Satisfaire aux exigences du ROCOR ou creuser le fossé
Russie: Le patriarcat de Moscou déçu par la réponse à son appel à l’unité orthodoxe russe
Moscou, 9 novembre 2001 (APIC) Le patriarcat de Moscou, par la voix de du patriarche Alexis II, se déclare déçu par la réponse à son appel à l’unité orthodoxe russe, reçu du Conseil des évêques de l’Eglise russe hors-frontières, réunis à New York la semaine dernière. Le ROCOR pose deux exigences, dont l’une est de rompre avec le COE.
A l’occasion de cette rencontre, les évêques de l’Eglise russe hors-frontières (ROCOR), ont élu un nouveau leader, l’archevêque Laurus, un modéré, et ils ont adressé une réponse sévère à l’appel à l’unité lancé par le patriarche de Moscou.
Ce qui pose problème, pour le ROCOR c’est la longue division entre l’Eglise orthodoxe russe (ROC) et l’Eglise russe hors-frontières qui s’est séparée du patriarcat de Moscou dans les années 20 car elle désapprouvait la coopération de l’Eglise de Moscou avec l’Etat soviétique.
Même si L’Eglise russe hors-frontières, avec approximativement 300 paroisses dans le monde, est beaucoup plus petite que l’Eglise orthodoxe russe, chacune des deux Eglises se considère comme le successeur de l’Eglise russe d’avant la révolution. De nombreux Russes estiment que l’unification des deux Eglises marquerait la fin de ce qu’il considèrent comme la tragique période soviétique dans l’histoire de l’Eglise.
Même si les deux Eglises ont entamé des contacts non officiels ces dix dernières années, la division institutionnelle s’est creusée lorsque l’Eglise russe hors-frontières a établi ses propres paroisses en Russie et que le patriarcat de Moscou a saisi deux propriétés de celle-ci en Terre Sainte.
Changement de ligne
L’an dernier, l’Eglise russe hors-frontières a accompli un changement de ligne, en mettant sur pied une commission chargée d’examiner la question de l’unité avec Moscou et en demandant au patriarche Pavle de Serbie d’être le médiateur. Mais cette décision a causé un conflit au sein de l’Eglise entre ceux qui s’opposaient à tout contact avec le patriarcat de Moscou et ceux qui étaient disposés à envisager la possibilité d’unité.
Avant le Conseil des évêques de l’Eglise russe hors-frontières, tenu à New York du 23 au 30 octobre, et qui avait notamment au programme le remplacement du métropolite Vitaly, âgé de 91 ans, le Saint Synode de l’Eglise orthodoxe russe a adressé un «message fraternel» aux évêques en les appelant à mettre de coté les divergences du passé.
«Les raisons historiques qui ont provoqué notre division sont supprimées», soulignait le message, qui précisait que l’Eglise en Russie est aujourd’hui «complètement libre de l’ingérence du gouvernement et qu’elle a canonisé des centaines de martyrs de l’ère soviétique, entre autres la famille impériale».
Le changement du leader de l’Eglise russe hors-frontières et les perspectives de réunification avec le patriarcat de Moscou ont été largement couverts par les médias russes. Certains observateurs ont même prédit une éventuelle division au sein de l’Eglise russe hors-frontières, une partie se rapprochant de Moscou et l’autre devenant une «secte» isolée.
Le passé
Dans leur réponse à l’appel lancé par le patriarche Alexis, publiée dans le quotidien russe Kommersant en date du 5 novembre mais qui n’a pas encore été présentée officiellement au patriarcat de Moscou, les évêques de l’Eglise russe hors-frontières affirment qu’ils ont toujours désiré une Eglise russe unie. Mais ils reviennent sur deux demandes qui devraient être satisfaites avant l’unification. le patriarcat de Moscou devrait condamner sa coopération passée avec le gouvernement soviétique – y compris avec la police secrète (KGB) – connue comme «sergianisme» d’après le nom du métropolite Sergy Stragorodsky, qui a signé la déclaration d’allégeance de 1927; le patriarcat devrait aussi cesser d’être affilié avec des organisations oecuméniques internationales, entre autres avec le Conseil oecuménique des Eglises. Des contacts avec des chrétiens non orthodoxes sont en effet vus comme hérésie par les orthodoxes ultraconservateurs. (apic/eni/pr)