Sénégal: Colère et indignation après un acte homophobe barbare
L’exhumation du corps d’un présumé homosexuel et son incinération, hors du cimetière où il avait été enterré quelques moments plutôt, le 28 octobre 2023, à Kaolack, au sud de Dakar, suscite, colère et indignation au Sénégal.
Les faits se sont produits à Kaolack, au sud de Dakar, dans la soirée du 28 octobre . Une foule en furie a pris d’assaut un cimetière musulman de la ville, après avoir été informé de l’inhumation d’un homme suspecté d’avoir été homosexuel. Les manifestants ont d’abord déterré son corps, qu’ils ont ensuite trainé dans la rue où ils l’ont brûlé, arguant le fait que même mort, il ne devrait pas «souiller» le cimetière.
L’opinion publique, les familles religieuses, et les organisations de la société civile ont été unanimes à condamner cet acte ‘barbare’ sans précédent, considéré comme une conséquence de l’obscurantisme religieux qui se développe dans le pays, par des prêcheurs et fanatiques musulmans.
«Ces actes d’une extrême gravité relèvent de la barbarie», a dénoncé le procureur de la république de Kaolack. Il a immédiatement ordonné l’ouverture d’une enquête, pour identifier les auteurs et engager contre eux, des poursuites pénales. La loi prévoit des sanctions pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison et des amendes contre les auteurs de violation de tombeaux, de sépultures ou d’atteinte aux corps, même non inhumés.
L’obscurantisme musulman mis en cause
Pour l’influent leader d’opinion et ancien homme politique, Moustapha Diakhaté, «cet acte barbare a une origine: le discours obscurantiste et fanatique de certains oulémas, prédicateurs musulmans et associations islamiques». «Depuis plusieurs années, à longueur de sermons, de prêches, de conférences, de fatwas, d’émissions de télévision, de radios, sur les réseaux sociaux, des enseignants du Coran et autres imams obscurantistes ont fabriqué les barbares qui ont exhumé le corps d’un supposé homosexuel avant de le brûler», a-t-il poursuivi dans un texte publié sur plusieurs sites d’informations en ligne. Il a appelé l’Etat à faire face à «la menace grandissante de l’obscurantisme et de l’extrémisme religieux d’associations islamiques, d’oulémas et imams» et être ferme dans sa détermination à défendre «le Sénégal républicain, laïque et démocratique».
L’homosexualité reste punissable
De son côté, le khalife général de Léona Niassène, quartier où a eu lieu l’incident, Serigne Cheikh Tidiane Niass a exprimé sa «profonde indignation et sa condamnation catégorique de cet acte répréhensible, qui ne peut en aucun cas être justifié ni toléré, et commis à l’encontre d’un individu dont nous n’avons aucune responsabilité sur sa vie privée».
Il n’en reste pas moins que les relations sexuelles entre personnes de même sexe, connues sous l’appellation officielle d’acte contre nature restent un délit punissable au Sénégal d’une peine de prison ou d’une amende de 100’000 à 1’500’ 000 FCFA (146 à, plus de 2’000 CHF). (cath.ch/ibc/mp)