Nouvelles couleurs pour les statues de l’antiquité

Rome: Les musées du Vatican s’exposent gratuitement

Rome, 16 novembre 2004 (Apic) Les Musées du Vatican ont inauguré, le 16 novembre 2004, une exposition qui propose de rendre leurs couleurs d’origine aux statues grecques et romaines de l’antiquité. Elle s’intitule ’Les couleurs du blanc. Mille ans de couleurs dans la sculpture antique’ et aura lieu du 17 novembre au 31 janvier

Cette exposition ’Les couleurs du blanc. Mille ans de couleurs dans la sculpture antique’, est le fruit de la collaboration des Musées du Vatican, de Munich et de Copenhague et sera ouverte gratuitement au public du 17 novembre 2004 au 31 janvier 2005. «Par cette exposition, nous voulons donner une idée plus réelle de l’art antique. Et libérer les esprits de l’idée courante, partagée depuis des siècles, selon laquelle la sculpture grecque ou romaine de l’antiquité est obligatoirement de couleur blanche», a expliqué Francesco Buranelli, directeur de l’exposition, aux personnes présentes à l’inauguration.

En réalité, «elles ont perdu leurs couleurs», a-t-il poursuivi, démontrant que l’étude de l’art antique avait jusqu’à présent été influencée par les conceptions néoclassiques – forme d’art imitées ou renouvelées de l’antiquité classique – qui faisaient du marbre blanc le fondement de la beauté dans l’art ancien. «Cette exposition constitue une petite révolution dans la façon de considérer l’art antique, car elle va à l’encontre de notre perception de ces statues, d’un blanc marmoréen immaculé, symbole de la beauté idéale».

Si les cathédrales médiévales étaient peintes, les statues de l’antiquité aussi. Elles ont perdu leur polychromie avec le temps. «Jusqu’à la fin du 19e siècle les spécialistes avaient bien noté que ces statues avaient des marques de peinture. En outre, des oeuvres ayant conservé leurs couleurs avaient été découvertes, mais le goût de l’époque en a très peu tenu compte», a par ailleurs déclaré le commissaire de l’exposition. «Pour le grand public, c’est une grande nouveauté, très surprenante».

Passer les statues au rayon ultraviolet

Redonner leurs couleurs d’origine aux statues antiques est le fruit d’un travail d’une vingtaine d’années, mené par des archéologues et des spécialistes. Il a fallu passer ces statues aux rayons ultraviolets, retrouver des fragments de piquements, afin de tenter de reconstituer, au moins théoriquement, la polychromie originale de ces statues et connaître les techniques de peinture.

«Ce sont des artisans spécialisés qui peignaient les statues, de véritables professionnels qui travaillaient selon des techniques que nous connaissons plus», a expliqué à l’Apic à Rome Emmanuelle Rosso, jeune spécialiste française de la statuaire impériale de l’époque romaine. «Le choix des couleurs pour la peau et les cheveux est plus ou moins réaliste, mais ce travail est extrêmement intéressant, car les sources écrites n’apportent aucun détail sur la physionomie des empereurs romains. Par exemple, les livres ne nous disent pas s’ils avaient des yeux bleus et des cheveux noirs», a-t-elle précisé.

OEuvres originales

«Nos goûts et nos habitudes en matière de couleurs sont bien différents de ceux des Romains et des Grecs de l’antiquité», a poursuivi Francesco Buranelli, mais ce travail permet aussi de comprendre comment les couleurs pouvaient influencer la perception d’une statue par un homme de l’antiquité». «C’est presque un message publicitaire», a-t-il renchéri, expliquant par exemple que le rouge était la couleur des empereurs, ce qui permettait à un citoyen romain de repérer de loin une représentation de son souverain.

Ainsi, on peut voir au fil de l’exposition itinérante – elle a déjà été présentée à Copenhague et Munich – des oeuvres originales du 6e siècle avant J-C au 5e siècle après J-C, en particulier une statue en marbre de l’empereur Auguste (dite de la Prima Porta) des collections du Vatican, exposée à côté de sa copie polychrome, rouge et bleue. (apic/imedia/hy/vb)

16 novembre 2004 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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