Sur l’arrivée au pouvoir des totalitarismes, la guerre d’Espagne.
Rome: Les archives du pontificat de Pie XI (1922-1939) sont ouvertes aux chercheurs
Rome, 19 septembre 2006 (Apic) L’ensemble des archives du pontificat de Pie XI (6 février 1922 – 10 février 1939) sont désormais accessibles aux chercheurs. Cette décision de Benoît XVI, rendue publique le 30 juin 2006 par le Bureau de presse du Saint-Siège, est effective depuis lundi 18 septembre 2006, avec la réouverture des archives du Vatican, après la pause estivale. Le Comité pontifical pour les sciences historiques s’était déclaré favorable à cette ouverture.
«Une telle ouverture était déjà souhaitée par le regretté pontife Jean Paul II», ont expliqué Mgr Sergio Pagano, préfet des Archives secrètes vaticanes, et par Mgr Marcel Chappin, responsable des Archives historiques de la Secrétairerie d’Etat (»Affaires étrangères», ndlr). Le but est de rendre disponible à la recherche historique, dans la limite des règlements en vigueur, différentes séries des Archives du Saint-Siège et principalement des Archives secrètes vaticanes et des Archives de la seconde section de la Secrétairerie d’Etat.
L’ensemble des documents est consultable dans les salles de travail des Archives secrètes vaticanes. L’ouverture des archives du pontificat du Pie XI permettra d’aborder des questions historiques et politiques importantes, comme l’arrivée au pouvoir des totalitarismes en Europe, la guerre d’Espagne, l’Action française, la montée du nazisme, les débuts de la dictature hitlérienne et de la Seconde Guerre mondiale.
Accès plus aisé aux archives réclamé
En juillet 2001, un groupe d’experts catholiques et juifs travaillant sur la période de la dernière guerre avait suspendu ses travaux. Ils réclamaient un accès plus aisé aux archives vaticanes. Dans une déclaration du 24 août 2001, le cardinal Walter Kasper, président de la Commission pour les rapports religieux avec les juifs, appuyait cette demande. Ainsi, en février 2002, Jean Paul II ouvrait une partie des fonds concernant l’Allemagne pour la période 1922-1939.
«Toutes les archives jusqu’à 1939 seront accessibles dans les premiers mois de 2006 et la prochaine ouverture concernera le pontificat de Pie XII jusqu’en 1958», avait expliqué Mgr Pagano, le 14 janvier 2005, pour répondre aux polémiques autour de l’attitude du pape et du Saint-Siège durant la Seconde Guerre mondiale et la Shoah.
Aucune crainte de bouleversement historiographique
Cependant, le personnel limité et le long travail que demande la communication de fonds d’archives au public ne permettent pas de dire que la consultation globale des documents concernant le pontificat de Pie XII soit proche», avait-il déclaré. «Pour autant, comme pour tous les autres fonds ouverts aux chercheurs, nous n’avons aucune crainte de bouleversement historiographique».
Le Saint-Siège n’est pas favorable à une ouverture des archives trop contemporaines. Dans de nombreux pays, la législation fixe l’ouverture des archives à un minimum de 50 ans après la fin des faits et à un maximum de 100 ans pour les documents les plus «réservés».
Depuis leur ouverture aux chercheurs en 1881 par le pape Léon XIII (1878-1903), les Archives secrètes du Vatican ont multiplié leur volume de documentation par 15. Elles sont passées de cinq kilomètres de rayonnages à plus de 80. Les fonds d’archives s’enrichissent sans cesse.
Ainsi, en six ans, 10 millions de documents y sont entrés pour y être conservés. Aujourd’hui, on peut évaluer à plus de deux millions le nombre de boîtes conservant chacune plusieurs centaines de lettres, de notes administratives et rapports dactylographiés ou manuscrits. Les documents ne peuvent être consultés publiquement qu’une fois inventoriés, numérotés, tamponnés aux armes des archives – pour éviter les vols – et enfin reliés. Ainsi, des documents de fonds diplomatiques des 15e et 16e siècles n’ont pas encore pu être inventoriés.
Jean Paul II, par un «Motu proprio», avait réformé le fonctionnement des archives du Vatican, le 21 mars 2005. Cette loi a renforcé le rôle des Archives secrètes du Vatican en tant qu’archives centrales – des fonds de différents dicastères étaient jusqu’à présent autonomes – dans la gestion de l’ensemble des archives du Saint-Siège. Une «Commission centrale pour les archives du Saint-Siège» a été créée.
L’objectif de Jean Paul II était de répondre aux progrès de l’archivistique appliqués dans les administrations publiques et privées de par le monde. Ainsi, les archives de la Secrétairerie d’Etat, des Congrégations pour la doctrine de la foi et pour l’évangélisation des peuples, de la Pénitencerie apostolique, de la Fabrique de Saint-Pierre et du Gouvernorat de la Cité du Vatican, sont passées, entre autres, sous le contrôle des Archives secrètes vaticanes.
Certains documents gardent un caractère «réservé et secret»
L’article 39 de cette loi stipule – ce qui est valable dans n’importe quel Etat – que, certains documents «de par leur nature ont un caractère réservé et secret et sont exclus de la consultation» (sauf dérogation), même lorsque la période qu’ils couvrent est ouverte à la consultation. Sont concernés, outre «les documents indiqués par la Secrétairerie d’Etat», «les actes des conclaves, les ’spoglio’ – documents privés, ndlr – des papes et des cardinaux, les procès épiscopaux, les documents de for interne, les dossiers relatifs au personnel du Saint-Siège et de l’Etat de la Cité du Vatican et les causes de mariage».
40 à 50 chercheurs travaillent quotidiennement aux archives, en particulier sur les documents des périodes médiévales et modernes. En 1999, année record, 1444 personnes sont venues consulter les Archives secrètes. Toute personne titulaire d’un titre de troisième cycle universitaire peut demander à consulter les Archives secrètes du Vatican, si ses recherches scientifiques le justifient.
Les Archives secrètes du Vatican se nomment ainsi car ce sont les archives privées du pape. Seul le pape dirige les archives, en fixe les normes, ce qui concerne aussi la date d’ouverture des fonds. En ce domaine, Jean Paul II avait «surpassé» ses prédécesseurs. Depuis 1978, il avait ordonné l’ouverture des archives de quatre pontificats, celui de Léon XIII (1878-1903), de Pie X (1903-1914), de Benoît XV (1914-1922) et de Pie XI (1922-1939). (apic/imedia/hy/be)