Le désarroi d’une jeunesse désabusée sans avenir en Afrique
Rome: Lendemain des JMJ, un quart des jeunes Sénégalais restés illégalement à Rome
Rome, 25 septembre 2000 (APIC) Au lendemain des JMJ, les Journées Mondiales de la Jeunesse qui ont vu en août dernier quelque 2 millions de personnes déferler sur Rome, on constate qu’un quart des jeunes Sénégalais et près de la moitié des Zambiens se sont volatilisés dans les environs de Rome et sont restés illégalement en Italie.
Selon l’agence d’information vaticane FIDES, de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, 60 des 232 Sénégalais et 45 des 102 Zambiens ne sont pas rentrés chez eux à la fin des célébrations avec leur groupe de pèlerins après l’événement des JMJ, du 15 au 20 août. Ils ont choisi de rester en Italie «dans la clandestinité», selon les organisateurs, puisque leurs passeports ont été ramenés à Dakar.
Une situation que beaucoup de gens déplorent au Sénégal à commencer par la presse nationale. L’abbé Alphonse Seck, directeur national des œuvres catholiques et de l’apostolat des laïcs au Sénégal, qui a accompagné les jeunes à Rome, souligne que cette situation doit faire réfléchir le monde et les gouvernants africains, «parce qu’elle traduit le désarroi d’une jeunesse africaine désabusée et sans avenir en Afrique».
L’Afrique réclame les JMJ
D’autre part, l’Afrique, et le Sénégal en particulier, se sont offusqués du fait qu’aucun pays africains n’a été choisi pour accueillir le prochain rassemblement mondial de la jeunesse chrétienne. Les jeunes sénégalais ont promis de faire parvenir un message aux jeunes des autres pays africains pour leur demander de soutenir leur action en vue de la candidature de l’Afrique pour l’organisation des prochaines Journées Mondiales de la Jeunesse sur le continent africain. Les prochaines JMJ se tiendront en 2002 à Toronto, au Canada.
L’abbé Alphonse Seck a toutefois fait remarquer que «le continent africain ne dispose pas encore des ressources humaines, logistiques et financières nécessaires à l’organisation d’un événement d’une telle ampleur». Il a cependant souligné que «ce serait une bonne chose que les jeunes du monde entier viennent en Afrique pour se rendre compte des réalités d’un continent éprouvé par la pauvreté, l’urgence sanitaire, les guerres civiles… «.
Le miroir du malaise qui frappe la jeunesse africaine
Certes, a reconnu l’abbé Alphonse Seck, les jeunes sénégalais sont rentrés des Journées Mondiales de la Jeunesse enrichis de la rencontre d’autres cultures, renouvelés dans leur foi et enthousiastes de la connaissance d’autres jeunes du monde entier. Mais qu’un quart d’entre eux aient choisi la clandestinité en Italie fait que les JMJ se sont aussi faites inconsciemment le miroir du malaise de la jeunesse sénégalaise en manque d’avenir, relève pour sa part l’agence FIDES.
Le Sénégal a en effet un taux de chômage de 25%, tandis que l’espérance de vie y est de 51 ans et la mortalité infantile s’élève à 7,4% (12,9% pour les enfants en dessous de 5 ans). Il y a un médecin pour 16’667 habitants et seulement 63% de la population a accès à l’eau potable. Le Sénégal est confronté depuis 1980 au problème de la guérilla autonomiste dans la région de la Casamance. (apic/fides/be)