L’enquête n’est cependant pas terminée
Rome: Les autopsies le confirment, Cédric Tornay a abattu Aloïs Estermann et son épouse
Rome, 6 mai 1998 (APIC) Le caporal Cédric Tornay s’est bel et bien donné la mort après avoir abattu le commandant Aloïs Estermann et son épouse Gladys. Les autopsies le confirment, a assuré mercredi après-midi Joaquin Navarro Vals, porte-parole du Saint-Siège, au cours d’une conférence de presse .
Selon lui, les conclusions des autopsies du commandant de la Garde Suisse, Alois Estermann, de sa femme Gladys Meza Romero, et du caporal de la Garde, Cédric Tornay, aboutissent à la «présomption fondamentale» que celui-ci a tué le commandant et sa femme avec son arme de service avant de se suicider. Les funérailles du couple et du jeune valaisan Tornay auront lieu séparément.
Le pape Jean Paul II s’est rendu mercredi matin dans la chapelle ardente où reposent les trois corps, dans la chapelle de la Garde Suisse. Il s’est agenouillé et s’est recueilli quelques instants en silence devant les cercueils encore ouverts, a commenté le directeur de la salle du presse du Saint-Siège.
Lors d’une conférence de presse, Navarro Valls a communiqué les conclusions de l’autopsie effectuée par les professeurs Piero Fucci et Giovanni Arcudi, médecins légistes attachés aux services sanitaires de l’Etat de la Cité du Vatican, à la demande du Juge unique du Vatican Gian Luigi Marrone, chargé de l’enquête.
Mort sur le coup
Selon le rapport d’autopsie, le commandant Estermann est mort sur le coup, frappé par deux projectiles d’arme à feu. L’un d’eux l’a atteint à la joue gauche et est allé se loger dans la moelle épinière. L’autre l’a frappé à l’épaule gauche puis a ricoché pour revenir se loger dans la nuque.
Son épouse, Gladys Estermann, a été frappée par une seule balle à l’épaule gauche qui est allée se loger dans la colonne vertébrale.
Cédric Tornay a été frappé par un coup de feu tiré dans la bouche qui lui a traversé la tête.
Ce constat confirme l’hypothèse initiale du double meurtre suivi d’un suicide, émise par le Vatican. «Une première reconstitution des faits et les constats résultant de l’autopsie, a déclaré Navarro Valls, établissent une présomption fondamentale selon laquelle le caporal Cédric Tornay, avec son pistolet d’ordonnance, a tiré deux coups de feu contre le commandant Estermann et un coup contre la femme du commandant, avant de se suicidé. On ignore pour l’heure où est passée la cinquième balle, qui manquait dans l’arme de service de Cédric Tornay.
Le porte-parole du Vatican précise que l’enquête judiciaire n’est pas terminée tant que le juge Marrone ne déclarera pas l’affaire archivée. Selon la même source des analyses sont encore «en cours»: analyses de sang (en particulier, tests toxicologiques), empreintes digitales, balistique… Selon le Vatican, ces résultats ne devraient pas modifier substantiellement les conclusions de l’autopsie.
Les funérailles solennelles du commandant Estermann et de sa femme ont eu lieu en la basilique Saint-Pierre mercredi soir à 17 heures. Elles ont été présidées par le cardinal Secrétaire d’Etat, Angelo Sodano.
Quant aux funérailles de Cédric Tornay, elles auront lieu le 7 mai au Vatican, en l’église Sainte-Anne, à une heure non encore établie par sa famille. On ignore cependant où auront lieu les ensevelissements des trois défunts.
Obsèques
Selon le code de droit canon, révisé au lendemain du Concile Vatican II, et promulgué par Jean Paul II en 1983, les obsèques catholiques et la sépulture religieuse ne sont plus refusées aux personnes qui se sont suicidées, contrairement aux dispositions du code précédent qui datait de 1917, a précisé le porte-parole du Vatican.
L’Eglise, a expliqué Navarro Valls, estime en effet que dans certaines formes de suicide la liberté de la personne est «sérieusement atteinte», ce qui modifie «l’imputabilité» de l’acte. Navarro Valls a ajouté, à propos du meurtrier, qu’il est, jusqu’à un certain point, lui aussi une victime. Victime de lui-même.
Pour ce qui est de l’arme de service du caporal Cédric Tornay, Navarro Valls précise qu’il est réglementaire qu’un officier ou un sous-officier de la Garde Suisse ait son arme à sa disposition chez lui.
Enfin, le porte-parole du Vatican affirme que «toutes les informations» dont le Vatican a connaissance ont été communiquées à la presse, à l’exception de la lettre que Cédric Tornay a adressée à sa mère et à ses sœurs. Une lettre remise à un de ses camarades.
Navarro Valls précise que le juge chargé de l’enquête possède une photocopie de cette lettre. Mais il insiste sur le fait que, par «respect pour la famille», elle n’a pas été communiquée à la presse. C’est à la famille, a conclu Navarro Valls, qu’il appartient de déécider de publier ou non cette lettre. (apic/imed/pr)