Rome: présentation de l’encyclique «Veritatis splendor» (051093)
De la question morale dépend la survie de l’humanité
Rome, 5octobre(APIC) La présentation de l’encyclique «Veritatis splendor»
a donné lieu à Rome à des exposés du cardinal Ratzinger, préfet de la Conggrégation pour la doctrine de la foi, de Mgr Dionigi Tettamanzi, secrétaire
de la Conférence épiscopale italienne et de Mgr James Francis Stattford,
archevêque de Denver.
Le cardinal Ratzinger a mis en lumière les points saillants du document,
notamment l’importance de la foi. Celle-ci est plus qu’une théorie, elle
est un chemin, et c’est déjà ce qui différenciait les chrétiens des païens
dans l’Antiquité.
De la question morale dépend la survie de l’humanité, a ajouté le cardinal. Dans l’uniformité de la civilisation technocratique, les anciennes
certitudes morales ont été détruites en grande partie, la vision technocratique faisant abstraction des valeurs. Devant les certitudes techniques indiscutables, les certitudes morales paraissent fragiles et discutables. Ce
qui encourage le relativisme qui va jusqu’à inclure la Bible, où on ne
trouverait aucun critère moral en dehors du commandement de l’amour de Dieu
et du prochain.
L’encyclique s’élève contre la tendance à tout faire reposer sur la sagesse de l’individu, car l’individualisme poussé à l’extrême détruit les
fondements de la convivialité humaine et menace la dignité de l’homme, a
expliqué le cardinal.
Le retard dans la publication de l’encyclique est dû à l’ampleur de la
consultation engagée avec des théologiens de tous les pays et de tous les
bords. La Commission théologique internationale et les visites ’ad limina’
des évêques ont été les canaux privilégiés de transmission. On avait d’abord envisagé une publication simultanée avec le Catéchisme, a précisé Mgr
Ratzinger. Mais le Catéchisme a eu la primeure, car il présente de façon
positive tout l’édifice de la doctrine morale catholique. Les deux documents ne font donc pas double emploi.
L’encyclique ne canonise aucune école théologique, mais elle tire au
clair les fondements sans lesquels la théologie perdrait son identité. Le
pape n’ôte pas aux théologiens la liberté propre à leur mission, a assuré
le cardinal Ratzinger.
Il y a un danger évident que la liberté risque d’être de nouveau déterminée de l’extérieur et qu’on y substitue une volonté collective, craint le
cardinal. La loi naturelle n’est pas liée à une métaphysique dépassée, pas
plus qu’elle n’est la servante d’un naturalisme ou d’un biologisme d’arrière-garde. Elle s’exprime dans la totalité psychosomatique de la personne,
elle défend ce qui est spécifiquement humain.
On lit dans l’encyclique une passion pour la cause de Dieu et de l’homme, a conclu Mgr Ratzinger. Une importance majeure est en effet accordée au
renouveau de la vie politique et sociale, à la responsabilité des pasteurs
et des théologiens. La question est le choix entre ce qui est bon et ce qui
est commode, entre l’adhésion à une vérité morale au prix de la souffrance
et une fuite qu’on parviendra toujours à justifier.
Existe-il un bien et un mal objectifs?
Lors de la présentation de l’encyclique à Bruxelles, le cardinal Godfried Danneels est revenu pour sa part à l’enjeu fondamental de ce document. Il ne s’agit plus seulement de problèmes de première ligne, mais des
bases mêmes de la morale. La question n’est pas de savoir ce qui est bien
et ce qui est mal, mais bien la suivante: existe-t-il un bien et un mal objectifs?, souligne Mgr Danneels. La question n’est pas: que dit la loi naturelle? Mais y a-t-il une loi naturelle? Elle n’est pas: comment former ma
conscience? Mais la conscience fonde-t-elle la morale ou n’en est-elle que
le témoin; crée-t-elle la morale ou est-elle gardienne de la moralité? La
question n’est plus: quelle est la position du magistère de l’Eglise en
fait de morale? Mais s’agit-il encore d’une autorité impérative ou seulement d’une instance qui suggère des valeurs? (apic/sv/cip/mp)