Elle n’entend pas changer d’avis, malgré la demande de V. Tolstoï
Russie: Cent ans après avoir excommunié Tolstoï, l’Eglise orthodoxe reste ferme
Moscou, 25 mars 2001 (APIC) Cent ans après avoir excommunié Léon Tolstoï, l’Eglise orthodoxe russe fait la sourde oreille aux appels de son arrière-arriére-petit-fils, Vladimir Tolstoï, qui voudrait lui faire reconsidérer les écrits et réflexions du célèbre romancier.
Dans un récent entretien accordé à l’agence œcuménique ENI, Vladimir Tolstoï a commenté avoir écrit en janvier au primat de l’Eglise, le patriarche Alexis II, pour lui demander de revoir l’enseignement de Tolstoï, à la base de son rejet par l’Eglise. Le descendant de l’écrivain estime que cette excommunication fait obstacle à la réconciliation nationale.
D’après lui, les médias ont vu à tort dans sa lettre une demande d’annulation de l’excommunication. «Je désirais uniquement inviter l’Eglise à entamer un dialogue sur ce sujet douloureux», a déclaré Vladimir Tolstoï. «Dans ma lettre, je n’ai pas demandé qu’on annule l’excommunication, ni qu’on pardonne à Tolstoï».
Dans sa lettre au patriarche, le descendant de l’auteur déclare que l’excommunication de Tolstoï par le synode de l’Eglise orthodoxe russe, le 22 février 1901, a eu un «effet douloureux sur le cours ultérieur de l’histoire de la Russie». Selon lui, la décision de l’Eglise a obligé «chaque chrétien russe à faire un choix moral difficile». «Un orthodoxe ne peut rejeter Dieu, mais il lui est aussi difficile de rejeter un génie et prophète national qui, à ce jour, représente la fierté et la gloire de notre culture nationale», écrit Vladimir Tolstoï.
Le comte Léon Tolstoï (1828-1910) est célèbre dans le monde entier pour ses romans, notamment «Guerre et Paix» et «Anna Karénine». Après avoir terminé ces deux romans à la fin des années 1870, Tolstoï fut saisi d’une profonde crise morale qui le mena à rechercher le sens de la vie. Il ne trouva guère de consolation dans les écrits des philosophes, théologiens et savants, mais, comme il l’a déclaré dans «Confession», ouvrage publié en 1884, il trouva dans la vie quotidienne des paysans russes des exemples qui lui apprirent que chacun doit servir Dieu au lieu de vivre pour lui-même.
Selon un porte-parole du patriarcat, Tolstoï ne s’est pas publiquement repenti après son excommunication de 1901. Divers bruits ont couru selon lesquels l’écrivain aurait reçu l’absolution et la communion avant sa mort, mais, d’après le Père Chaplin, tout porte à croire que cela n’a pas été le cas.
Selon lui, une réévaluation des réflexions et enseignements de Tolstoï «n’aurait de sens que si l’on avait la preuve que Tostoï s’est repenti avant sa mort. En l’absence d’une telle preuve, cela n’aurait pas le moindre sens». (apic/eni/pr)