Des références en matière de liturgie
Rome: Le Vatican publie les chants sacrés des maîtres de choeur de la chapelle Sixtine
Rome, 12 mars 2004 (Apic) La librairie éditrice du Vatican a inauguré une nouvelle collection de recueils de partitions, «Liturgia Poliphonia», dans laquelle seront publiés les chants contemporains du choeur de la chapelle Sixtine. Ces chants sont considérés comme des références en matière liturgique.
Ces chants sont considérés comme une référence pour «l’Eglise dans sa mission de promotion des formes et des modalités adaptées à favoriser le chant liturgique», peut-on lire dans la préface du premier fascicule, écrite par Mgr Piero Marini, maître des célébrations liturgiques pontificales. Le premier volume est disponible depuis mars 2004.
Afin de valoriser la production musicale actuelle et future de la Chapelle pontificale – les choeurs de la Sixtine sont ainsi nommés car c’est la seule institution musicale qui soit directement attachée à la personne du pape -, les oeuvres de ces maîtres de choeur, seront désormais rendues accessibles au grand public.
«Les directeurs de la Chapelle pontificale, authentiques croyants et authentiques musiciens, ont toujours offert un aperçu de leur spiritualité et de leurs compétences musicales», écrit Mgr Marini.
Le premier volume est donc dédié aux compositions de l’actuel maître de chant et directeur des choeurs de la Chapelle pontificale, Mgr Giuseppe Liberto, qui occupe cette charge perpétuelle depuis le 29 mai 1999. Il contient sept motets de chants «a capella», sous le titre de «Crux Gloria».
Dans ses compositions, Giuseppe Liberto «tient compte du développement du langage musical au 20e siècle» sans pour autant s’abandonner à des expérimentations trop avancées, estime Mgr Piero Marini. «Le maître de chant du pape ne perd pas de vue la fonction liturgique de ses oeuvres», poursuit le prélat italien. Mgr Liberto se réfère à l’esprit du Concile Vatican II et plus particulièrement à la constitution «Sacrosanctum Concilium», dans laquelle il est stipulé «que les mélodies doivent avoir les caractéristiques de la vraie musique sacrée et pouvoir être chantées dans le plus grand nombre de «Scholae cantorum», mais aussi convenir aux écoles de moindre importance et favoriser la participation active des fidèles». Les piliers de la musique au Vatican demeurent le chant grégorien et la polyphonie.
Pas une petite affaire
La question musicale au Vatican n’est pas une petite affaire. Les tensions entre les tenants de la musique sacrée sur rite antique en latin et ceux plus favorables à une réforme progressive du chant ne vont pas sans soulever des polémiques. Pour Jean Paul II, «c’est par le seul chant grégorien et l’orgue que la musique liturgique pourra assumer dignement son rôle dans le contexte des célébrations, des sacrements et de façon particulière lors de la messe». C’est ce qu’il avait déclaré le 19 janvier 2001, lors du 90e anniversaire de l’Institut pontifical de musique sacré, conservatoire des traditions musicales du Saint-Siège.
Pour le maître des célébrations liturgiques pontificales, «les motets sont l’expression polyphonique qui, depuis toujours, a été l’une des formes les plus harmonieuses pour faire resplendir les valeurs spirituelles de la liturgie». Ceux de la Chapelle Sixtine «par leur qualité technique, leur fine harmonie et leur remarquable sensibilité musicale dues non seulement à un patient travail de préparation technique, mais aussi à une profonde formation liturgique et spirituelle», sont, aux yeux de Mgr Marini, une référence pour tous.
Chefs de choeurs célèbres
Les messes de Jean Paul II sont de grands rendez-vous populaires, où les polyphonies du 15e siècle et du Moyen-Age n’ont pas vraiment leur place. Résultat, pour que les fidèles puissent chanter lors des offices et participer pleinement à la cérémonie, les choeurs de la chapelle Sixtine n’exécutent que de brefs motets polyphoniques ou des fragments de chants grégoriens. La chapelle pontificale n’interprète que rarement les grands Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus, Agnus dei, lors de concerts ou durant certaines célébrations dans la basilique Saint-Pierre.
Le remplacement du maître de choeur Domenico Bertolucci en 1997, qui dirigeait la Chapelle pontificale depuis 1956, avait déclenché la crainte de voir se perdre la tradition de la musique polyphonique de la Chapelle pontificale.
Des chefs de choeurs célèbres se sont succédés à la tête de la Chapelle pontificale, Palestrina (1525-1594), Cristobal Morales (espagnol, 1500-1553), Lorenzo Perosi (sous Léon XIII), pour n’en citer que quelques uns. Les oeuvres qu’ils ont composées pour le service du pape n’ont bien souvent été exécutées qu’à l’occasion de la cérémonie pour laquelle elles avaient été écrites. Les partitions étaient ensuite déposées dans les archives et restaient à la disposition de la Chapelle pontificale. Cependant, certains maîtres ont publié par eux-mêmes plusieurs de leurs partitions.
Eviter les oubliettes de l’histoire
Le travail de publication aujourd’hui initié, devrait permettre aux oeuvres de l’actuel chef de choeur et de ses successeurs de ne pas tomber dans les oubliettes de l’histoire de la musique, de demeurer des références accessibles à tout compositeur de musique sacrée et de conserver et fixer la tradition polyphonique de l’Eglise.
Les choeurs de la Chapelle Sixtine comptent 17 chanteurs adultes, un choeur de 25 enfants (les Pueri Cantores), et une école de chant qui veille au strict apprentissage des règles de la musique sacrée. La Chapelle dépend directement de la Préfecture de la maison pontificale. Réformée par Jean XXIII, elle exécute ses oeuvres lors des cérémonies pontificales et cardinalices. Traditionnellement, la Chapelle pontificale chante sans aucun accompagnement instrumental, pas même l’orgue, parce qu’elle veut être l’image terrestre du groupe d’anges qui entourent le trône de Dieu pour chanter ses louanges. (apic/imedia/pr)