Plaidoyer de Jean Paul II contre la peine de mort
Saint Louis: Fin de la visite du pape aux Etats-Unis
De notre envoyée spéciale Caroline Boüan
Saint Louis 28 janvier 1999 (APIC) Le pape Jean Paul II a une nouvelle fois qualifié de «sanglante et d’inutile» la peine de mort et renouvelé son appel en faveur de son abolition aux Etats-Unis. Lors de la grand-messe célébrée à Saint-Louis dans l’Etat du Missouri, au dernier jour de son 85ème voyage hors d’Italie, Jean Paul II n’a pas craint de contredire l’opinion américaine dominante, s’attirant même quelques sifflets dans la foule. La société moderne, possède actuellement d’autres moyens de défendre la vie des innocents contre les criminels, a-t-il expliqué.
La grand messe du pape célébrée mercredi devant 120’000 fidèles rassemblés dans le «Trans World Dom» de Saint Louis, le plus grand bâtiment couvert des Etats-Unis, a été le dernier moment fort du voyage du pape. Plus de 200 évêques et des milliers de prêtres venus de tous les Etats-Unis ont concélébré avec Jean Paul II dans cette ville considérée comme un des bastions catholiques du Middle West. Malgré l’accueil très chaleureux et enthousiaste de la population, Jean Paul II n’a pas infléchi d’un iota ses avertissements sévères à la nation américaine. Pour lui la «Nouvelle évangélisation» signifie certes d’abord conversion personnelle, mais aussi une conversion sociale. La culture de la vie exige concrètement de dire non à l’avortement, non à l’euthanasie, non à la peine de mort, non au racisme, non à la violence mais oui à la famille, oui à la solidarité. Le pouvoir des Etats-Unis en tant que superpuissance n’est moralement justifiable que s’il est considéré comme un service pour le bien de tous, et non comme un privilège.
La demande du pape d’abolir la peine de mort intervient un mois après celle lancée à Noël, et au moment où le Centre américain d’information sur la peine de mort annonce au moins douze exécutions aux Etats-Unis pour le mois de février, dont trois pour le seul Etat du Texas. Par ailleurs, le pape a dénoncé cette peine «sanglante et inutile» au lendemain-même du jour initialement prévu pour l’exécution de Darrell Mease dans l’Etat du Missouri. Une exécution simplement repoussée au 10 février prochain en raison de la présence du pape. Une décision qualifiée mardi de «moquerie» par le porte-parole du Saint-Siège.
Non au racisme
Autre appel lancé par le pape: celui d’un retour au sein de l’Eglise de ceux qui ont cessé de pratiquer leur foi, à l’occasion du Jubilé de l’an 2000. Ce retour est possible même lorsque la communion eucharistique ne l’est pas, a expliqué Jean Paul II – allusion claire aux divorcés remariés -, la clef le permettant étant le repentir et la conversion, clef d’une porte qui est le Christ.
Cette messe a été également l’occasion pour Jean Paul II d’appeler une fois encore à la défense de la dignité de la vie. «L’avortement, l’euthanasie et le suicide assisté sont un terrible rejet du don de la vie et de l’amour par Dieu.»
Dans cette ancienne capitale sudiste, le pape n’a pas manqué non plus de condamner fermement toute forme de racisme. La rencontre du pape avec Rosa Parks, âgé aujourd’hui de 85 ans, et venue spécialement de Détroit, était lourde de signification. Rosa Parks fut, presque malgré elle, une pionnière du Mouvement des Droits Civiques dans l’Etat américain de l’Alabama, pour avoir en 1965, refusé, en tant que femme noire, de céder dans un autobus une place réservée officiellement aux passagers blancs. Un incident qui allait lancer la lutte de Martin Luther King.
Après la célébration des vêpres, dans la cathédrale de Saint Louis, le pape a regagné l’aéroport Lambert où il s’est encore entretenu durant quelques minutes avec le vice-président américain Al Gore.
Enfin, en quittant Saint Louis dans la soirée, l’avion du pape a survolé la grande arche d’acier – haute de 200 mètres – qui symbolise la ville, à quelques mètres du Mississipi, souvenir du temps, au siècle dernier, où elle était le lieu de passage obligé des pionniers en route vers le Far West. Une arche que Jean Paul II a aussi décrite comme une «porte vers le témoignage chrétien», le «service évangélique», et vers la «solidarité» au sein de l’Eglise du continent américain, thème central du document post-synodal signé cinq jours plus tôt à Mexico. (apic/imed/cic/aci/mp)