Rwanda: Rapport accablant d’Amnesty International

Chaque jour apporte son lot de «disparitions» et d’homicides

Berne, 24 juin 1998 (APIC) Au cours des derniers mois au Rwanda, les «disparitions» se sont multipliées à tel point que beaucoup de familles ne cherchent même plus à informer les autorités de la «disparition» d’un de leurs proches, dénonce Amnesty International. Le conflit armé s’intensifie parce que les armes affluent librement dans le pays. Des milliers de civils ont été tués dans le pays tant par l’armée que par les groupes d’opposition armés.

Amnesty International qui s’appuie sur une enquête effectué dans le courant de l’année au Rwanda montre que la montée en flèche du nombre de morts et de «disparus» amorcée après le retour des réfugiés, fin 1996, continue.

Les «disparitions» ont été nombreuses à la suite d’arrestations massives opérées par les soldats de l’Armée patriotique rwandaise (APR). Beaucoup d’autres personnes ont «disparu» à la suite de contrôles d’identité dans la capitale, Kigali. Ces personnes pourraient être détenues dans des camps militaires. Il est cependant impossible de s’en assurer, l’accès à ces camps est strictement interdit. Les familles des «disparus» restent sans nouvelles des mois durant.

Même si toutes les «disparitions» ne sont pas directement imputables aux autorités, le gouvernement a la responsabilité de faire la lumière sur ces faits. Or, l’ouverture d’enquête semble l’exception plutôt que la règle. Même lorsque qu’une enquête est ouverte, les conclusions ne sont pas rendues publiques et aucun responsable n’est déféré à la justice, s’indigne Amnesty International.

Médias manipulés

La description de la situation par les médias s’avère fortement tendancieuse, en raison du contrôle exercé par le gouvernement sur l’information. Tandis qu’une place considérable est parfois donnée aux attaques attribuées aux groupes d’opposition armés, les homicides perpétrés par des soldats de l’APR contre des civils sont rarement mentionnés.

En dépit de la condamnation internationale, la prolifération des armes légères dans la région permet à l’ARP et aux groupes d’opposition armés de continuer à se procurer des armes et des équipements. Des sociétés basées en Israël (et passant par des intermédiaires dans les pays d’Europe de l’Est), en Chine et en Afrique du Sud ont fourni des armes et du matériel militaire aux anciennes forces armées rwandaises, avant et pendant le génocide de 1994.

En mai, les autorités rwandaises ont suspendu les activités de l’Opération des Nations unies sur le terrain pour les droits de l’homme au Rwanda, dans l’attente du réexamen de son mandat. Le gouvernement a fait pression sur le personnel de l’opération pour qu’il cesse son travail de surveillance. Pour Amnesty International, le maintien de cette action des Nations unies est crucial si le Rwanda veut faire preuve de transparence et démontrer son engagement en faveur des droits humains. (apic/com/ab)

3 mai 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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