Rome: Une délégation d’autochtones demande au pape d’annuler une bulle d’Alexandre VI

«Annuler la bulle qui a autorisé le dépouillement de nos ancêtres»

Rome, 13 octobre 2000 (APIC) Une délégation d’autochtones américains est venue à Rome pour demander au pape Jean Paul II «d’annuler officiellement» une bulle promulguée par Alexandre VI en 1492. C’est avec elle que les Espagnols ont été autorisés à dépouiller les habitants du «Nouveau Monde» de leurs terres et à les convertir au catholicisme.

Quelques mois après la découverte, le 12 octobre 1492, de l’Amérique par Christophe Colomb, le pape Alexandre VI (Rodrigo Borgia, d’origine espagnole) a, avec la bulle «Inter caetera» du 4 mai 1493, donné au roi catholique d’Espagne Ferdinand d’Aragon et à Isabelle de Castille, le droit de conquérir le «Nouveau Monde» et d’assujettir ses habitants, en les dépouillant des terres de leurs ancêtres, et en les amenant à se convertir au catholicisme.

Cette bulle, a déclaré Steve Newcomb, de l’Oregon aux Etats-Unis, «a eu des effets désastreux sur les peuples autochtones. En effet, c’est sur son esprit juridique et théologique que se basent les lois qui, aux Etats-Unis d’Amérique, ont été promulguées pour justifier la conquête des terres des autochtones par les blancs».

L’épée, la croix … et la civilisation

«En portant, en plus de l’épée, la croix du Christ, les Espagnols, pour Alexandre VI, portaient la civilisation et avaient donc tous les droits sur les terres conquises. C’est ainsi qu’ils ont exterminé nos peuples, a rappelé la délégation, qui compte des ressortissants de Porto Rico, des Etats-Unis et de Hawaï.

Le 11 octobre, les autochtones ont été entendus par Mgr Giampaolo Crepaldi, sous-secrétaire du Conseil pontifical «justice et paix». Le prélat a assuré la délégation que sa demande serait examinée avec attention, même si une réponse ne pouvait être promise rapidement.

Le 12 octobre, jour anniversaire de la «découverte» de l’Amérique, les membres de la délégation se sont rassemblés sur la place Saint-Pierre pour prononcer une prière durant laquelle, refaisant les gestes religieux de leurs ancêtres, ils ont réitéré leur demande. S’approchant ensuite de la grande porte de bronze, une des entrées du Vatican, Steve Newcomb a remis à la Garde suisse le texte de la bulle en disant: «Nous rapportons le document papal qui a provoqué tant de souffrances à nos peuples et aux nations autochtones. Nous vous prions de le porter au cardinal Angelo Sodano, secrétaire d’Etat, pour qu’il le remette au pape.»

Retour à Rome en 2001

Les autochtones ont annoncé qu’ils reviendraient en 2001 à Rome, avec une délégation plus importante afin de demander de nouveau au pape l’annulation de la bulle d’Alexandre VI. Si, entre-temps, la bulle avait été annulée, ce serait pour célébrer l’événement qu’ils reviendraient.

La demande d’annulation de la Bulle a déjà été faite en 1993 à Chicago, dans l’Illinois, par le rassemblement des 1003 Peuples autochtones unis durant le Parlement des religions mondiales; et dans une résolution adoptée par Pacific Islander and Asian American Ministries, de l’Eglise unie du Christ, lors d’une conférence à Hawaii, le 19 février 1999. (apic/eni/bb)

13 octobre 2000 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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