Du milieu du XVe siècle à l’aube du troisième millénaire
Sénégal: Un livre sur cinq siècles de foi chrétienne en terre sénégalaise
Dakar, 15 juin 2008 (Apic) Une première: l’Eglise catholique au Sénégal a publié cette semaine un livre de 580 pages sur son histoire dans le pays et des pays voisins. Intitulé «L’histoire de l’Eglise catholique au Sénégal», il est sous-titré «Du milieu du XVe à l’aube du troisième millénaire». L’ouvrage est édité par «Karthala» à Paris, dans la collection «Mémoire d’Eglises», en collaboration avec la libraire «Claire Afrique» à Dakar.
Il est dû à la plume du Père Joseph Roger de Benoist, historien et chercheur à l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN) de l’Université de Dakar jusqu’à sa retraite. Le missionnaire d’Afrique est présent à Dakar depuis 1952 et il est un connaisseur reconnu de la réalité africaine. Il réside maintenant à Bry-sur-Marne.
Une croissance «étouffée par la traite négrière»
Son ouvrage permet de découvrir que «la petite graine de christianisme semée en 1444 dans l’île de Gorée» ne se développa pratiquement pas pendant les siècles suivants, «étouffée qu’elle était par la traite négrière et les pratiques commerciales souvent peu honnêtes».
Il n’y avait alors que des comptoirs commerciaux, Saint Louis, Gorée, quelques agglomérations luso-africaines et quelques communautés chrétiennes, dont l’existence a justifié la création d’une préfecture apostolique à Saint-Louis du Sénégal en 1779.
C’est entre 1819 et 1848 qu’arrivèrent au Sénégal les quatre congrégations qui vont y enraciner l’Eglise dans le terreau africain: les religieuses de Saint-Joseph de Cluny, les frères de l’Instruction chrétienne de Ploërmel, les pères de la Congrégation du Saint- Esprit et du Saint-Coeur de Marie, les religieuses de l’Immaculée Conception de Castres. Le premier évêque de Sénégambie, Mgr W. Aloys Kobès (1848-1872), donna à cette Eglise ses racines locales avec les premiers prêtres et frères autochtones, les premières religieuses africaines.
«Premier archevêque et premier cardinal sénégalais, Mgr Hyacinthe Thiandoum, en trente-huit ans d’épiscopat (1962-2000), vit le vieux tronc dakarois donner naissance à six nouveaux diocèses, tous dirigés aujourd’hui par des évêques sénégalais», peut-on lire sur le site internet des Pères Blancs de France (cf. http://peres-blancs.cef.fr)
Contribuer à la promotion de l’Eglise catholique dans la région
Ce livre répond à la demande des évêques de la Conférence épiscopale interterritoriale du Sénégal, de la Mauritanie, des îles du Cap-Vert et de la Guinée Bissau. Ils avaient émis le souhait d’un tel ouvrage pour contribuer à la promotion de l’Eglise catholique dans leurs pays respectifs. Agé de 85 ans, le Père Roger de Benoist, un prêtre français de la congrégation des «Pères Blancs», a vécu plusieurs décennies au Sénégal. L’enseignant et chercheur s’est intéressé à la présence catholique au Sénégal et dans les pays voisins de la période allant du milieu du XVe siècle à l’aube du troisième millénaire. L’auteur aussi y raconte son expérience de vie ecclésiastique.
Selon l’abbé Léon Diouf, secrétaire épiscopal de pastorale sociale et religieuse de l’archidiocèse de Dakar, cet ouvrage est une oeuvre de longue haleine et sa publication répond aussi à la sagesse du proverbe qui veut que l’on se retourne vers ses origines, pour mieux tracer sa trajectoire d’avenir.
Le livre comprend vingt trois chapitres, allant de l’arrivée sur les côtes sénégalaises des envoyés d’Henri le navigateur (premier chapitre), au 23e consacré aux diocèses suffragants de Dakar et à la présentation des premiers évêques du Sénégal. Les vingt trois chapitres ne représentent en définitive que deux parties. La première va du chapitre 1, intitulé «L’attrait de l’or jaune et noir» au chapitre 8, qui est intitulé «De nouveaux ouvriers (1840-1848)». Elle traite l’origine de l’Eglise catholique dans la sous-région.
La deuxième partie de l’ouvrage va du chapitre 9 et s’intitule «Le fondateur: Mgr Aloys Kobés (1848-1872), au chapitre 23 consacré à l’épiscopat de chacun des douze prédécesseurs du cardinal feu Hyacinthe Thiandoum, de Mgr Aloys Kobès à Mgr Marcel Lefebvre, à l’origine du schisme d’Ecône. L’avant-dernier chapitre est consacré au cardinal Thiandoum, décédé en mai 2001.
Outres les expériences vécues, le Père Roger De Benoist y aborde aussi plusieurs thèmes dont le dialogue islamo-chrétien au sujet duquel il note une relation «concurrentielle» entre les deux religions, tout au long des cinq siècles de cohabitation dans la sous-région. A son avis, «les deux religions apparaissent souvent comme des concurrentes que des compagnons de route qui s’écoutent mutuellement». Puis, il s’interroge: «Est-ce à dire que la convivialité n’était jamais au rendez-vous … ?» Dans les autres parties de l’ouvrage, il aborde des questions de conversion, d’histoire des origines, héritage stimulant entre autres.
Ces différents angles de vue ont permis à l’abbé Léon Diouf de dire dans sa conclusion que «le Père de Benoist a tracé un cadre d’écriture de l’histoire de notre Eglise». L’ancien recteur du séminaire de Sébikhotane, (banlieue est de Dakar), a saisi l’occasion pour inviter les historiens sénégalais à déterminer les périodes clés de leur histoire, par le choix des événements qui à leurs yeux, caractérisent ces périodes et surtout, de relever dans ces époques, les figures d’hommes et de femmes qui ont fait et font l’histoire du Sénégal. (apic/ibc/be)