Trésorier, entraîneur, président... et joueurs

Rugby à Genève: un sacré trio de pasteurs

Genève, 14 mai Au Rugby Club de Genève qui milite en ligue A, le président, le trésorier et l’entraîneur sont des pasteurs réformés. Un trio singulier pour un sport de combat où les mêlées peuvent être rudes et où le respect de l’adversaire ne coule pas de source.

Trois pasteurs qui se retrouvent sur un terrain de rugby au milieu de joueurs originaires de dix pays différents pour pratiquer un sport dont les mêlées sont vigoureuses, c’est plutôt inattendu. Ce trio singulier réunit un Britannique qui a grandi en Irlande, William McComish, pasteur à la cathédrale de Saint-Pierre et trésorier du club, un Polynésien, Faitala Talapusi, professeur de théologie systématique à l’Institut oecuménique de Bossey, à Genève, entraîneur du club, et un Français, Didier Halter, assistant à la faculté de théologie de Genève, président.

«Dans ce sport de combat, la porte est vite ouverte à la violence incontrôlée, au mépris de l’autre, parfois à la haine, reconnaît Didier Halter. Nous veillons tout particulièrement au respect de la personne, nous insistons sur l’aspect éthique du sport, prévenons et combattons tout dérapage violent. Sans doute notre présence a-t-elle influencé l’esprit du club. Pour ma part, ce sport me permet de garder le contact avec une frange de la population pour laquelle l’Eglise est marginale, voire inexistante. Je me sens parfois plus pasteur dans mon club que dans ma paroisse. Je fais volontiers un travail d’accompagnement avec un joueur qui me le demande, à l’occasion d’un mariage, de difficultés personnelles, d’un deuil».

Les mêlées, William McComish, né en Irlande du Nord, les connaît bien. Son activité d’aumônier d’une prison de haute sécurité pour femmes et son travail en faveur de la réconciliation entre catholiques et protestants l’ont confronté à de terribles violences. Du dernier match de rugby qu’il a disputé la semaine passée, il a gardé sur son bras la marque d’une morsure d’un joueur de l’équipe adverse, qui le fait sourire: «Le rugby est un sport de gentlemen!» constate-t-il avec flegme.

Le plaisir de jouer

L’entraîneur du club, Faitala Talapusi, originaire des ìles polynésiennes de Samoa, est arrivé à Genève il y a tout juste un an pour enseigner la théologie systématique à l’Institut oecuménique de Bossey, centre de formation du Conseil oecuménique des Eglises. Ancien capitaine de l’équipe nationale de son pays et organisateur de la Coupe du monde en Afrique du Sud, il a tout naturellement cherché à rejoindre un club de rugby.

Le plaisir de jouer, qu’on soit gagnant ou perdant, est son maître mot. Plaisir exigeant qui se gagne en travaillant avec assiduité. L’entraîneur à la stature de colosse et la jovialité communicative, a fort à faire pour persuader son équipe de joueurs, tous des amateurs, de s’entraîner avec sérieux.

Alsacien d’origine, Didier Halter est l’homme qui a rallié les deux pasteurs à son club. Il pratique le rugby depuis l’âge de dix ans. C’est le dimanche que se disputent en France les matches de rugby, ce qui posa des problèmes au pasteur qu’il est devenu. Arrivé à Genève, Didier Halter découvre qu’en Suisse, les matches ont lieu le samedi, à l’anglo-saxonne. Une aubaine qui lui permet à nouveau de concilier sport et ministère. Et de trouver «un point d’équilibre en dehors de l’Eglise». (apic/eni/ProtestInfo/nm/pr)

14 mai 2000 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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