Sénégal: De plus en plus de critiques contre les marabouts et leurs privilèges
Un imam les voue aux «foudres de l’enfer»
Dakar, 13 février 2003 (APIC) Tamsir Ndiour, un célèbre imam sénégalais de Thiès (70 km au nord de Dakar), a dressé le 13 février un violent réquisitoire contre certains marabouts. Selon lui, ils détournent la parole de Dieu pour leur propre intérêt. Au Sénégal, les marabouts jouissent d’un statut social et économique particulier auprès des autorités et d’une partie de l’opinion publique. Cependant, de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer l’importance démesurée qui leur est accordée.
Selon l’Agence de Presse Sénégalaise, Tamsir Ndiour a estimé que certains d’entre eux sont «cupides et de mauvaise foi». Ils usent et abusent de l’islam pour se faire un nom. ’’Cette catégorie de marabouts sera châtiée par les foudres de l’enfer’’. Ce réquisitoire est largement commenté au Sénégal. Il exprime l’état d’esprit des Sénégalais à l’égard du clan des marabouts. Les intellectuels montent souvent au créneau pour les critiquer.
L’imam Tamsir Ndiour est un guide religieux célèbre pour ses prédications lors des prières religieuses. Il s’est exprimé devant le Premier ministre Idrissa Seck, dans un sermon qu’il a prononcé après la prière de la tabaski ou aïd el adha. Cette fête du sacrifice du mouton a été célébrée mercredi tant au Sénégal que dans la plupart des pays musulmans d’Afrique noire. Au Sénégal, près de deux millions de moutons et chèvres ont été sacrifiés à l’occasion de la fête.
Le célèbre imam a aussi fustigé l’opportunisme des hommes politiques sénégalais et préconisé un assainissement du champ politique dans le pays. ’’Beaucoup de personnes ont contribué à l’alternance, a indiqué l’imam, mais cela n’est pas une raison pour faire du chantage et exiger des choses impossibles’’. L’alternance au Sénégal est le changement de régime qui a lieu en mars, à la suite de la victoire de l’opposition, lors de l’élection présidentielle. (apic/ibc/sh)