Russie: Un responsable musulman abattu en pleine rue dans le Nord-Caucase

Selon le ministre de l’Intérieur, il s’opposait au wahhabisme

Moscou, 24 septembre 2009 (Apic) Ismaïl Bostanov, un éminent représentant du clergé musulman en Russie, a été tué par balles alors qu’il roulait en voiture dans le Nord-Caucase. Le meurtre a eu lieu le 20 septembre, jour où le Kremlin adressait ses vœux aux musulmans de Russie à l’issue du mois saint du ramadan, les remerciant pour leur promotion de la tolérance interreligieuse dans le pays.

Vice-président du Conseil musulman de Karatchayevo-Tcherkessie et de Stavropol, et recteur de l’Institut islamique de Tcherkessk, Ismaïl Bostanov, a été abattu alors qu’il était arrêté à un feu rouge. Le responsable musulman avait déjà survécu à un attentat en 2006, lorsqu’un homme armé avait pénétré dans sa maison, le blessant lui et sa femme.

Jusqu’à présent épargnée par l’instabilité que connaît la région du Nord-Caucase, située en Russie, la République de Karatchayevo-Tcherkessie se situe à environ 1’700 km de Moscou, à la frontière avec la Géorgie. Ismaïl est le quatrième responsable musulman à être tué dans le Nord-Caucase en 2009, selon un rapport publié le 21 septembre par l’agence de presse russe Interfax-Religion.

Des agences de presse russes ont indiqué que, pour le ministre de l’Intérieur de Karatchayevo-Tcherkessie, le meurtre d’Ismaïl Bostanov est lié au fait qu’il s’opposait au wahhabisme, un courant de l’islam extrêmement conservateur. Ismaïl Berdiev, chef du Centre de coordination des musulmans du Nord-Caucase, a affirmé à l’agence de presse ITAR-TASS que, selon lui, la religion est le motif de l’assassinat.

«Ce meurtre n’a pu être commis que pour des raisons religieuses»

«Ce meurtre n’a pu être commis que pour des raisons religieuses. Il ne faisait pas d’affaires et il ne menait aucune autre activité. C’était un homme profondément religieux et je n’ai pas d’autre explication», a déclaré Ismaïl Berdiev à l’agence de presse russe.

La région du Nord-Caucase est constituée de plusieurs républiques montagneuses du sud de la Russie. Elle comprend la Tchétchénie, qui a été déchirée par deux guerres avec la Russie depuis le milieu des années 1990, et l’Ossétie du Nord, où des hommes armés ont pris en otage une école, entraînant la mort de centaines d’élèves en 2002. Ces dernières années, l’instabilité croît particulièrement au Daghestan ainsi qu’en Ingouchie, où deux responsables religieux musulmans ont été tués en 2009.

Le patriarche Kirill Ier, qui est à la tête de l’Eglise orthodoxe russe, et le rabbin Berl Lazar, l’un des grands rabbins de Russie, ont exprimé leurs condoléances et fait part de leur préoccupation concernant les attaques visant des responsables des «religions traditionnelles» de la Russie. «Je suis convaincu que les représentants de toutes les traditions religieuses de la Russie vont se joindre à notre demande pour que les mesures les plus dures soient prises à l’encontre des milieux criminels, de ceux qui cachent les armes des terroristes et les terroristes eux-mêmes», a déclaré le rabbin Lazar.

Dans un communiqué publié sur le site internet du Patriarcat de Moscou (www.patriarchia.ru), Kirill Ier a dénoncé que le fait que des terroristes prennent pour cible des «imams et muftis traditionnels qui, depuis plus de vingt ans, sont des fers de lance de la lutte contre l’extrémisme». (apic/eni/be)

24 septembre 2009 | 17:17
par webmaster@kath.ch
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