Rome: Présentation d’un nouveau document du Vatican sur les médias (170392)
«Aetatis Novae»: Un plaidoyer pour le droit de tous à l’information
Rome, 17 mars(APIC) L’Eglise catholique dispose désormais d’un nouvel instrument de réflexion sur la communication, que Jean Paul II n’hésita pas à
appeler en 1989 «la nouvelle frontière de la mission de l’Eglise». Le Conseil pontifical pour les moyens de communication sociale a en effet présenté mardi 17 mars au Vatican un nouveau document intitulé «Aetatis Novae».
Contrairement à certaines rumeurs suggérant qu’il était en retrait par rapport aux précédents documents du Vatican sur les médias, «Aetatis Novae»
insiste sur le «droit fondamental au dialogue et à l’information au sein de
l’Eglise», un droit indispensable à sa crédibilité et un moyen de réaliser
concrètement son caractère de communion.
Ce nouveau document de 36 pages, actuellement disponible en 7 langues,
est un complément à l’Instruction pastorale «Communio et Progressio» de
1971, actualisée à la lumière des changements technologiques et politiques
qui ont bouleversé le monde à la veille du troisième millénaire. Il a été
présenté par l’archevêque John P. Foley, président du Conseil pour les
moyens de communication sociale, au cours d’une conférence de presse présidée par le cardinal Andrzej Maria Deskur, ancien responsable de ce Conseil.
Ce «supplementum», fruit d’un travail de six ans, conserve les principes
de base de l’Instruction «Communio et Progressio», et contient un utile
rappel du «droit fondamental au dialogue et à l’information au sein de
l’Eglise». Il souligne «la nécessité de continuer à rechercher les moyens
efficaces de favoriser et de protéger ce droit, notamment par une utilisation responsable des moyens de communication». D’ailleurs, le Code de droit
canonique dit également que, tout en manifestant leur obéissance envers les
pasteurs de l’Eglise, les fidèles «ont la liberté de (leur) faire connaître
leurs besoins, surtout spirituels, ainsi que leurs souhaits». (Canon 212.2)
Une question de crédibilité
«Il y a là, estime le document, un moyen de maintenir et de renforcer la
crédibilité et l’efficacité de l’Eglise. Plus fondamentalement encore, ce
peut être un moyen de réaliser concrètement le caractère de communion de
l’Eglise, qui trouve son fondement dans la communion intime de la Trinité
et qui la reflète». «Aetatis Novae» affirme qu’entre les membres de l’Eglise, «il existe une égalité foncière de dignité et de mission qui provient
du baptême (…) Cette égalité s’exprimera dans un partage honnête et respectueux de l’information et des opinions». En cas de désaccord, cependant,
le document du Vatican recommande de ne pas exercer une pression sur l’opinion publique, car ce n’est pas ainsi que l’on peut contribuer à la clarification des problèmes doctrinaux.
Les médias au service d’une nouvelle évangélisation
«Aetatis Novae» souligne que l’utilisation des médias est devenue essentielle à l’évangélisation et à la catéchèse, et «l’Eglise se sentirait coupable devant son Seigneur si elle ne mettait en oeuvre ces puissants moyens
que l’intelligence humaine rend chaque jour plus perfectionnés». Par conséquent, les médias – et le document insiste en particulier sur l’impact de
l’audiovisuel – doivent être des instruments au service du programme de réévangélisation et de nouvelle évangélisation dans le monde contemporain.
Malgré une attitude fondamentalement positive et ouverte face aux médias, – l’Eglise cherche à pénétrer la culture nouvelle créée par les médias et à l’évangéliser – elle en fait également une évaluation critique et
qualifie l’application de la technologie des communications de «demi-bienfait». «Dans la situation actuelle, il arrive que les médias exacerbent les
obstacles invididuels et sociaux qui empêchent la solidarité et le développement intégral de la personne humaine». Et de nommer ces obstacles par
leur nom: sécularisme, consumérisme, matérialisme, déshumanisation, absence
d’intérêt pour les pauvres et les démunis…
«Le droit de communiquer est le droit de tous»
Le document souligne encore le rôle social particulier des médias et déplore, en parlant notamment des structures économiques et politiques, la
monopolisation que certains exercent sur les médias, le non-accès de certains groupes ou classes à ces moyens de communication, la réduction systématique du droit fondamental à l’information dans divers endroits du monde.
«On ne peut accepter que l’exercice de la liberté de communication dépende
de la fortune, de l’éducation ou du pouvoir politique», note encore «Aetatis Novae», qui insiste sur le fait que «le droit de communiquer est le
droit de tous».
Par conséquent, pour concrétiser ce droit, il faut des initiatives de
type national et international, non seulement pour donner aux pauvres et
aux moins puissants l’accès à l’information, mais pour qu’ils puissent également jouer un rôle actif et responsable dans le contenu des médias et la
détermination des structures et des politiques en ce domaine. L’Eglise
estime encore qu’elle doit développer et favoriser ses propres instruments
et programmes catholiques de communication. Ceux-ci comprennent notamment
la presse et les éditeurs catholiques, la radio et la télévision catholiques, ainsi que les divers organismes et personnes actifs dans ce domaine.
«Les communications font partie intégrante de tout plan pastoral», conclut
le document qui souligne l’urgence et la priorité d’un plan pastoral pour
les communications sociales. (apic/be)