construction de deux barrages loin d’être réglés

Sénégal – Mauritanie : conflits autour de la (110789)

Lausanne, 11juillet(APIC) Sur l’invitation de l’EPER (Entraide Protestante Suisse) cinq membres et responsables du Projet de développement intégré

de Podor (PIP) étaient présents à Lausanne, le lundi 10 juillet, pour informer l’opinion de la situation de conflits qui règnent dans la région du

fleuve Sénégal qui démarque la frontière avec la Mauritanie. La principale

cause de ce conflit est le construction de deux barrages qui entraînent

l’exode rural des Africains vivant au bord de ce fleuve.

Le département de Podor, situé au Nord du Sénégal, est durement touché

par la sécheresse. De plus, les pluies se font de plus en plus rares et la

faible production de ces dernières années a provoqué l’exode rural des

paysans et des éleveurs. L’EPER, présente dans cette région depuis plus de

10 ans a déjà contribué pour environ 1 million de francs au programme de

Podor et a déjà remporté un certain nombre de succès, en particulier par

l’exploitation des rives du fleuve pour le maraîchage, constituant un apport alimentaire et financier certain pour cette région particulièrement

fragile au niveau écologique. D’autres activités telles que création d’associations villageoises et de groupements de femmes font aussi partie du

programme de développement de Podor.

Un barrage à problème

Avec la construction de deux barrages dont celui de Manantali, construit

dans le triangle Mali-Mauritanie-Sénégal, un nouveau problème surgit qui

engendre de graves conséquences sociales et économiques.

Pour les gens du fleuve qui appartiennent à diverses ethnies, le fleuve

Sénégal n’a jamais été considéré comme une frontière entre le Sénégal et la

Mauritanie mais plutôt comme un lien. Les familles cultivaient

indifféremment sur les deux rives. Il y avait même des villages entièrement

sénégalais sur le côté mauritanien.

Depuis la construction du barrage, cette région devient économiquement

intéressante par la mise en valeur de la vallée du fleuve et l’irrigation

prévue. Les autorités mauritaniennes veulent donc s’emparer des terres et

expulsent les populations noires, Mauritiens et Sénégalais. A des motifs

économiques s’ajoutent des raisons politiques. Les Baasistes, appuyés par

l’Irak, dominent dans le gouvernement et veulent «blanchir» le pays. Pour

cela il faut expulser tous les négro-africains qui constituent entre 60 et

70 % de la population. Cette politique a pour conséquence que des milliers

de réfugiés sénégalais et déportés mauritaniens noirs traversent le fleuve,

expulsés manu militaris par les forces mauritaniennes et se retrouvent sur

les terres sénégalaises. Dépouillés de tout bien, séparés de leur famille,

c’est dans le désoeuvrement le plus complet que ces Africains doivent

tenter de survivre.

Des conditions de survie effroyables

De plus, les conditions dans lesquelles ces Africains vivent ou

«survivent» sont effroyables. Ils n’ont aucun foyer pour les accueillir et

doivent souvent se contenter d’une paillasse sur le sol. La saison des

pluies commence ce qui entraîne de graves problèmes sanitaires. Le choléra

fait son apparition ainsi que la dysenterie. Mais ces problèmes sont encore

moindres comparés à la malnutrition.

Une aide d’urgence est nécessaire. Que ce soit pour régler le conflit

sénégalo-mauritanien, ou pour soutenir l’organisation locale qui est naturellement impliquée dans ce drame humain. Un développement positif de la

situation ne peut se faire que dans la paix et la possibilité pour les

Mauritaniens de rentrer chez eux ne dépend que d’un changement de politique. (apic/mg)

11 juillet 1989 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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