Rome: Première béatification d’un couple dans l’histoire de l’Eglise catholique
Rome, 18 octobre 2001 (APIC) Pour la première fois dans l’histoire de l’Eglise catholique, le pape Jean Paul II procédera dimanche 21 octobre Place Saint-Pierre à Rome à la béatification d’un couple marié: les époux italiens Luigi et Maria Beltrame Quattrochi. La Congrégation pour la cause des saints a par ailleurs exceptionnellement reconnu un seul miracle intervenu par l’intercession des deux serviteurs de Dieu.
Maria Corsini et Luigi Beltrame sont respectivement nés à Florence le 24 juin 1884 et à Catania le 12 janvier 1880. Ils se sont connus à Rome dans les dernières années du XIXème siècle et se sont mariés dans la basilique de Sainte-Marie-Majeure le 25 novembre 1905. Maria se charge des trois premiers enfants qui leur arrivent dans les quatre premières années du mariage et du soin des parents et grands-parents vivant chez eux. Luigi, pour sa part est un avocat d’Etat consciencieux et renommé avec une brillante carrière devant lui. Chaque matin, ils se rendent ensemble à la messe et, soutenus par le père franciscain Pellegrino Paoli, qui deviendra leur père spirituel puis celui de toute la famille, ils élèvent leurs enfants dans la foi. Trois deviendront religieux : Filippo – aujourd’hui Don Tarcisio, prêtre diocésain pour Rome -, Cesare aujourd’hui Père Paolino, moine trappiste – et Stefania, Mère Cecilia, moniale bénédictine de Milan, décédée en 1993.
En 1913, Maria est de nouveau enceinte, mais les médecins lui annoncent qu’elle ne survivra pas si elle garde l’enfant qui, selon eux, n’a aucune chance de vivre. Avec son mari, elle décide alors de renoncer à l’avortement et de se confier totalement à la Providence. Malgré une grossesse difficile et une forte pression médicale, Enrichetta naît et Maria reste sauve. Cet épisode sera pour eux, l’occasion d’une nouvelle ascension spirituelle. Enrichetta qui ne s’est pas mariée à choisi la voie d’une consécration laïque.
La famille Beltrame Quattrocchi est particulièrement connue pour son engagement dans différents mouvements catholiques italiens et Luigi appuie ouvertement le Parti populaire naissant. Ils fondent ensemble des mouvements de jeunes dans les quartiers défavorisés de Rome. Durant la guerre d’Ethiopie et la seconde Guerre mondiale, Maria s’engage comme infirmière volontaire de la Croix Rouge. Luigi meurt en novembre 1951 et Maria, après 14 années de veuvage, en août 1965.
Evangile familial
Pour le cardinal José Saraiva Martins, préfet de la congrégation pour la cause des saints, «la vie matrimoniale de Luigi et Maria Beltrame Quattrochi constitue une sorte d’évangile familial. Ils ont su vivre saintement leur devoir d’époux, de père et de mère dans un intense et vivifiant rapport entre la foi et le sacrement du mariage. Depuis une dizaine d’années, poursuit-il dans «l’Osservatore Romano», s’est développée la conscience que la famille chrétienne est, non seulement l’objet des soins pastoraux, mais encore plus un sujet protagoniste dans la vie de l’Eglise».
Le cardinal Saraiva Martins affirme encore que l’on ne peut «distinguer leur expérience de sainteté vécue intimement à deux, dans une parfaite communion de vue, de sentiments et de coeur». C’est ce que souligne le postulateur de leur cause, le père Paolino Rossi. Interrogé par I’APIC, il a souligné que «leur témoignage lumineux et extraordinaire ne pouvait pas rester caché. Avec cette béatification, l’Eglise montre que la sainteté n’est pas le monopole des consacrés et que les laïcs sont aussi appelés sur cette voie. Il s’agissait, a-t-il poursuivi, d’un couple extrêmement équilibré qui a su joindre une grande attention aux enfants même lorsque les 3 aînés sont entrés dans les ordres, Luigi et Maria sont restés très proches d’eux à une activité professionnelle et des apostolats extérieurs, le tout porté par une intense vie de prière. Ils ont su appliquer l’Evangile au quotidien, de manière cohérente et concrète».
«Il est rare qu’un miracle soit obtenu par l’intercession commune de deux personnes», a-t-il encore ajouté. «Or c’est par l’intercession de Luigi et Maria que Gilberto Grossi a été guéri d’une grave arthrite liée à une inflammation intestinale progressive et provoquant des ulcères cutanés. Alors étudiant en médecine, Gilberto Grossi a fait la connaissance d’un fils de Luigi et Maria et après avoir découvert la spiritualité et la sainteté des époux, a choisi de se confier à leur commune protection. Sa guérison a été reconnue le 21 mai 2001 par la commission des médecins de la Congrégation pour la cause des saints comme étant, «imprévue, complète, durable et inexplicable scientifiquement».
Le commentaire du fils
L’un des deux fils de Luigi et Maria Beltrame Quattrochi, le père Paolino, moine trappiste, a expliqué à l’hebdomadaire italien «Famiglia Cristiana» dans son édition du 17 octobre, que «sans jamais imaginer» que ses parents allaient un jour être proclamé bienheureux dans l’Eglise, il peux «sincèrement affirmer» avoir «toujours perçu l’aspect extra- ordinaire de leur spiritualité». «A la maison, poursuit-il, on a toujours respiré un climat surnaturel, serein, joyeux et jamais bigot. Dans la correspondance que nous avons retrouvé pour ce procès, émerge par ailleurs, toute l’intensité de leur amour». (apic/imed/pr)