Le ’pape au sourire’ passionne les téléspectateurs italiens
Rome: Un film sur Jean Paul Ier fait réagir le secrétaire d’Etat du Saint-Siège
Rome, 27 octobre 2006 (Apic) Les 23 et 24 octobre au soir ont été diffusés en Italie les deux épisodes du film, «Le pape Luciani: le sourire de Dieu». Produit par la chaîne de télévision italienne RAI, ce film a été proposé aux téléspectateurs 28 ans après la mort de Jean Paul Ier qui ne régna que 33 jours en 1978. Le téléfilm, qui a provoqué un véritable engouement de la part des Italiens, a aussi fait réagir le cardinal secrétaire d’Etat du Saint-Siège, Tarcisio Bertone.
Incarné par l’acteur Neri Marcorè, le ’pape Luciani’ a attiré près de 9 millions de téléspectateurs devant leur petit écran. Le quotidien italien Corriere della sera a cependant indiqué, le 25 octobre, que c’est le film sur Jean XXIII (1958-1963), Papa Giovanni, qui avait fait en 2002 la plus grande part de marché pour la télévision italienne en comparaison aux autres fictions dédiées aux différents papes. En effet, en 2005, Jean Paul II avait eu aussi le droit à deux fictions retraçant sa vie.
Le 26 octobre, le quotidien catholique italien Avvenire a publié quant à lui une longue interview du cardinal Bertone, secrétaire d’Etat du Saint-Siège, qui a jugé que la fiction sur le pape défunt était «partielle», dans le sens où elle mettait «en lumière seulement quelques aspects de la personnalité du successeur de Pierre».
Le cardinal, a confirmé la fausseté de la nouvelle qui attribue à soeur Lucie de Fatima la prédiction du bref pontificat d’Albino Luciani. Le secrétaire d’Etat du Saint-Siège a qualifié cette théorie de «vieille thèse», qui n’était pas confirmée par les faits. Racontant sa rencontre avec soeur Lucie le 9 décembre 2003, le haut prélat a rapporté la pensée de la religieuse qui n’avait pas prévu la durée du pontificat mais exprimé à ses consoeurs son approbation pour une élection éventuelle du cardinal Luciani comme successeur de Pierre. «S’il devenait pape – avait déclaré la religieuse – je ne le regretterais pas».
Le cardinal Bertone a aussi trouvé «surabondant le passage dédié aux ouvertures présumées de Jean Paul Ier sur les problèmes délicats de morale sexuelle qui seraient de toute façon à dater d’avant l’Encyclique Humanae Vitae qu’il appuya sans réserves».
Hypothèse d’un empoisonnement: une «faute de style»
Deux autres éléments du film n’ont pas été appréciés par le cardinal. En effet, il a jugé que «présenter la curie romaine à l’époque du ’pape Luciani’ comme une congrégation d’ecclésiastiques qui n’avaient rien d’autre à faire que de mettre des bâtons dans les roues du nouveau pape» lui avait semblé «injuste envers la curie, envers l’Eglise catholique tout entière, de même qu’envers le pape Luciani». Enfin, le secrétaire d’Etat, a qualifié comme «une faute de style» l’hypothèse d’un empoisonnement du pontife qui régna 33 jours seulement.
Giuseppe De Carli, responsable des questions du Vatican à la Rai, a de son côté raconté au quotidien sur Internet Affari Italiani que cette fiction était «une bouffée d’oxygène» après les polémiques sur la ’télé poubelle’ dans la péninsule italienne.
La phase diocésaine du procès de béatification de Jean Paul Ier devrait se clore le 11 novembre prochain après trois années d’enquête. La documentation rassemblée sera ensuite transmise à la Congrégation pour la cause des saints où l’examen du dossier pourrait prendre jusqu’à dix ans.
Un nom en hommage à ses prédécesseurs
Le cardinal italien Albino Luciani, patriarche de Venise, avait été élu le 26 août 1978 pour succéder à Paul VI. Il avait alors choisi un nom composé en hommage à ses prédécesseurs, Jean XXIII et Paul VI. Mais, dans la soirée du 28 septembre 1978, le nouveau pape mourrait d’un infarctus à l’âge de 65 ans, après 33 jours de règne. Dès le lendemain, des rumeurs étaient lancées sur l’hypothèse d’un empoisonnement du pape, mais celles-ci étaient rapidement démenties au Vatican. Encore aujourd’hui, sa mort reste mystérieuse pour beaucoup.
Le personnage de Jean Paul Ier avait provoqué une vraie ferveur populaire lors de son élection et après sa mort, un centre de spiritualité et de culture, baptisé ’Papa Luciani’, a même été fondé. Animé par deux prêtres et trois religieuses de l’ordre des petites soeurs de la Sainte-Famille, il a pour mission de rassembler ceux «qui aiment la figure paternelle de Jean Paul Ier et cherchent à découvrir, dans son exemple de vie, le message de Dieu à l’homme». (apic/imedia/pad/bb)