur Etat palestinien, indépendamment de leur religion. Malgré tout, ces dernières années, sous l’impulsion du conflit israélo-palestinien, les projets de Constitution palestinienne tendent à accorder une place officielle et prépondérante à la religion musulmane.
Lors des funérailles de Yasser Arafat au Caire, en novembre 2004, le patriarche latin de Jérusalem, originaire de Nazarateh, Mgr Michel Sabbah, représentant le Saint-Siège, avait alors espéré que les nouveaux responsables palestiniens emboîteraient le pas au raïs, en portant «une attention spéciale à la présence chrétienne» dans les Territoires palestiniens.
Moins de cinquante mille chrétiens y vivent dans des conditions extrêmement difficiles, victimes de violences et de discrimination, parmi trois millions de musulmans. Mgr Sabbah avait alors rappelé que l’ancien chef palestinien était intervenu «personnellement pour remettre les choses à leur place et redonner un équilibre dans les relations entre chrétiens et musulmans».
En effet, Yasser Arafat s’était particulièrement opposé à la construction d’une mosquée à Nazareth, à quelques dizaines de mètres de la basilique catholique de l’Annonciation. Cette initiative de fondamentalistes musulmans a été au départ soutenue par les autorités israéliennes, qui ont fini par comprendre le danger de ce genre «d’alliance».
Le Saint-Siège soutient l’existence d’un Etat palestinien aux côtés de l’Etat d’Israël
Benoît XVI n’est pas en reste sur la question de la Terre Sainte. Lors de sa rencontre avec le président israélien, le 17 novembre 2005, les deux hommes ont longuement parlé du conflit israélo-arabe. «Autour de l’actuelle situation en Terre Sainte, avait alors rapporté la Salle de presse du Vatican, il a de nouveau été exposé au président la position du Saint-Siège en faveur de l’existence et de la collaboration entre les deux Etats, israélien et palestinien».
Un soutien aux Palestiniens qui pourrait être perçu dans l’incident diplomatique intervenu entre le Saint-Siège et l’Etat d’Israël en juillet dernier. Le gouvernement israélien avait alors reproché à Benoît XVI de ne pas avoir mentionné son pays parmi les Etats victimes du terrorisme, dans la condamnation qu’il en avait faite lors de la prière de l’angélus du 24 juillet. Israël avait été frappé le 12 juillet par un attentat palestinien.
Un membre du ministère des Affaires étrangères israélien, Nimrod Barkan avait alors publiquement critiqué le Saint-Siège pour son soi-disant «silence permanent» sur les attentats en Terre Sainte.
Ces critiques avaient suscité à deux reprises la réaction du Vatican, son porte-parole réfutant toutes ces accusations visant aussi Jean Paul II. Dans une note diplomatique, particulièrement ferme, du 28 juillet, le Saint-Siège avait ensuite rappelé qu’il n’avait de leçon à recevoir de personne et qu’il n’avait «pas toujours été possible de publier une condamnation pour chaque attentat contre Israël et ceci pour différentes raisons, entre autres du fait que les attentats étaient immédiatement suivis de réactions israéliennes pas toujours conformes aux normes du droit international». JB/HY
Encadré
Mahmoud Abbas est né à Safed, en Galilée
Né en 1935 à Safed, en Galilée (aujourd’hui en Israël), Mahmoud Abbas a étudié à Damas et Moscou. Il est, avec Yasser Arafat et Farouk Kaddoumi (Abou Loutof), un des derniers pères fondateurs du Fatah, le mouvement de résistance palestinienne. En 1980, il devient membre du Comité exécutif de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) et est désigné responsable du département des Relations nationales (c’est-à-dire arabes, ndlr) en 1984. Rentré en Palestine en juillet 1995, il est depuis le Secrétaire général de l’OLP et nommé premier ministre en 2003, avant de démissionner.
Tout au long des années 70, il joue un rôle de pionnier en encourageant les contacts entre l’OLP et des milieux de gauche israéliens. Ces positions pragmatiques lui ont causés de nombreux problèmes avec la tendance dure des mouvements de résistance palestiniens. Dès le début des années 90, il devient officiellement un des concepteurs de la stratégie de négociations de l’OLP avec Israël. On estime qu’il avait alors une large influence sur Yasser Arafat.
Depuis le début de la seconde intifada, la révolte palestinienne contre l’occupation, Mahmoud Abbas a demandé l’arrêt des attaques contre des cibles israéliennes pour éviter de donner à Israël des prétextes pour sa campagne armée contre l’autonomie palestinienne. A la suite de la mort de Yasser Arafat, le 11 novembre 2004, Mahmoud Abbas a été élu victorieusement (62,32%) à la tête de l’Autorité nationale palestinienne pour 5 ans, le 9 janvier 2005. (apic/imedia/hy/be)