Rome: Mgr Angelo Amato appelle au boycott du film ’Da Vinci code’
«Plein de calomnies, d’offenses et d’erreurs»
Rome, 28 avril 2006 (Apic) Mgr Angelo Amato, secrétaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a appelé au boycott du film tiré du roman à succès ’Da Vinci code’ qui s’apprête à sortir au cinéma dans le monde entier. Il le trouve «plein de calomnies, d’offenses, et d’erreurs historiques et théologiques».
Le 28 avril, le religieux salésien intervenait sur ’la présentation du magistère de l’Eglise dans le monde des médias’ lors d’un séminaire sur la communication dans l’Eglise organisé à l’université romaine de la Santa-Croce tenue par l’Opus Dei.
«J’espère que vous tous vous le boycotterez», a ainsi lancé le ’numéro deux’ de la Congrégation pour la doctrine de la foi à propos du film tiré du livre à succès de l’Américain Dan Brown, dont la sortie mondiale est prévue le 19 mai. Mgr Amato a regretté «l’extrême pauvreté culturelle d’une bonne partie des chrétiens qui, souvent, ne savent pas donner les raisons de leur propre espérance». Selon lui, c’est elle qui explique «l’étrange succès d’un roman opiniâtrement antichrétien comme le Da Vinci code – que j’ai lu – plein de calomnies, d’offenses et d’erreurs historiques et théologiques concernant Jésus, les Evangiles et de l’Eglise».
«Ces calomnies, ces offenses et ces erreurs, a ajouté le haut prélat, si elles avaient concerné le Coran ou la Shoah auraient justement provoqué un soulèvement mondial, mais adressées à l’Eglise et aux chrétiens, elles demeurent impunies». Mgr Amato a estimé que «dans de tels cas, les chrétiens devraient être plus sensibles au refus du mensonge et de la diffamation gratuite». Mgr Angelo Amato s’est ensuite souvenu que, lors de sa projection en 1988, le film «La dernière tentation du Christ» de Martin Scorsese fut boycotté et fit alors les frais d’un «échec économique mérité». Il a qualifié ce film d’»extrêmement ennuyeux (.) et historiquement faux».
La faible pensée de la culture post-moderne
«Aujourd’hui, la communication de l’Evangile n’est pas seulement empêchée par de réelles persécutions – dans le monde il y a encore des chrétiens auxquels la liberté de professer leur propre foi est niée sous peine d’être emprisonnés ou tués – mais surtout par la faible pensée de la culture post-moderne qui refuse la pensée forte de la révélation chrétienne», a encore déclaré Mgr Amato. Et de dénoncer «le lourd climat de la culture nihiliste, relativiste et biotechnologique».
Le secrétaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi a regretté qu’il «semble souvent que nous vivions aujourd’hui dans une espèce de réalité virtuelle qui ne correspond pas à la vérité et à l’évidence des choses, mais qui est produite dans la cabine de simulation des faiseurs d’opinion et des mass medias». Il a dénoncé en ce sens «les manipulations des personnes, des événements et de l’histoire».
Dominus Iesus: réactions incontrôlées
Prenant l’exemple de la Déclaration Dominus Iesus publiée par son dicastère en septembre 2000 sur «l’unicité et l’universalité salvifique du Christ et de l’Eglise», Mgr Amato a noté les «réactions incontrôlées» et les «polémiques» qu’elle avait alors suscitées. Selon lui, «face à un document théologique bref mais dense et articulé, les moyens de communication n’avaient pas saisi la thématique évangélique centrale mais mis l’accent sur quelques affirmations et sujets oecuméniques dont l’impact polémique était assuré».
Prenant d’autres exemples, Mgr Amato a ensuite regretté les tentatives de «falsification» et de «réduction» opérées par les journalistes lors de la sortie de textes du Saint-Siège. Il s’est alors demandé s’il était opportun de donner ces documents à la presse avant de les communiquer à l’Eglise entière. Le ’numéro deux’ de la Congrégation pour la doctrine de la foi a aussi parlé de L’Evangile de Judas, un manuscrit découvert dans les années 70, récemment traduit du copte et présenté aux Etats-Unis. Selon Mgr Amato, «la presse catholique ne peut se borner à donner la nouvelle» mais doit aussi offrir aux lecteurs des éléments pour comprendre qu’il s’agit d’un évangile apocryphe, connu des Pères de l’Eglise», mais qui donnait «un faux compte-rendu de la figure de Judas, qui ne correspond pas à la réalité des faits».
L’Evangile de Judas donne une présentation de la relation entre Jésus et Judas très différente de celle qui se trouve dans les textes du Nouveau Testament. Il le montre non pas comme un traître, mais comme l’apôtre le plus proche de Jésus, le seul qui aurait vraiment compris son message. Le Christ lui aurait demandé de le trahir afin de se débarrasser de son enveloppe charnelle.
Le 14 avril dernier, lors de la célébration de la Passion dans la basilique Saint-Pierre, le prédicateur de la Maison pontificale, le Père Raniero Cantalamessa, s’en était pris avec force aux écrits ’pseudo historiques’ sur Jésus-Christ. Le capucin avait alors attaqué, sans le nommer, le film Da Vinci code qui s’apprête à sortir en salles, ainsi que le texte de L’Evangile de Judas. (apic/imedia/ami/bb)