La controverse pourrait bien agiter l’Eglise orthodoxe russe

Russie: Le tsar Nicolas II et sa famille pourraient être canonisés en août

Moscou, 7 juin 2000 (APIC) Après des années de débats et d’hésitations, il est aujourd’hui presque certain que le dernier tsar de Russie Nicolas II et sa famille devraient être canonisés par l’Eglise orthodoxe russe. La décision devrait intervenir en août prochain.

Une réunion spéciale du Conseil des évêques tenue à l’occasion du Jubilé prononcera probablement des centaines de canonisations de «nouveaux martyrs et confesseurs de la Russie». Les noms cités sont pour la plupart ceux de laïcs et de membres du clergé morts dans les prisons soviétiques durant les années de persécution par les autorités soviétiques.

Le tsar et sa famille ont été exécutés par les bolcheviques en 1918. Certains Russes, pourtant, estiment que le tsar, figure controversée, ne devrait pas être canonisé. Et une telle décision pourrait causer nombre de remous à l’extérieur et à l’intérieur de l’Eglise orthodoxe.

Le prêtre Maxim Maximov, secrétaire de la Commission des canonisations du Synode, a confirmé à l’Agence œcuménique ENI que la question de la canonisation de la famille impériale sera traitée par la réunion du Conseil des évêques qui se tiendra dans le cadre du Jubilé. «La décision finale sera prise par les membres du Conseil, mais la Commission ne voit aucun obstacle à la canonisation», a-t-il dit.

Le Conseil des évêques aura lieu en même temps que la consécration de la gigantesque cathédrale du Christ-Sauveur le 19 août, et ces deux événements seront le point marquant des célébrations du 2000e anniversaire de la naissance du Christ.

Les membres de la famille impériale seront canonisés dans une catégorie spéciale de saints et de martyrs – catégorie qui date de la canonisation, en 1015 à Constantinople, des premiers saints russes, Boris et Gleb. Est normalement considérée comme martyr une personne qui a eu le choix entre renier le Christ et mourir pour lui, mais cette catégorie spéciale est réservée à ceux qui, ayant reçu de Dieu une position d’autorité – comme les princes et les tsars – ont affronté la mort avec une grande humilité chrétienne.

Le patriarcat prudent

Lors d’une interview accordée la semaine dernière au magazine religieux, «NG-Religii», de Moscou, l’archiprêtre Georgy Mitrofanov, membre de la Commission de canonisation, a déclaré que les canonisations étaient pratiquement certaines. La Commission a rejeté la version selon laquelle les membres de la famille du tsar auraient été victimes d’un «meurtre rituel» commis par des juifs. Répondant à ceux qui soutiennent que le tsar, par ses faiblesses, a été responsable de la révolution, et indirectement de la persécution des chrétiens, Georgy Mitrofanov a déclaré que la biographie du tsar, rédigée par la Commission, souligne que «c’est sa mort,. et non la politique de l’Etat et de l’Eglise, qui permet de soulever la question (de la canonisation)».

«Les saints ne sont pas sans péché, et la politique du tsar a comporté de nombreuses fautes», a fait remarquer Georgy Mitrofanov.

Viktor Malukhin, porte-parole du Département des relations extérieures du patriarcat de Moscou, a pour sa part précisé que seul le Conseil des évêques peut prendre la décision et que toutes les déclarations à ce propos avant la décision du Conseil «ne sont que désirs et souhaits», même si ceux-ci peuvent paraître légitimes.

De nombreux chrétiens orthodoxes russes vénèrent déjà les membres de la famille impériale comme des saints. Et l’Eglise orthodoxe russe hors-frontières les a canonisés, avec de nombreux autres «nouveaux martyrs de la Russie», en 1981. Quant au patriarcat de Moscou, il a adopté une attitude plus prudente à cet égard. (apic/eni/pr)

7 juin 2000 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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