90% des Sénégalais sont musulmans

Sénégal. Controverse sur le port du voile islamique dans une école catholique

Dakar, 29 octobre 1997 (APIC) La directrice d’une école privée catholique de Dakar, en refusant l’accès à son école d’une élève portant le voile islamique, a ouvert une vive polémique au Sénégal. Ce pays de 8 millions d’habitants compte parmi sa population 90% de personnes appartenant à la religion musulmane.

La directrice de l’école catholique, Marie-Louise Sow, justifie son attitude envers l’écolière pourtant régulièrement inscrite dans son établissement depuis 6 ans, en déclarant:. «Nous avons une école laïque. Par conséquent, on ne peut pas permettre de telles coutumes à l’école qui donneraient une légitimité aux signes distinctifs d’une religion parmi nos élèves.»

La décision de la directrice a suscité une levée de boucliers dans le pays. Dans une tribune libre parue dans le quotidien sénégalais «L’Aurore», un lecteur s’est indigné de cette mesure «si méprisante» qui va au-delà du comportement le plus zélé et le plus intolérant des administrateurs coloniaux». Il a appelé les autorités à réagir contre ce déni de justice afin d’éviter que des enseignants musulmans qui s’habillent selon leur religion ne soient victimes «d’une inquisition qui ne dit pas son nom».

Rentrée scolaire controversée

L’incident «du tchador de la discorde» a lieu dans un contexte de controverse sur la rentrée scolaire au Sénégal. Le gouvernement a fixé la rentrée des classes au 10 novembre. Ce retard d’un mois de la rentrée scolaire qui a lieu traditionnellement au mois d’octobre est liée au prolongement de la dernière année scolaire perturbée par de nombreuses grèves d’enseignants. Les écoles privées catholiques n’en n’ont pas tenu compte et elles ont ouvert leurs classes le 10 octobre. Les responsables des écoles catholiques ont avancé des motifs financiers et pédagogiques pour demander aux autorités compétentes, l’autorisation de recommencer les cours en début octobre. En respectant la date officielle fixée par le gouvernement, elles auraient, disent-ils, subi un préjudice financier de près de 200 millions FCFA, soit environ 125’000 francs suisses par mois. Par ailleurs, en s’en tenant à la date officielle, cela amènerait à cinq mois la durée des vacances scolaires au Sénégal, un chiffre bien trop supérieur aux normes pédagogiques universellement admises.

La manièère de faire des responsables des écoles privées catholiques provoque également des réactions passionnées. L’opinion publique critique la date de rentrée des écoles catholiques qui va à l’encontre d’un décret présidentiel sur la date officielle des classes dans le pays. L’hebdomadaire populaire «Le Témoin» s’interroge «si la laïcité de l’Etat n’est pas maintenant menacée par l’activisme du lobby privé catholique?»

Dans un éditorial intitulé: «Touche pas à ma laïcité», Mamadou Oumar Ndiayé, directeur du même journal, écrit : «Si l’éducation qui constitue le fer de lance de la laïcité bascule sous la coupe d’un lobby confessionnel, où allons-nous? Qu’ils soient islamistes ou catholiques, peu nous chaud: La laïcité nous y tenons, car elle est inscrite dans la Constitution sénégalaise».

Le Sénégal compte près d’une centaine d’établissements privés catholiques composés d’écoles allant du pré-scolaire à l’enseignement supérieur. (apic/ibc/ba)

10 avril 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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