Rome: Présentation du «Directoire sur la piété populaire et la liturgie»
Discerner les coutumes de piété populaire à encourager
Rome, 9 avril 2002 (APIC) Le «Directoire sur la piété populaire et la liturgie» a été rendu public le 9 avril 2002 au Vatican. Il discerne les coutumes de piété populaire à encourager mais déplore par contre «l’attachement à des modes imparfaits ou erronés de dévotion qui éloignent de la véritable révélation biblique». Quant aux «révélations privées», Rome estime qu’»elles n’appartiennent pas toutes au dépôt de la foi».
Dans ce document de près de 300 pages publié uniquement en italien, la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, auteur de l’ouvrage, propose des normes et des remarques permettant de discerner, parmi les coutumes de piété populaire, celles qui sont à encourager et celles qui sont à harmoniser davantage avec la liturgie de l’Eglise.
Approuvé par Jean Paul II le 14 décembre 2001, ce document avait été annoncé lors de la dernière assemblée plénière de la Congrégation vaticane en septembre 2001 – chargée de tout ce qui concerne la liturgie et le culte dans l’Eglise catholique. A cette occasion, Jean Paul II avait déploré, dans son message, l’existence de liturgies «réduites à une simple réalité esthétique» ou considérées comme simples «instruments à buts pédagogiques ou ?cuméniques».
Destiné avant tout aux évêques et aux prêtres
Dans son introduction, le «Directoire», qui s’adresse surtout aux évêques et aux prêtres de l’Eglise latine de rite romain, insiste sur l’importance de la question de la piété populaire. «On constate des attitudes contrastées, parmi lesquelles l’abandon manifeste et expéditif de formes de piété héritées du passé, laissant des vides pas toujours colmatés», expliquent les auteurs.
Ils déplorent également «l’attachement à des modes imparfaits ou erronés de dévotion qui éloignent de la véritable révélation biblique et sont en concurrence avec l’économie sacramentale» ou encore «les critiques injustifiées à la piété du peuple simplement au nom d’une présumée pureté de la foi». Toutefois, est-il précisé en introduction, «les pieux exercices ne devraient pas présenter de difficultés particulières, car ils ne concernent pas les aspects essentiels de la vie sacramentale».
Le document est ensuite divisé en deux parties. La première, intitulée «lignes émergentes», fournit les éléments nécessaires à une composition harmonieuse entre le culte liturgique et la piété populaire. Pour cela, le document rappelle les enseignements du magistère de l’Eglise, insistant sur leur caractère «indispensable» pour la sauvegarde de la communion ecclésiale et pour «une action profitable» de la piété populaire. Dans cette même partie, la Congrégation pour le culte divin met par ailleurs en garde contre le fait d’oublier ces pratiques. «On arrive alors à une ignorance stérile réciproque, dans une dangereuse confusion ou une polémique d’opposition», précisent les auteurs.
La seconde partie, intitulée «orientations», présente un ensemble de propositions relatives à l’usage des différentes formes de religiosité, sans toutefois prétendre être exhaustive quant aux pratiques de piété existantes dans l’Eglise. Cependant, souligne le document, «le fait de mentionner les différentes expressions de piété populaire ne veut pas dire que là où elles n’existent pas, elles doivent être adoptées». «La dévotion populaire est facultative par rapport aux célébrations liturgiques prévues par l’Eglise».
Dévotion envers les anges, les saints et les bienheureux
Cette partie la plus longue -, expose les différents usages de la piété populaire en suivant l’année liturgique, comme cadre général de leur étude. A chaque période ou fête Avent, Carême, Semaine sainte, dimanche de Pâques -, elle rappelle les principales célébrations prévues en confrontant différents points de la liturgie avec des exemples de piété populaire dans des lieux particuliers. Elle se réfère ensuite à la dévotion envers les anges, les saints et les bienheureux, avant d’évoquer enfin les pèlerinages et les manifestations de piété dans les sanctuaires.
Le document fait ainsi allusion, par exemple, au port des médailles ou des scapulaires, à la vénération des reliques de saints, à la dévotion pour un saint ou un bienheureux particulier, aux différentes formes de dévotion mariale ou encore à des formes pratiques comme les pèlerinages ou l’utilisation de la musique durant les célébrations.
Le chant, une expression naturelle de l’âme
Les auteurs reviennent par ailleurs sur les gestes pouvant apparaître dans certaines formes de piété populaire. Soulignant que dans certains peuples, «le chant est une expression naturelle de l’âme» et qu’il s’associe parfois «instinctivement par le battement des mains», ils précisent que ces formes d’expressions «doivent être de véritables manifestations de prière commune, et pas simplement un spectacle». «Le fait qu’elles soient habituelles dans des lieux déterminés ne signifie pas que l’on doit encourager leur diffusion dans d’autres endroits». Ils font en outre allusion à l’usage d’images sacrées et à leur vénération ou encore aux textes et aux formules utilisées «qui doivent être approuvées par l’évêque du lieu».
Un autre point aborde la question des endroits où ont eu lieu des «révélations privées». «Elles n’appartiennent pas toutes au dépôt de la foi», précise le texte, «même si certaines d’entre elles ont été reconnues par l’Eglise». «Leur rôle n’est pas celui d’améliorer ou de compléter la révélation définitive du Christ, mais d’aider à la vivre plus pleinement dans une époque historique déterminée».
«Les gestes de piété et de dévotion doivent se faire en dehors des célébrations de l’eucharistie et des autres sacrements pour éviter une concurrence», précise enfin le document. Les auteurs mettent ainsi en garde contre une déviation des «pieux exercices», «qui ne doivent pas devenir eux- mêmes des célébrations liturgiques». Pour cela, ils en appellent à la responsabilité des évêques «qui ont la compétence de réglementer, d’encourager ou de purifier ces manifestations». (apic/imedia/be)