Les tribulations de l’icône, de 1612 à aujourd’hui
Russie: Retour à Kazan de la célèbre icône rendue par le Vatican en août 2004
Kazan, 21 juillet 2005 (Apic) La célèbre icône de Notre-Dame de Kazan, rendue en 2004 par le pape Jean Paul II aux orthodoxes russes, a été réinstallée jeudi dans sa ville originelle de Kazan, sur les bords de la Volga, lors d’une cérémonie dirigée par le patriarche orthodoxe Alexis II. En 2’000 déjà, il avait été évoquer de restituer l’icône, alors qu’il était question d’un voyage du pape Jean Paul II. L’idée s’était heurtée à l’opposition d’Alexis II.
L’icône de Notre-Dame de Kazan avait été remise aux orthodoxes russes le 28 août, à la suite d’un voyage d’une délégation vaticane. Alexis II avait dans un premier temps «boudé» le geste de Rome. Tout semble être rentré dans l’ordre aujourd’hui: «Cette icône, par la grâce de Dieu, a occupé une place particulière non seulement dans l’histoire de Kazan, mais dans celle de toute la Russie», a dit le chef de l’Eglise orthodoxe russe lors de la cérémonie dans l’église de l’Annonciation.
L’image sainte, à laquelle des vertus miraculeuses sont attribuées, a été temporairement placée dans l’église où un millier de personnes ont assisté à la cérémonie, retransmise à l’extérieur sur écran géant pour une foule de milliers d’autres croyants. Kazan est la capitale de la république russe du Tatarstan, une de celles où la population est majoritairement musulmane. Le patriarche orthodoxe s’est dit favorable au transfert de l’icône dans le monastère de la ville auquel elle appartenait à l’origine, après transformation des lieux, encore occupés aujourd’hui par une fabrique de tabac.
L’icône était exposée dans la chapelle privée d’Alexis II à Moscou depuis 2004, après avoir été plusieurs années dans les appartements du pape au Vatican. Alexis II avait alors assuré que les spécialistes du ministère de la Culture, de l’Eglise orthodoxe russe et du Vatican avaient constaté que l’exemplaire gardé à Rome était une copie de la fin du XVIIIe siècle, mais non l’icône miraculeuse disparue au début du XXe siècle. «C’est pourquoi le pape n’a pas besoin de l’apporter en personne», avait-il souligné.
Regard sur l’histoire
Peinte sur bois au 13e siècle, l’icône de Notre-Dame de Kazan a été apportée à Moscou en 1612, au moment où la capitale russe était occupée par les Polonais, pour implorer la protection de la Vierge en faveur de ses habitants. Depuis le début du 18e siècle pourtant, l’icône ne se trouvait plus à Moscou. A l’époque, le tsar Pierre le Grand décide son transfert à Saint-Pétersbourg, sa nouvelle capitale, où elle est placée dans une église construite sur le modèle de la basilique Saint-Pierre de Rome.
Lors des révolutions russes du début du 20e siècle, l’église est pillée et transformée en «musée de l’athéisme», au lendemain de la révolution d’Octobre 1917. L’icône est alors vendue à l’étranger et passe entre les mains de plusieurs propriétaires. Elle est finalement acquise par un particulier qui la rend à l’Eglise orthodoxe russe des Etats-Unis.
L’icône reste chez les Américains, jusqu’à ce que dans les années 70, un groupe de catholiques américains obtient qu’elle soit apportée à Fatima au Portugal. Elle est alors placée dans une petite église de style byzantin. Elle y demeure jusqu’en 1991, lorsque le pape, se rendant lui- même à Fatima, décide que l’icône serait transportée au Vatican et placée dans ses appartements.
En 2000 déjà
La possibilité de la restitution de cette icône à la Russie a été évoquée à chaque fois qu’il a été question d’une rencontre entre Jean Paul II et le patriarche Alexis II. Le pape avait exprimé son désir de le faire en recevant au Vatican le maire de Kazan dans la République autonome de Tatarie, Kamil Ishkakovn, en octobre 2000. C’est aussi pour cela qu’une éventuelle étape dans cette ville avait été projetée en août 2003, lors d’un possible voyage de Jean Paul II en Mongolie. Ce projet n’avait pas pu se réaliser, d’une part à cause de la santé déclinante du pape, et d’autre part du fait des relations difficile avec le patriarcat de Moscou.
Enfin, Jean Paul II avait montré au président russe, Vladimir Poutine, la précieuse icône, lors de sa visite au Vatican, le 5 novembre 2003. Embrassant l’icône, le souverain pontife avait alors affirmé en russe qu’il «priait tous les jours pour la Russie» et son interlocuteur avait également vénéré l’image pieuse. (apic/ag/imedia/pr)