Le cardinal Ouellet fait le point
Rome: Quelques grands défis du Synode des évêques sur la Parole de Dieu
Rome, 6 octobre 2008 (Apic) Le Synode des évêques sur «La parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Eglise», qui se déroule jusqu’au 26 octobre 2008 au Vatican devra aider à mieux faire connaître la Bible menacée par le relativisme. Il devra également proposer d’améliorer la qualité des homélies, atténuer les divergences entre l’enseignement de l’Eglise et la recherche théologique, ou encore encourager l’utilisation d’Internet et des nouvelles technologies pour diffuser les Ecritures saintes. Ce sont quelques-uns des défis énoncés par le cardinal Marc Ouellet, archevêque de Québec et rapporteur général du Synode des évêques, lors de l’ouverture des travaux, dans la matinée du 6 octobre 2008.
Comme le veut la tradition, c’est dans un long discours en latin que le cardinal Ouellet a tracé les grandes lignes du travail des pères synodaux qui devront, au bout de trois semaines d’interventions et de débats, proposer des orientations pastorales au pape.
Les évêques, les experts et les auditeurs devront ainsi faire «le point sur la réception du Concile Vatican II concernant la Parole de Dieu dans son rapport au renouveau ecclésiologique, à l’oecuménisme et au dialogue avec les nations et avec les religions», a entre autres expliqué le haut prélat assis aux côtés de Benoît XVI dans la salle du Synode.
L’ignorance des Ecritures
Ce Synode des évêques, a souhaité le cardinal québécois, devra entre autres proposer des solutions concrètes pour combler les lacunes et remédier à l’ignorance des Ecritures qui ajoute aujourd’hui aux difficultés actuelles de l’évangélisation. «Le Synode, a ainsi confié le haut prélat, doit faire face au grand défi de la transmission de la foi en la Parole de Dieu aujourd’hui». Ainsi, «dans un monde pluraliste, marqué par le relativisme et l’ésotérisme, la notion même de Révélation pose question et appelle des clarifications». En outre, a-t-il noté, il convient de «dissiper la confusion semée par certains phénomènes médiatiques» autour de l’historicité de Jésus.
Le cardinal Ouellet a demandé également de remédier aux lacunes de la prédication. Ainsi, d’après lui, «malgré la restauration dont l’homélie fut l’objet au Concile, nous expérimentons encore l’insatisfaction de beaucoup de fidèles face au ministère de la prédication». «Cette insatisfaction, a-t-il soutenu, explique en partie le départ de beaucoup de catholiques vers d’autres groupes religieux».
Climat de tension malsain entre théologie universitaire et magistère ecclésial
Outre les phénomènes socioculturels qui affectent la vie de foi et l’élan missionnaire des chrétiens, le cardinal Ouellet a dénoncé «les difficultés internes de l’Eglise touchant la transmission de la foi dans la famille, les déficiences de la formation catéchétique» ou encore «les tensions entre le magistère ecclésial et la théologie universitaire».
Pour l’archevêque de Québec, la communion ecclésiale est ainsi particulièrement affectée par l’éloignement entre l’exégèse et la théologie. «Il serait opportun, a indiqué à ce sujet le cardinal Ouellet, que le Synode s’interroge sur la pertinence d’une encyclique éventuelle sur l’interprétation de l’Ecriture dans l’Eglise».
Evoquant par ailleurs la place de la Parole de Dieu dans la mission de l’Eglise, le cardinal Marc Ouellet a invité à de nouvelles initiatives d’évangélisation dans «un monde en voie de globalisation, avec les nouveaux moyens de communication». Il a ainsi noté qu’à l’ère de l’internet, les possibilités d’accès à la Sainte Ecriture se sont démultipliées avant d’inviter le Synode à écouter, discerner et encourager les projets de transmission et de transposition des Saintes Ecritures dans tous ces nouveaux langages.
Parole et dialogue interreligieux avec les juifs et les musulmans
Après avoir souligné un certain malaise dans le dialogue oecuménique actuel, le cardinal Ouellet a évoqué la place de la Parole de Dieu dans le dialogue interreligieux. Il a ainsi noté que les Saintes Ecritures représentaient un héritage commun avec les juifs et a invité à «un dialogue respectueux et constructif avec le judaïsme». Quelques heures plus tard, pour la première fois dans une telle enceinte, un rabbin devait prendre la parole devant les pères synodaux.
Enfin, concernant les musulmans, le cardinal canadien a estimé que face à la sécularisation et au libéralisme, ceux-ci étaient «des alliés dans la défense de la vie humaine et dans l’affirmation de l’importance sociale de la religion». A ses yeux, «le dialogue avec eux est plus important que jamais dans les circonstances actuelles».
La longue «Relatio ante disceptationem» du cardinal Marc Ouellet a conclu la première demi-journée de travail du Synode auquel participent quelque 250 cardinaux et évêques autour du pape, ainsi qu’une centaine de d’auditeurs, d’experts et de délégués fraternels des autres confessions chrétiennes. (apic/imedia/ami/be)