Des intellectuels dénoncent la mainmise de l’islam
Sénégal: Introduction de l’enseignement coranique à l’école
Dakar, 7 février 2005 (Apic) La future introduction de l’enseignement coranique à l’école publique menace la cohésion nationale, dénoncent les participants à un séminaire national sur la cohabitation entre les religions.
Le «rôle intégrateur et de compréhension mutuelle entre les membres de différentes confessions», est menacé, ont déclaré les participants à un séminaire national sur la cohabitation pacifique entre les différentes confessions.
«Au nom de la cohésion sociale, l’école doit rester au-dessus de la mêlée religieuse» a ainsi souligné Ute Gierzynski-Bocandé, enseignante à l’université de Dakar. Selon elle, les Sénégalais sont «divisés en musulmans, chrétiens et ethnies». Des critères «basés sur «d’énormes préjugés». «Ceux-ci risquent d’évoluer vers l’intolérance, l’incompréhension et la haine», a-t-elle ajouté.
Soulèymane Gomis, assistant au département de sociologie à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, a rappelé pour sa part que le Sénégal dispose de mécanismes dans la société, qui fonctionnent comme garde-fous. «Ce fondement est aujourd’hui en train d’être menacé parce que l’Etat veut satisfaire une vieille revendication de la communauté musulmane majoritaire, en introduisant l’enseignement coranique dans les écoles publiques».
L’école est devenu un enjeu de luttes
«Or, a-t-il poursuivi, l’école constitue l’unique espace de dialogue entre les communautés religieuses et ethniques. Maintenant, «elle est devenue un enjeu de lutte entre les différents groupes sociaux et religieux». L’école sénégalaise est «aujourd’hui menacée par la mainmise de l’islam», a poursuivi Soulèyemane Gomis.
«Les conséquences de l’enseignement du Coran dans les écoles élémentaires et bientôt dans les collèges et lycées sont néfastes pour l’harmonie de la société». Les autres religions, le christianisme et les religions traditionnelles, verront leur part de plus en plus réduite. Pour Penda Mbow, présidente de Mouvement Citoyen, les hommes politiques sénégalais ne doivent pas garder le mutisme sur l’introduction de l’enseignement religieux dans les écoles publiques. (apic/ibc/vb)