que ceux de Mgr Romero, affirme Mgr Rivera y Damas

Salvador: les assassins des six jésuites les mêmes (191189)

Protestations à Washington contre l’aide militaire au Salvador

Washington/San Salvador, 19novembre(APIC/CIP) Un millier de personnes ont

manifesté samedi dans les rues de Washington et fait un «sit-in» devant la

Maison Blanche pour protester contre l’aide militaire croissante accordée

par le gouvernement Bush au gouvernement salvadorien rendu responsable de

l’assassinat jeudi dernier de six jésuites dans l’enceinte de l’Université

catholique centro-américaine (UCA). Une centaine de manifestants ont été

arrêtés. L’archevêque de San Salvador, Mgr Arturo Rivera y Damas, a de son

côté estimé que les assassins des six jésuites sont les mêmes que ceux de

Mgr Oscar Romero, l’archevêque de San Salvador abattu alors qu’il disait la

messe le 24 mars 1980.

Les assassins de Mgr Romero et de plusieurs autres prêtres sont membres

des «Escadrons de la Mort», en cheville avec les forces de sécurité gouvernementales et le parti d’extrême-droite ARENA actuellement au pouvoir; ils

n’ont jamais été inquiétés par la justice salvadorienne. Pour ce qui est

des auteurs de ces crimes, a expliqué Mgr Rivera y Damas sur les ondes de

Radio Vatican, on ne peut faire que des hypothèses. «Pour moi, il s’agit

des mêmes individus que ceux qui ont assassiné Mgr Romero; les faits se

sont passés, en effet, dans une zone fortement militarisée et durant le

couvre-feu. Or, les seuls qui peuvent se déplacer dans ces circonstances

sont les membres de l’armée gouvernementale. En outre, il y a des personnes

qui ont vu des hommes en uniforme dans cette zone».

Nécessité de reprendre les négociations

Bien que les jésuites de l’Université catholique de San Salvador assassinés – notamment le recteur Ignacio Ellacuria, le vice-recteur Martin Baro

et le directeur de l’Institut des droits de l’Homme de l’UCA Segundo Montes

– aient été accusés à maintes reprises par les médias contrôlés par le pouvoir de soutenir la guérilla, l’archevêque de la capitale salvadorienne

s’est empressé de démentir ces allégations. «Les jésuites, a-t-il souligné,

ont toujours fait l’objet de critiques analogues. Or j’ai toujours considéré le travail des jésuites comme une contribution de grande valeur scientifique. Leur analyse de la situation nationale a toujours été sérieuse et

objective… Ils ont fait un travail impartial». Selon l’archevêque Rivera

y Damas, le sacrifice des six jésuites assassinés doit faire réfléchir pour

en arriver d’abord à la fin des actions militaires dans le pays. «Il est

absolument nécessaire de reprendre les négociations, de renouer le dialogue», a-t-il encore déclaré.

Mgr Rivera, au cours d’une rencontre avec le président salvadorien

Alfredo Cristiani (ARENA), a demandé que toute la lumière soit faite sur

les circonstances de l’assassinat des six jésuites. Dans une interview

acccordée samedi au quotidien catholique italien «L’Avvenire», l’archevêque

de San Salvador estime qu’il existe de fortes présomptions indiquant que

les forces armées gouvernementales sont derrière ce massacre. L’Eglise

luthérienne d’El Salvador a fait savoir d’autre part que l’armée avait

capturé vendredi 12 missionnaires protestants – dont six Allemands – qui

avaient cherché refuge dans une église.

Menaces officielles contre «certains évêques» et lettre à Jean Paul II

Le procureur général du Salvador, Mauricio Colorado, a demandé dans une

lettre au pape Jean Paul II que «certains évêques» catholiques quittent le

Salvador. Dans de larges parties de l’opinion publique, écrit le procureur

sans citer de noms, certains évêques portent une co-responsabilité pour les

événements violents au Salvador. Mauricio Colorado affirme que ces prélats

dont l’idéologie serait proche de «l’Eglise populaire», feraient mieux de

quitter le pays. Le gouvernement, écrit-il avec cynisme, «a beaucoup de

souci» que d’autres responsables de l’Eglise ne subissent le même sort que

les six jésuites assassinés jeudi dernier. Des radios contrôlés par le

gouvernement ont taxé les six jésuites de «communistes», ainsi que Mgr

Rivera et son auxiliaire, Mgr Gregorio Rosa Chavez, tous deux considérés

pourtant comme des «modérés» et des partisans de la paix. (apic/kna/cic/jtbe)

19 novembre 1989 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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