Pour Jean Paul II, l’influence des castes pèse la société en Inde
Rome: Visite Ad limina des évêques catholiques indiens de rite latin
Rome, 23 mai 2003 (Apic) Jean Paul II a dénoncé un «fondamentalisme» ambiant dans la société indienne qui empêche, selon lui, l’Eglise catholique de faire son travail d’évangélisation. En recevant, le 23 mai, les évêques catholiques latins d’Inde en visite Ad limina, le pape a présenté l’exemple d’humilité et de simplicité de Mère Teresa comme moyen de faire face au matérialisme ambiant.
Après avoir reçu les évêques de rites malankar et malabar, en visite au Saint-Siège du 1er au 15 mai, Jean Paul II a reçu cette fois-ci les évêques indiens de rite latin. Ces derniers sont à Rome jusqu’au 7 juin. Ils proviennent principalement des provinces de Calcutta, Guwahati, Imphal et Shillong.
Dès le début de son discours, le souverain pontife a dénoncé l’influence des castes, officiellement interdites en Inde mais dont le principe demeure encore fortement ancré dans la société. Les chrétiens sont les principales victimes de ce système qui empêche notamment ceux qui ne sont pas de religion hindoue de participer pleinement à la vie sociale et politique du pays.
Pour Jean Paul II, le principal problème touche celles et ceux qui veulent se convertir au catholicisme. «Pendant des siècles, a-t-il rappelé, les catholiques en Inde ont continué le travail essentiel de l’évangélisation, particulièrement dans les domaines de l’éducation et des services sociaux, librement offerts aux chrétiens comme aux non-chrétiens». Mais aujourd’hui, a-t-il déploré, celui qui désire devenir catholique fait face à d’»extrêmes difficultés». Les hindous accusent notamment les catholiques de prosélytisme.
«Il est déconcertant que certains qui souhaitent devenir chrétiens soient obligés de recevoir auparavant la permission des autorités locales, et que d’autres perdent leur droit à une aide sociale», a poursuivi le pape. Actuellement, une personne qui renie l’hindouisme est exilée et conduite hors de son village. «Malheureusement, des mouvements fondamentalistes créent la confusion parmi certains catholiques», a affirmé Jean Paul II en rappelant que «toute personne a le droit d’entendre la Bonne nouvelle de Dieu».
Faisant part de sa satisfaction pour le travail des évêques catholiques en Inde malgré une situation difficile, le souverain pontife les a appelés à ne pas se «décourager» face à ces «injustices», «mais de continuer plutôt à s’engager dans la société de telle manière que ces tendances alarmantes puissent être renversées».
Mère Teresa, exemple de simplicité, d’humilité et de charité
En conclusion, le pape a rappelé le témoignage et l’exemple de Mère Teresa, qui a fondé à Calcutta l’ordre des Missionnaires de la charité, aujourd’hui présent dans le monde entier. «Sa vie de sacrifice joyeux et d’amour sans conditions pour les pauvres stimule en nous le désir de faire de même», a déclaré Jean Paul II, qui doit la béatifier en octobre prochain. Avant de prendre congé des évêques, le pape les a invités à suivre Mère Teresa pour être «des exemples exceptionnels de simplicité, d’humilité et de charité». Un antidote, selon lui, contre la «course effrénée» à la consommation particulièrement forte chez les jeunes.
L’Inde compte près de 82% d’hindous contre 2,3% de chrétiens – soit 23 millions environ, dont 17 millions de catholiques. (apic/imedia/bb)