La prière de Jeanne d’Arc pour la paix est d’actualité, selon le pape
Rome: Représentation du ’Mystère de la charité de Jeanne d’Arc’ de Charles Péguy
Rome, 20 août 2006 (Apic) «Puisse Dieu entendre la prière de sainte Jeanne d’Arc et la nôtre, et donner à notre monde la paix à laquelle il aspire!», a souhaité Benoît XVI, dans la soirée du 19 août. Le pape s’exprimait à l’occasion de la représentation du ’Mystère de la charité de Jeanne d’Arc’ de Charles Péguy (1873-1914), dans la cour du palais apostolique de Castel Gandolfo, devant une centaine de personnes.
«La représentation de cette oeuvre devant nous ce soir me semble d’une particulière opportunité», a estimé le pape. «En effet, dans le contexte international que nous connaissons aujourd’hui, face aux dramatiques événements du Moyen-Orient, devant les situations de souffrance provoquées par la violence dans de nombreuses régions du monde, le message transmis par Charles Péguy dans ’Le mystère de la Charité de Jeanne d’Arc’, demeure une source de réflexion très profitable».
«Puisse Dieu entendre la prière de la sainte de Domremy et la nôtre, et donner à notre monde la paix à laquelle il aspire!», a alors lancé le pape dans son bref discours en français. L’auditoire était essentiellement composé de membres de l’archevêché et de l’ambassade de Monaco auprès du Saint-Siège, de la famille pontificale, des responsables de la Préfecture de la Maison pontificale et de quelques Français de la curie romaine.
«Dans ce texte d’une grande richesse, Péguy a su rendre avec force le cri que Jeanne fait monter vers Dieu avec passion, l’adjurant de faire cesser la misère et la souffrance qu’elle voit autour d’elle, a expliqué Benoît XVI, exprimant ainsi l’inquiétude de l’homme et sa recherche du bonheur». «A travers une profonde réflexion sur des thèmes toujours présents à la pensée de nos contemporains, nous avons été introduits au coeur du mystère chrétien», a-t-il encore estimé.
Le pape a chaleureusement remercié Mgr Bernard Barsi, archevêque de Monaco, ainsi que l’archidiocèse, à l’origine de cette «heureuse initiative», en collaboration avec l’ambassade de Monaco auprès du Saint-Siège. Il a félicité le metteur en scène Jean-Paul Lucet pour «avoir su mettre en valeur avec une grande sobriété les éléments essentiels de ce chef d’oeuvre de Charles Péguy». Dans la cour du palais apostolique, seule une esplanade en bois illuminée par un jeu d’éclairage, parfois accompagné d’un fond sonore, avait été installée. Les trois protagonistes, Pascale Chemin, Delphine Haber et Françoise Seigner, vêtues de costumes sobres mais soulignant le contraste des caractères, se succédaient sur la scène, déclamant solennellement les vers de Péguy.
«Je félicite vivement les artistes qui nous ont donné une interprétation de grande qualité, mettant au service du texte non seulement leur talent, leur ’métier’ de comédiennes, mais leur propre intériorité», a aussi affirmé le pape.
Une représentation très particulière pour les actrices
Une parole qui «a beaucoup touché» les actrices. Par rapport à toutes les fois où j’ai joué ce rôle, «c’était très particulier», a ainsi confié à l’agence I.MEDIA Delphine Haber, qui interprète le personnage de Jeanne d’Arc depuis 4 ans. «J’ai senti que le texte avait une portée différente puisque tout était chargé de vérité». Dans le personnage de Jeanne, ce que j’aime le plus, «c’est sa réflexion, sa révolte envers le mal, envers tout ce qui cause la guerre et la misère sur terre, c’est un combat sans fin», a-t-elle encore souligné.
Que le texte de Péguy soit d’actualité comme l’a souligné Benoît XVI, «est une évidence et ça l’a toujours été», a pour sa part estimé Françoise Seigner, dans le rôle de Madame Gervaise. «Pendant ces 33 ans, chaque fois, on avait l’impression que Péguy venait d’écrire ces paroles en fonction de ce qui était en train de se passer», a expliqué l’actrice qui joue régulièrement cette pièce depuis plus de trente ans. «Au moment où je parle de Pierre, j’étais de nouveau émue parce que dans le texte, j’avais l’air de dire au pape ’attention, tu es responsable de ce Pierre et il faut que tu maintiennes une Eglise là où on l’a envisagée», a aussi confié la sociétaire de la Comédie Française qui avait déjà exécuté l’oeuvre pour Jean-Paul II en 1988, dans les jardins d e Castel Gandolfo.
Vaste poème oratoire aux rythmes lancinants, ’Le mystère de la charité de Jeanne d’Arc’, récité en français, est un dialogue entre trois femmes: la bergère Jeannette et future sainte alors âgée de treize ans, sa jeune amie Hauviette, et Madame Gervaise, une religieuse. Ce dialogue a pour cadre Domrémy (France), le village de naissance de Jeanne.
C’est en 1897 que Péguy a écrit un drame en prose et en vers intitulé ’Jeanne d’Arc’. Il a repris la formule du verset pour publier une série sur ’Les trois mystères’ : ’Le mystère de la charité de Jeanne d’Arc’ (1910), ’Le porche du mystère de la deuxième vertu’ (1911), et ’Le mystère des saints innocents’ (1912). (apic/imedia/ar/bb)