Grèce: L’Eglise orthodoxe grecque dans la tourmente financière

Scandales immobiliers: les Grecs entre attachement à leur Eglise et rejet

Athènes, 12 septembre 2010 L’Eglise orthodoxe grecque est dans la tourmente financière Scandales immobiliers et remise en cause d’avantages fiscaux marquent les rapports parfois orageux entre l’Église orthodoxe, connue pour son conservatisme, et l’État grec.

Selon un dossier publié par «La Croix», les Grecs entretiennent avec leur Église une relation paradoxale où se mêlent attachement et rejet. Attachement, car l’Église orthodoxe est étroitement liée à la guerre d’indépendance contre le joug ottoman, et à l’idée même de la création de la «nation» grecque.

Rejet, aussi, car les scandales financiers impliquant l’Église, des popes et les moines du mont Athos, cette république théocratique semi-autonome encore interdite aux femmes, se succèdent depuis quelques années à un rythme soutenu.

Le dernier en date concerne la vente suspecte par l’Église orthodoxe de Grèce d’un terrain de grande valeur situé sur le littoral près d’Athènes, pour 14 millions d’euros, à un employé du conseil municipal contre lequel l’Église avait intenté un procès pour occupation illégale.

Or, affirme «La Croix», ce terrain de 4 000 mètres carrés, situé en bord de mer dans la très chic station balnéaire de Vouliagmeni, a été revendu dès le lendemain à trois sociétés offshore pour 15,5 millions d’euros. Le parquet d’Athènes a ouvert une enquête sur la transaction en attendant d’identifier les personnes impliquées dans la vente.

Il y a quelques jours, la chaîne de télévision privée Mega révélait un autre scandale qui impliquerait le chef de l’Église orthodoxe. Cette fois, il s’agit de 2,58 milliards d’euros de cotisations sociales qu’une école prestigieuse – dont le président d’honneur est le primat d’Athènes, l’archevêque Ieronymos II – a « oublié » de verser dans les différentes caisses de ses employés. Selon les responsables de cette école, cet argent a été soustrait au bien public pour faire face aux besoins de l’établissement. Seulement, il s’avère, après enquête, que seuls 250 millions d’euros ont été utilisés à cet effet.

Le reste aurait servi à payer, de 2005 à 2007, les salaires de 150 professeurs, embauchés pour des raisons clientélistes. Mgr Ieronymos II dit ignorer tout de l’affaire et a demandé que l’enquête ouverte par le parquet « aille jusqu’au bout ».

L’Église orthodoxe grecque reste par ailleurs le plus gros propriétaire foncier du pays: 130’000 hectares de terres à bâtir, de forêts et de plages. Le bénéfice net de ses activités est estimé à 12 millions d’euros pour 2009. Pourtant, malgré cette prospérité, l’église grecque refuse de voir son assiette d’imposition augmenter. Etrange notion de solidarité, à un moment où le pays traverse une grave crise financière.

Pour l’évêque de Ioannina, Théoklitos, qui préside le comité des finances de l’Église, il s’agit là d’une question de principe : « On nous demande de contribuer à cause de l’échec des politiques économiques. Nous refusons de payer pour les fautes des autres. Il faut en finir avec le mythe des richesses fabuleuses de l’Église. » (apic/cx/pr)

12 septembre 2010 | 15:57
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
Partagez!