Sénégal: Les évêques veulent un renforcement de la démocratie sénégalaise

«Graves préoccupations» pour l’avenir politique du pays

Dakar, 7 juin 1998 (APIC) L’avenir politique du pays est une l’une des préoccupations majeures des évêques du Sénégal. A l’issue de ses travaux à Dakar, la Conférence épiscopale du Sénégal, de la Mauritanie, de la Guinée-Bissau et du Sénégal, réclame un renforcement des acquis démocratiques au Sénégal, un pays secoué par la fièvre post-électorale.

Les évêques, réunis à Dakar du 3 au 5 juin dernier en assemblée ordinaire, ont réaffirmé leurs «nombreuses et graves préoccupations» par rapport à la situation et à l’avenir politique du Sénégal, après les élections législatives du 24 mai dernier dont les résultats définitifs seront proclamés en début de semaine. Ils ont aussi exprimé leur volonté de se doter d’un organe de presse pour traduire l’opinion des chrétiens sur ce qui se passe autour d’eux.

Au terme des travaux, le président de la Conférence, Mgr Théodore-Adrien Sarr, évêque de Kaolack (au sud de Dakar), a fait part à la presse de ses inquiétudes: «Il faut que les acquis de la démocratie sénégalaise se renforcent, en particulier dans l’expression libre des gens et le respect de cette expression». Il commentait en particulier les contestations post-électorales qui caractérisent les élections au Sénégal.

Ces protestations, liées au rejet par l’opposition des résultats du scrutin pour cause de d’irrégularité, provoquent à chaque fois des troubles et des violents affrontements dans le pays. Les résultats donnent toujours vainqueur le président Abdou Diouf et sa formation politique, le Parti socialiste (PS), qu’il s’agisse d’élections présidentielles ou législatives.

Sécheresse et mauvaises récoltes

Les prélats ont aussi exprimé leur inquiétude face aux déficits alimentaires dans leurs pays respectifs causés par la sécheresse et les mauvaises récoltes. Ils ont réitéré leur appel pour une aide en vivres en faveur des populations concernées. Les évêques ont également discuté de la situation en Casamance, région sud du Sénégal, secouée depuis décembre 1982 par la lutte pour l’indépendance. Un prêtre de la province, l’abbé Augustin Diamacoune Senghor, est l’un des leaders du mouvement.

Le rôle du prêtre n’est pas d’être guérillero

Un participant à la Conférence sous-régionale de Dakar, Mgr Pierre Sagna, évêque de Saint-Louis du Sénégal, a rappelé le rôle de l’Eglise et de ses chefs dans la gestion de cette crise. Les démarches continuent pour «ramener nos frères à la raison», mais aussi ceux qui les ont poussés à prendre les armes et le maquis. Mentionnant l’abbé Diamacoune Senghor, il a signalé lui avoir dit que «sa place n’est pas là, un prêtre n’est pas un guérillero».

Les représentants de l’Eglise catholique qui ont été reçu en audience par le président Abdou Diouf, se sont également penchés sur la nécessité de créer un journal catholique qui se chargera de véhiculer «l’opinion des chrétiens». L’archevêque de Dakar, le cardinal Hyacinthe Thiandoum, a annoncé la tenue d’une prochaine rencontre pour étudier les modalités de création de ce nouvel organe de presse. (apic/ibc/be)

3 mai 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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