Rwanda: Mgr Habiyambere dément les accusations du Parlement de Kigali

«L’Eglise n’a pas fomenté une idéologie de génocide»

Kigali, 25 août 2004 (Apic) Le vice-président de la Conférence épiscopale rwandaise, Mgr Alexis Habiyambere a démenti, sur les ondes de Radio Vatican les accusations portées par le parlement rwandais à l’encontre de l’Eglise catholique. Cette dernière n’a pas fomenté une idéologie de génocide, a-t- il affirmé le 24 août.

«Nous ne sommes absolument pas d’accord avec une telle accusation», a ainsi lancé Mgr Alexis Habiyambere, évêque de Nyundo.

En janvier 2004, une commission d’enquête avait été créée au Rwanda pour se pencher sur l’existence et la propagation d’une «idéologie du génocide» après l’assassinat de trois survivants du génocide dans la région de Gikongoro, dans le sud-ouest du pays. La Chambre des députés rwandais en a examiné les conclusions en juin dernier.

«Parmi les accusations inacceptables, figure celle selon laquelle l’Eglise catholique aurait intentionnellement maintenu la population dans la pauvreté: c’est une accusation très grave», a poursuivi le prélat indigné. «Tout le monde peut voir ce que l’Eglise a fait pour le peuple, à commencer par les écoles, les centres sanitaires, pour finir par l’engagement pour le développement», a-t-il encore expliqué.

«A travers nos lettres pastorales nous avons parlé mais les gens ne nous ont pas écoutés. Pour l’Eglise, il est difficile de se faire entendre», a-t-il conclu. «Ce rapport fait preuve d’une globalisation et d’une généralisation injustifiées», avaient en effet déploré les évêques rwandais dans un document signé le 26 juillet. Ils répondaient ainsi au rapport de la Chambre des députés du Rwanda, dans lequel plusieurs organisations religieuses, parmi lesquelles l’Eglise catholique, sont soupçonnées d’encourager le recours au génocide.

Un rapport «préparé à la hâte» et «sans vérifications»

Regrettant notamment «le fait d’attribuer les idées ou actions personnelles d’un individu à l’institution, l’ethnie, la région, la confession religieuse ou l’association dont il fait partie», et relevant «l’erreur sur des personnes, des noms ou la fausse attribution à l’Eglise catholique d’associations qui ne lui appartiennent pas», les évêques du Rwanda ont estimé que le rapport a «été préparé à la hâte, avec précipitation, sans aucune volonté de vérifier les témoignages recueillis».

Déjà le 14 avril 1999, l’évêque de Gikongoro, Mgr Augustin Misago, accusé d’avoir participé au génocide de 1994, avait été emprisonné à Kigali. En mai 2000, le Ministère public avait requis la peine de mort contre lui, peine qu’il avait déclarée «totalement injuste et sans fondement» et dont il avait finalement été acquitté en juin 2000. Le substitut du procureur Edouard Kayihura, quant à lui aurait fui le pays en septembre 2000 après avoir avoué que le dossier Misago était «indéfendable parce que vide». (apic/imedia/bb)

25 août 2004 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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