Le témoignage de l’handicapé Jacques Lebreton, diacre permanent
Saint-Maurice: pèlerinage pour les vocations (020593)
Saint-Maurice, 2mai(APIC) Près de 600 personnes sont venues écouter samedi le diacre français Jacques Lebreton, sans yeux et sans mains, dans la
grande salle du Collège de l’Abbaye à Saint-Maurice. Un témoignage d’espérance reçu dans le cadre du pèlerinage annuel organisé par l’équipe des vocations du Bas-Valais et du Chablais à l’occasion de la Journée mondiale
des vocations. Les paroles à la fois fortes et simples de Jacques Lebreton,
la messe d’action de grâce présidée dans la basilique par l’Abbé de SaintMaurice, Mgr Henri Salina, et la marche des jeunes dans la nuit, ont été
les trois moments-clefs de cette réflexion sur les vocations.
Jacques Lebreton est né à Brest en 1922. Alors qu’il est jeune soldat,
une grenade lui expose dans les mains, le privant de celles-ci et de la
vue. Dès lors, sa vie devient un itinéraire spirituel et un service des autres. Marié, père de famille – il a cinq enfants – et diacre permanent depuis le 23 mars 1974, il témoigne de son amour de la vie à travers des conférences et deux livres intitulés «Sans Yeux et sans Mains» (1966) et «Témoins de l’invisible» (1985).
«La vie est une vocation, la vie est un appel. Elle vaut la peine d’être
vécue». A travers ces quelques mots prononcés samedi à Saint-Maurice, c’est
toute la conviction de Jacques Lebreton qui s’exprime. Il fait de son témoignage un hymne à la vie. D’une existence humaine brusquement transformée
par un accident, il en fait une marche vers Dieu dans le service des autres. Il a raconté simplement son expérience de vie personnelle avec
d’abord sa révolte, mais «Dieu m’a protégé de la révolte contre lui». Puis
il raconte sa souffrance, mais éclairée par une conviction: «l’homme n’est
pas fait pour souffrir, mais pour la joie. Un homme, c’est fait pour
l’espoir. La souffrance n’est pas une malédiction, elle est un itinéraire».
Itinéraire de foi pour Jacques Lebreton qui peut affirmer aujourd’hui:
«La réponse est en toi. Encore faut-il que tu vives ton «fiat». Il suffit
d’être pauvre devant Dieu». Pour lui, la foi n’est pas un réflexe superficiel, elle vient du fond des tripes. La foi n’est pas capitulation, elle
est rencontre. Cette rencontre de Dieu qui lui a donné de trouver sa joie
dans le service des autres. «Jésus-Christ n’est pas quelqu’un en face de
nous, c’est quelqu’un au-dedans de nous. Il nous demande s’assumer notre
croix. Alors elle deviendra source de fécondité pour le service des autres».
Les diacres permanents, «missionnaires du travail»
Ce service, Jacques Lebreton a voulu le vivre en étant ordonné diace
permanent: «Etre diacre permanent, c’est un état. C’est signifier la dimension spirituelle du travail profane. Le diacre est au prêtre ce que le laboureur est au semeur». Il a plaidé pour un diaconat permanent qui ne soit
pas enfermé dans un ministère ritualisé. «Il doit rejoindre les hommes là
où ils vivent». Reprenant une expression des évêques de France à Lourdes,
il a qualifié les diacres permanents de «missionnaires du travail». Car
fondamentalement, Jacques Lebreton l’a affirmé avec force dans son homélie
lors de la messe, «un homme, c’est fait pour servir. Le monde d’aujourd’hui
a besoin de retrouver le sens du service pour retrouver en Jésus-Christ sa
vraie dignité».
Journée mondiale des vocations
Mgr Henri Salina a pour sa part repris le sigle de la Journée mondiale
des vocations JMV, pour le traduire en ces termes: J comme jeunesse, M comme monde, V comme voie, vérité, vie. Il a encouragé chacun à s’interroger
sur la mission de veilleur et d’éveilleur de vocations dans l’Eglise. La
messe était animée par le choeur des jeunes «Agapé» qui a présenté un jeu
scénique sur le monde d’aujourd’hui avant le témoignage de Jacques Lebreton. Les jeunes du Bas-Valais et du Chablais ont ensuite pris le relais
dans une marche aux flambeaux dans la nuit et par une rencontre fraternelle, au matin, auprès de la communauté des capucins de Saint-Maurice. (apicid/cor/ba)