Rwanda: les autorités mettent en garde contre les religions sectaires
Depuis octobre 2023, les autorités du Rwanda ont mis en garde, à plusieurs reprises, contre les personnes qui utilisent leurs convictions religieuses pour mettre la vie des autres en danger, par le biais de fausses promesses et de pratiques douteuses.
Une affaire tristement célèbre. Au Kenya, le pasteur Paul Mackenzie Nthenge – prédicateur télévangéliste et fondateur de la secte chrétienne «Église internationale de la Bonne Nouvelle » – avait appelé ses adeptes à observer un jeûne pour rencontrer Jésus et atteindre le paradis. Entre avril et juillet 2023, près de 500 fidèles, décédés des suites de ce jeûne, ont été découverts dans une forêt près de la ville de Malindi, à l’est du pays où était établi le pasteur.
«Acquisitions frauduleuses»
Au Rwanda, les services de sécurité ont interpellé, le 1er octobre 2023, un célèbre prédicateur, l’apôtre Joseph Harerimana, plus connu sous le nom d’Apôtre Yongwe, provoquant une onde de choc dans le cercle de ses fidèles. Il est poursuivi officiellement pour «acquisition frauduleuse d’une propriété appartenant à autrui», a rapporté un journal rwandais en ligne.
Selon l’article 174 du code pénal du pays, toute personne qui tenterait, en connaissance de cause, d’acquérir frauduleusement la propriété d’autrui, par une fausse identité ou par des qualités trompeuses, afin de créer de l’espoir ou de la crainte du propriétaire légitime, commet un crime passible de graves sanctions. S’il est reconnu coupable des faits, il encoure deux à trois ans de prison et une amende de 3 à 5 millions de Francs Rwandais, soit 2’000 à 3’600 CHF.
Dans les faits, le pasteur avait posté une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, dans laquelle il appelait les membres de son Église à «offrir tout ce qu’ils avaient pour obtenir un visa, une promotion professionnelle ou encore un-e partenaire pour le mariage», a indiqué un autre journal rwandais.
Pèlerinages de «pauvreté»
Un autre cas du genre. Des individus organisent le «pèlerinage annuel d’adoration de la pauvreté», depuis plus de 10 ans, sur une montagne située district de Rutsiro, à l’ouest. Ce rassemblement, qui a eu lieu en juin dernier, a attiré des milliers de jeunes. Ces organisateurs découragent ces jeunes «adorateurs de la pauvreté» à travailler dur et à se développer financièrement.
Au lendemain de ce pèlerinage, le président Paul Kagame a rassemblé deux mille jeunes du pays pour leur demander de «rejeter de telles pratiques et d’adopter plutôt un sentiment de développement personnel et de progrès», tout en les encourageant «à éviter les comportements de désespoir et d’ineptie», selon les médias. «Je pensais que, lorsque vous priez, vous demandiez des choses qui peuvent vous aider à vous développer et à sortir de la pauvreté», leur a-t-il déclaré.
L’action du bureau d’investigation
Face à ces situations, le Rwanda Investigation Bureau (RIB) est monté au créneau. Créée par une loi de 2017, cette structure étatique est chargée d’exercer des fonctions d’enquête de carrière, et s’associe à d’autres forces de l’ordre pour assurer l’ordre public. Sa mission est de prévenir, détecter, enquêter et répondre aux menaces criminelles actuelles et émergentes, grâce à l’utilisation de la technologie moderne et à l’établissement de partenariats, afin de faire respecter l’état de droit.
Lors d’une conférence de presse sur la sécurité du pays, la semaine dernière, le secrétaire général du RIB, Jeannot Ruhunga, a annoncé une tolérance zéro pour ceux qui utiliseront la religion à des fins de «pratiques illégales». (cath.ch/ibc/gr)