Les chrétiens étaient plus en sécurité sous Saddam Hussein
Rome: Malgré une situation tendue en Irak, le Saint-Siège poursuit le dialogue avec l’islam
Rome, 3 septembre 2003 (Apic) «Le dialogue avec les musulmans n’est pas mort», a affirmé le 3 septembre à l’Apic Mgr Michael Fitzgerald, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. Même si tension monte dans le monde musulman et en particulier en Irak, le prélat estime que l’Eglise doit renforcer le dialogue avec les partis modérés de l’islam.
«Paradoxalement, les chrétiens se sentaient plus en sécurité à l’époque de Saddam Hussein», soutient le prélat. Quatre mois après la fin de la guerre en Irak, Mgr Fitzgerald dresse un tableau négatif de la situation des chrétiens dans le pays. «Nous sommes très inquiets», confie-t- il, faisant particulièrement allusion à la montée d’un islamisme extrémiste depuis la chute du Rais, alors que la coalition anglo-américaine tente difficilement d’instaurer un nouveau gouvernement.
Cependant, pour le président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, l’Eglise sur place «doit continuer à faire entendre sa voix». Selon lui, le fait que le nonce apostolique à Bagdad soit resté en Irak pendant toute la durée du dernier conflit, «a été très apprécié des musulmans» et peut servir de base au dialogue dans ce pays. Toutefois, le prélat insiste pour que l’Eglise «serve le monde, même si ce n’est pas facile en ce moment». Par mesure de prudence, il demande notamment aux chrétiens d’Irak de ne pas «se montrer trop proche de la coalition», afin d’éviter une recrudescence de la violence à leur égard.
Selon lui, les paroles de Jean Paul II prononcées durant ses 25 ans de pontificat dans ce domaine «ont eu leur poids», malgré les apparences d’un échec. «Je crois que le dialogue n’est pas mort. Les musulmans sentent le besoin de rectifier ce qui fait offense à leur foi. Notre objectif est de soutenir ces voix plus modérées en évitant les préjugés». AS
Encadré 1:
Message de Jean Paul II aux fidèles des religions du monde
Le 2 septembre, Jean-Paul II a envoyé un message en Irak, à l’occasion de l’enterrement de l’ayatollah Mohammad Baqer Hakim, le chef de la principale faction chiite irakienne, tué le 29 août dans un attentat à Najaf, et où ont péri une centaine de personnes. Dans ce message, le pape condamne «toutes les formes de violence et d’effusion de sang, renouvelant son appel à tous les fidèles des religions du monde (.) afin qu’ils rejettent tout type d’agression et travaillent ensemble pour entrer dans une ère de paix et de justice». AS
Encadré 2 :
Demande de Violet Aziz au pape pour appuyer la libération de son mari
Concernant l’appel lancé au pape par la femme de l’ancien premier ministre irakien Tarek Aziz, Mgr Michael Fitzgerald affirme simplement que «beaucoup de choses doivent se faire dans la discrétion». Dans une interview diffusée le 2 septembre par «La Reppublica», Violet Aziz affirme qu’elle a écrit il y a un mois à Jean Paul II pour lui demander de l’appuyer dans ses démarches visant à libérer son mari, d’origine chrétienne. «Je ne l’ai pas fait parce que Tarek est chrétien, mais parce que le pape le connaît et sait qu’il ne mérite pas d’être en prison», a-t-elle dit. Son mari a été arrêté par les Américains en avril dernier, accusé d’avoir collaboré aux crimes perpétrés par Saddam Hussein.
(apic/imedia/bb)