Rome: Le pape François prendra possession de sa cathédrale le 7 avril
Saint-Jean-de-Latran, cathédrale du diocèse de Rome
Rome, 27 mars 2013 (Apic) Le pape François se rendra le 7 avril 2013 à la basilique Saint-Jean-de-Latran pour prendre solennellement possession de la cathédrale de Rome. Celui qui, dès les premiers instants de son pontificat, s’est présenté avant tout comme «l’évêque de Rome» célèbrera une messe à 17 heures dans la cathédrale de son diocèse.
La Constitution apostolique «Universi dominici gregis» de 1996, indique que c’est après la cérémonie solennelle d’inauguration du pontificat et dans un délai convenable, que le pontife doit prendre possession de l’archibasilique patriarcale du Latran, «selon le rite prescrit». L’édifice est la «mère et la tête de toutes les églises de la ville et du monde», peut-on lire sur sa façade.
Le pape François fera cette démarche moins de trois semaines après la messe d’inauguration de son pontificat. Il devrait par la suite prendre possession, le jour même ou peu après, des appartements pontificaux situés dans le Palais du Latran, mis sous scellés au début de la vacance du siège apostolique.
L’église de Rome par excellence
Le Latran n’est plus la demeure des papes depuis le XIVe siècle mais reste l’église de Rome par excellence. Le pape François a insisté plusieurs fois depuis son élection sur son rôle d’évêque de Rome, l’Eglise qui «préside à la charité de toutes les Eglises», selon la formule de saint Ignace d’Antioche (35-110) que le pontife a reprise à son compte. Depuis le 13 mars, il n’a utilisé qu’à de rares reprises le mot ‘pape’ pour définir son propre rôle.
Certains ont demandé, dans la presse italienne, le retour du pape à Saint-Jean-de-Latran. La démarche impliquerait un retour aux Eglises patriarcales. Un tel geste aurait, selon certains, une forte signification œcuménique. Cela placerait l’évêque de Rome au rang de ‘primus inter pares’ et non plus à celui d’une autorité absolue, sans toutefois renoncer à la nature divine de sa charge.
Encadré
«Latran» provient du nom de la demeure d’une grande famille de patriciens romains, les Laterani, sur laquelle la basilique a été élevée. Le premier bâtiment a été construit sur le même modèle que l’antique basilique Saint-Pierre du Vatican, édifiée sous le règne de l’empereur Constantin et consacrée en 324 par le pape Sylvestre Ier. Sa nef longue de 130 mètres en fait la plus grande église de Rome après Saint-Pierre. Le Latran a été la résidence des papes (qui habitaient dans un palais adjacent, le Patriarco) jusqu’en 1309, date à laquelle Clément V fit transférer le Saint-Siège à Avignon.
Une histoire mouvementée
La basilique et son palais ont connu une histoire mouvementée. Ils subissent des dégâts lors des sacs de Rome par Alaric en 410, puis Genséric en 455. Un tremblement de terre détruit la basilique en l’an 896. Reconstruite entièrement par le pape Serge III au Xe siècle, elle est à nouveau détruite par un terrible incendie dans la nuit du 6 mai 1308 sous le pape Clément V, qui la fait encore reconstruire. Les travaux sont terminés sous le règne de son successeur avignonnais, Jean XXII. La cathédrale de Rome est encore endommagée par un séisme en 1349, puis par un autre incendie en 1361, et à chaque fois restaurée.
L’édifice actuel est, en fait, une reconstruction des XVIIe et XVIII siècles. On doit sa nef et son aménagement intérieur – réalisés pour le pape Innocent X à l’occasion du Jubilé de 1650 – à l’architecte Francesco Borromini. La façade monumentale élevée en 1734 est l’œuvre de l’architecte Alessandro Galilei.
C’est dans la basilique que l’empereur Charlemagne est baptisé le jour de Pâques de l’an 774 et c’est à Saint-Pierre qu’il est couronné, le 25 décembre 800. Enfin, le Latran a été le siège de cinq conciles : Latran I (1123), Latran II (1139), Latran III (1179), Latran IV (1215) et Latran V (1512).
Très symboliquement, et selon la tradition héritée de l’époque médiévale, quand le pape venait prendre possession de sa cathédrale, il s’arrêtait au pied du Capitole, où le maire de Rome et la municipalité venaient le saluer. Jouissant de l’extraterritorialité comme les autres basiliques majeures de Rome (Saint-Paul-hors-les-murs, Sainte-Marie-Majeure) qui dépendent directement du Vatican, la basilique est associée aux grandes heures de la capitale italienne et de l’histoire contemporaine de la péninsule.
Un lien particulier avec la France
C’est au palais du Latran que sont signés, le 11 février 1929, les fameux accords créant l’Etat de la Cité du Vatican. Jean XXIII (1958-1963) a redonné toute son importance au Latran en décidant, en 1962, d’installer le vicariat de Rome – siège de l’administration du diocèse – dans le palais attenant à la basilique. C’est Paul VI qui a réalisé ce projet quelques années plus tard. C’est à Saint-Jean que ce même pape a voulu célébrer la messe en la mémoire d’Aldo Moro, le leader de la Démocratie chrétienne assassiné par les Brigades rouges en 1978. Enfin, lorsque dans la soirée du 26 juillet 1993, une bombe éclate et cause d’importants dégâts à la loge des bénédictions de la basilique et à la façade du palais, cet attentat est immédiatement considéré comme un défi lancé à l’Italie et à la papauté.
La France se trouve, elle aussi, liée à l’histoire du Latran. En 1604, pour célébrer la reprise des relations entre ce pays et le Saint-Siège, Henri IV fait don au Latran de l’abbaye de Clairac (dans le département du Lot-et-Garonne) et de ses revenus. En échange, le roi reçoit le titre de chanoine honoraire du chapitre de la basilique que les présidents de la République française portent toujours. Chaque année, une messe pour la France est célébrée par le chapitre du Latran le 13 décembre, fête de la sainte Luce et anniversaire de la naissance d’Henri IV. L’ambassadeur de France auprès du Saint-Siège y assiste en tant que représentant du président de la République. Il y reçoit les honneurs liturgiques. Malgré plusieurs interruptions, la tradition s’est maintenue jusqu’à nos jours. (apic/imedia/mm/hy/ami/rz)