Fribourg: Mgr Morerod s’explique sur l’exclusion de la FSSPX des églises

Série de déclarations malvenues de la Fraternité

Fribourg, 4 février 2013 (Apic) Les récentes déclarations de Mgr Fellay ont «tristement confirmé à mes yeux le pouvoir de sa Fraternité de jeter le trouble à l’intérieur de l’Eglise…». C’est principalement par l’attitude de certains membres de la Fraternité sacerdotale St-Pie X (FSSPX) que Mgr Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF), justifie le 4 février 2013 son Décret du 20 janvier interdisant l’utilisation des églises du diocèse par la Fraternité.

C’est à cause des «perplexités» de certains face à son Décret que Mgr Morerod a choisi d’expliquer publiquement sa démarche.

Le 20 janvier 2013 le Décret en question a indiqué que les prêtres de la FSSPX avaient l’interdiction d’employer des églises et chapelles catholiques pour tout service sacerdotal, en particulier la dispense des sacrements.

Le texte est le résultat d’une décision prise par la Conférence des Evêques Suisses (CES) en septembre 2011, «quand je n’en faisais pas encore partie», explique l’évêque de LGF. Il s’agissait alors de mettre à jour les normes de 1999, qui interdisaient déjà l’usage des églises par la FSSPX. Le texte du Décret a été préparé par la CES. Sa publication a été laissée à la décision de chaque évêque ou Abbé territorial. Il a été publié par exemple par le diocèse de Sion le 10 janvier 2012, indique Mgr Morerod.

Laisser une chance au dialogue

Ayant participé au dialogue avec la FSSPX, Mgr Morerod n’a pas voulu envoyer un signal «qui aurait pu suggérer que je ne croyais plus en ce dialogue», explique-t-il. C’est pourquoi il a attendu plus d’un an. «La publication me semblait pouvoir attendre, car le contenu du Décret correspondait de toute manière à la pratique du diocèse depuis des années», souligne l’évêque. Il assure ne pas avoir perdu tout espoir que le différend avec la FSSPX puisse se résoudre un jour. Il relève cependant «plusieurs événements qui m’ont amené à considérer la situation comme grave», et qui ont provoqué la diffusion du Décret.

Pas de ministère légitime dans l’Eglise pour la FSSPX

«A la différence des orthodoxes ou protestants qui peuvent utiliser les églises du diocèse dans certaines conditions et en cas de nécessité, les prêtres de la FSSPX se présentent comme catholiques», précise Mgr Morerod. Le dialogue n’est pas à proprement parler œcuménique, mais «interne». Il rappelle que Mgr Lefebvre, fondateur de la Fraternité, a été suspendu «a divinis» par le pape Paul VI en 1976. Tout acte ministériel lui a alors été interdit.

«C’est ainsi que notre conférence épiscopale a compris ce qu’a dit le pape Benoît XVI le 10 mars 2009 et que cite notre décret, à savoir que les prêtres de la FSSPX n’ont pas dans l’Eglise un ministère légitime», affirme l’évêque de LGF. Il s’agit en fait de prêtres ordonnés de manière illicite, «et aucun prêtre catholique dont le ministère est illicite…ne peut célébrer dans une église catholique, à moins qu’il ne soit réconcilié avec l’Eglise». La difficulté propre de ces prêtres, comparés aux prêtres orthodoxes ou aux pasteurs protestants, est que leur ministère contribue en fait – peut-être pas dans leur intention – «à diviser l’Eglise catholique de l’intérieur», affirme Mgr Morerod.

Les déclarations contre les juifs ne passent pas

L’évêque de LGF cite plusieurs déclarations récentes de membres de la FSSPX qui l’ont «atterré». Il évoque principalement certaines affirmations du supérieur général de la Fraternité St-Pie X, Mgr Bernard Fellay. Outre les attaques répétées du supérieur général contre le Concile Vatican II, Mgr Morerod reproche à Mgr Fellay la description qu’il a faite en décembre dernier des juifs comme des «ennemis de l’Eglise».

«Entre autres à cause de drames historiques bien connus, le Concile Vatican II a voulu placer le dialogue religieux avec le judaïsme en termes positifs et amicaux», a souligné l’évêque. Toute déclaration en sens contraire d’un évêque ou d’un prêtre catholique «nuit gravement à la réputation de l’Eglise catholique», poursuit-t-il. «Cela justifie l’interdiction de parole dans les églises catholiques à un clergé susceptible de parler en de tels termes».

Pour autant, Mgr Morerod ne ferme pas la porte à la Fraternité. Il répète que «si l’attitude de la FSSPX devait évoluer, je serais heureux de reconnaître avoir été excessivement pessimiste». (apic/com/rz)

4 février 2013 | 17:52
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 3 min.
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