Rome: Présentation du message de Carême de Jean Paul II

«Ouvrir les yeux sur la pauvreté d’un grand nombre  »

Rome 18 février 1998 (APIC) Dans son message de carême 1998, le pape Jean-Paul II invite les chrétiens à utiliser ce temps liturgique pour «ouvrir les yeux sur la pauvreté d’un grand nombre». «J’exhorte, ajoute le pape, tout chrétien à rendre visible sa conversion personnelle par un signe concret d’amour à l’égard de ceux qui sont dans le besoin, reconnaissant en eux le visage du Christ (…).»

Publié à une semaine de l’entrée en carême le 25 février, ce message 1998 est une méditation de la phrase de l’Evangile de Mathieu : «Venez les bénis de mon Père, parce que j’étais pauvre, exclu, et que vous m’avez reçu ! «. Le pape dégage deux significations du mot pauvreté : «le manque de moyens matériels suffisants» et, «tout aussi grave», «le manque de nourriture spirituelle».

Une pauvreté qui humilie

La pauvreté matérielle, explique le pape, «qui confine à la misère pour beaucoup de nos frères, constitue un scandale». Elle prend des formes multiples: la privation des moyens de subsistance nécessaires et des soins médicaux indispensables; le manque d’un logement convenable; la mise à l’écart de la société; l’exclusion des chômeurs des cycles de production; la solitude de celui qui ne peut compter sur personne; la condition d’exilé loin de sa patrie ou de victime des conflits; l’absence de famille; la drogue et la violence. «L’homme qui est privé du nécessaire pour vivre est humilié : il y a là un drame face auquel la conscience de celui qui a la possibilité d’intervenir ne peut rester indifférente» rappelle Jean Paul II.

Quant à la pauvreté spirituelle, le pape la définit ainsi : «Cette pauvreté qui affecte l’esprit provoque de très vives souffrances. Nous avons sous les yeux les conséquences, souvent tragiques, d’une existence souvent vidée de son sens. Cette forme de misère se manifeste surtout dans les milieux où l’homme vit dans le bien être, où il est matériellement rassasié mais spirituellement privé de finalité.»

Pour le pape, la réponse à ces pauvretés est «en dernière analyse, la faim de Dieu qui dévore l’homme». «Depuis toujours, note-t-il, l’Eglise combat toutes les formes de pauvreté (…) et le temps du Carême est particulièrement indiqué pour rappeler aux membres de l’Eglise leur engagement en faveur de leurs frères.» La Bible contient des rappels fréquents de la sollicitude à l’égard du pauvre. «Dans les sociétés de l’opulence et dans un monde toujours plus marqué par un matérialisme pratique qui envahit tous les domaines de la vie, nous ne pouvons oublier les paroles fortes par lesquelles le Christ admoneste les riches.(…) L’accueil du pauvre est le signe de la vérité de l’amour pour le Christ (…)».

Une pauvreté bénie de Dieu

Mais, «s’ouvrir aux nécessités du frère implique un accueil sincère qui n’est possible que par une attitude personnelle de pauvreté en esprit. En effet, la pauvreté n’est pas seulement négative. Il existe aussi une pauvreté bénie de Dieu. (…) L’attitude de pauvreté spirituelle est le fruit du coeur nouveau donné par Dieu, et pendant le temps du Carême, ce fruit doit mûrir par des attitudes concrètes telles que l’esprit de service, la disponibilité à chercher le bien de l’autre, la volonté de communion avec le frère, l’engagement à combattre l’orgueil qui nous referme sur nous-mêmes, face à notre prochain.»

Le rejet de l’exilé et du réfugié

Un climat d’accueil, d’autant plus nécessaire souligne le pape, que «nous assistons à notre époque à diverses formes de refus de l’autre. Elles se manifestent gravement dans le problème des millions de réfugiés et d’exilés, dans le phénomène de l’intolérance raciale à l’égard de personnes dont la seule ’faute’ est de chercher du travail et de meilleures conditions de vie hors de leur patrie, dans la peur de tout ce qui est différent et donc perçu comme une menace.

La Parole du Seigneur prend ainsi une nouvelle actualité face aux nécessités de tant de personnes qui demandent un logement, qui luttent pour avoir un emploi, qui cherchent à donner une éducation à leurs enfants. Les accueillir reste un défi pour la communauté chrétienne, qui ne peut que se sentir engagée à faire en sorte que chaque homme puisse trouver des conditions de vie correspondant à sa dignité de fils de Dieu.

En conclusion de son message de carême, le pape veut «redire à tous les hommes mais spécialement à ceux qui se sentent pauvres, seuls, souffrants, exclus, les paroles de la séquence pascale ’Le Christ, mon espérance est ressuscité’. Il a vaincu le mal qui réduit l’homme à l’abrutissement, le péché qui lui ferme le coeur par l’égoïsme, la peur et la mort qui le menace».

On ne peut sacrifier le droit d’asile à des intérêts nationalistes

Présentant mercredi le message du pape Mgr Paul Josef Cordes, Président du Conseil Cor Unum (la «charité du pape»), a rappelé que les Etats «ne peuvent sacrifier le droit d’asile aux intérêts nationaux ou favoriser l’égoïsme de leurs compatriotes par une législation xénophobe, par tactique électorale». C’est aux chrétiens de plaider la cause des étrangers, insiste l’archevêque. «En tant que chrétiens au sein de l’opinion publique, nous devons nous faire les avocats de qui est étranger, là où les besoins des réfugiés sont piétinés».

Les chiffres du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR) pour 1997/1998, parlent de 50 millions de réfugiés, soit une population proche de celle de l’Italie, commente Mgr Cordes. Les pays occidentaux ne sont de loin pas les plus directement touchés: l’Afghanistan compte 2,5 millions de réfugiés; l’ex-Yougoslavie plus de un million; le Soudan 500’000, la Somalie et le Rwanda, à peu près 500’ 000 également.

Au jugement final, ce ne seront pas les institutions qui seront jugées mais les personnes, ajoute Mgr Cordes. Il invite, en citant le pape, à un examen de conscience personnel, et renvoie chacun à la façon dont il traite les étrangers, exilés, réfugiés, dans la vie de tous les jours, par exemple les Tziganes. (apic/imed/mp)

19 avril 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
Partagez!