Le pape recommande aux catholiques du Tchad de mieux
Rome: visite ad limina des évêques du Tchad (300694)
connaître l’islam pour dialoguer avec les musulmans
Rome, 30juin(APIC) Les relations de la jeune Eglise catholique du Tchad
avec les autres croyants et spécialement avec les musulmans ont été, fin
juin, au centre de la rencontre des évêques tchadiens avec Jean-Paul II,
qui les recevait au Vatican à l’occasion de leur visite ad limina apostolorum au Vatican.
Dans sa présentation des réalités tchadiennes au pape, Mgr Charles Vandame, archevêque de N’Djamena et président de la Conférence épiscopale,
avait notamment relevé la volonté de la jeune Eglise catholique d’entretenir les meilleures relations avec tous.
Avec les croyants de religion africaine traditionnelle, les catholiques
se sentent volontiers en connivence sur des valeurs telles que «la solidarité, le partage, la fidélité à la parole donnée, le respect du bien de
l’autre», a relevé Mgr Vandame, notant que ces valeurs peuvent aussi s’affiner ou s’élargir au contact de l’Evangile.
En revanche, «avec les fidèles des autres dénominations chrétiennes, les
relations sont cordiales, mais restent souvent superficielles», a déploré
l’archevêque. Il faut dire qu’aucune de ces dénominations n’est membre du
Conseil oecuménique des Eglises et qu’il n’existe aucun organe national de
concertation. Un espoir toutefois: la collaboration oecuménique se développe pour la traduction et la diffusion de la Bible.
Le réveil islamique
Les évêques tchadiens l’avaient déjà noté en avril, lors de l’assemblée
du Synode pour l’Afrique: l’islam, introduit dans leur pays depuis dix siècles, est aujourd’hui partagé par 50% de la population, tandis que le christianisme, présent au sud du Tchad depuis 65 ans seulement, ne touche que
15% de la population, dont 7 à 8% de catholiques. L’appartenance à telle
religion va généralement de pair avec l’appartenance tribale. «On est de
telle religion parce qu’on est de telle tribu», notait au Synode Mgr Matthias N’Gartéri Mayadi, évêque de Moundou.
Avec les musulmans, les relations au Tchad ont longtemps été marquées
par l’estime et le respect mutuels. Ces dernières années, les choses ont
changé, a expliqué récement au pape Mgr Vandamme, imputant ce changement à
«l’arrivée de prédicateurs musulmans formés au Soudan et dans d’autres
pays». «Certains parmi eux sont arrivés avec un nouveau projet de société
que l’on pourrait caractériser ainsi: remplacer la langue française par la
langue arabe; rejeter la laïcité de la République et adopter la sharia»,
c’est-à-dire la législation purement islamique. Ces militants islamistes,
devait encore relever l’archevêque, donnent l’impression de poursuivre, non
seulement un projet religieux, mais «un projet politique dans lequel les
non-musulmans n’ont aucune place».
Formation et dialogue
Avant de rencontrer les inquiétudes des évêques par rapport au réveil
islamique, Jean-Paul II a d’abord encouragé l’Eglise catholique du Tchad à
promouvoir la meilleure des ententes dans ses relations internes, comme il
convient à une «Eglise-Famille de Dieu». Il a également insisté sur la formation des prêtres, des religieux, des laïcs, et notamment des catéchistes,
non seulement à des fins de connaissance religieuse ou de compétence pastorale, mais aussi pour mettre en oeuvre une culture de paix, soucieuse des
droits de l’homme.
Le pape a reconnu que le réveil islamique, qui pouvait revêtir «des
aspects violents», suscitaient l’inquiétude des catholiques. Compte tenu du
«prosélytisme de certains militants islamistes, partisans d’un autre projet
de société», Jean-Paul II a vivement encouragé les évêques à «poursuivre
les sessions de formation à la connaissance de l’islam». Il a noté les deux
principaux fruits à attendre d’une meilleure connaissance de l’islam:
«D’une part, les chrétiens abandonneront certains préjugés qu’engendre
l’ignorance; d’autre part, ils découvriront mieux par contrecoup les richesses de leur foi, ils en seront fiers et, grâce aux bases solides acquises de cette manière, ils se sentiront plus assurés dans le dialogue avec
leurs frères musulmans».
Jean-Paul II a encore souhaité «que là où c’est possible, et tout en restant vigilant sur certaines pratiques déloyales, le dialogue de la vie entre chrétiens et musulmans se poursuive et progresse, ainsi que le dialogue
des oeuvres de miséricorde». Il a également formé le voeu «que le bénévolat
apporte une contribution à une plus grande solidarité et à un dialogue sincère avec les musulmans les plus ouverts et les plus généreux». (apic/jmgpr)