Je ne ressens pas de poids particulier. Je n’ai rien à prouver", indique Simone Previte, ici en 2022 | © Bernard Hallet
Suisse

Simone Previte nommé prieur de l’abbaye de St-Maurice: «Je suis serein» 

«Je ne ressens pas de poids particulier, puisque j’accède à ce ministère à partir de la confiance qui m’est donnée par la communauté», confie Simone Previte à cath.ch. L’abbaye a confirmé la nomination, le 28 avril 2025, du jeune chanoine de 28 ans comme prieur de l’abbaye de Saint-Maurice. Il succède à Roland Jaquenoud. Le chanoine Alexandre Ineichen a été nommé sous-prieur.

«Je suis serein, dans la mesure où la mentalité avec laquelle nous entrons dans une démarche pour désigner des supérieurs religieux n’est pas issue des mêmes critères que nous appliquons dans nos institutions étatiques ou entrepreneuriales. Il ne s’agit pas de faire campagne ou de prouver nos mérites», confie le chanoine Simone Previte à cath.ch. Pour lui, nommer un prieur pour la communauté relève avant tout du discernement et, souligne le chanoine, «il s’agit d’une question de disposition et de personnalité». Il concède approcher la fonction en tremblant. «On est toujours indigne de ces postes.»

L’annonce a été officialisée le 28 avril à l’abbaye après une consultation du chapitre, à bulletins secrets, qui s’est réuni le 25 avril, vendredi de Pâques selon l’usage. Simone Previte a ensuite été nommé par le Conseil abbatial sur la base de la consultation dont le scrutin a été dépouillé par le conseil, en suivant les constitutions.

Un risque d’hermétisme

A seulement 28 ans, il ne se sent pas trop jeune. «Je ne ressens pas de poids particulier. Je n’ai rien à prouver, puisque j’accède à ce ministère à partir de la confiance qui m’est donnée par la communauté.» Simone Previte pointe toutefois le risque que la fonction et son jeune âge engendrent une forme d’hermétisme. «Est-ce que des confrères, en majorité plus âgés et plus expérimentés que moi, viendront me confier leurs problèmes?» Il espère que cet hermétisme sera absorbé par sa disposition et sa sérénité vis-à-vis de la tâche qui l’attend.

Lorsqu’on pose la question du contexte dans lequel il est nommé, notamment les affaires d’abus et l’âge assez élevé de la communauté, il s’agace de cette phrase maintes fois entendue: ‘Vous êtes l’avenir de la communauté’. «Je ne me considère pas comme un jeune chanoine couvé et sorti ‘tout neuf’ du nid pour incarner l’avenir de l’abbaye de Saint-Maurice. «Je suis l’hier, l’aujourd’hui et le demain de l’abbaye, avec mes confrères.»

Simone Previte a prononcé ses vœux solennels le 28 août 2022 | © Bernard Hallet

«Quant aux affaires d’abus, je ne m’en écarte pas. J’assume l’aujourd’hui dans lequel je me situe. En tant que représentant de l’institution, j’ai à regretter ce qui s’est passé avec la communauté, j’en porte le fardeau.» Sa nomination, insiste-t-il, ne doit pas servir à tirer un trait sur le passé, «alors, on se trouverait dans un cercle vicieux: on recommencerait. Je suis appelé, solidairement à ma communauté, à me convertir pour laisser advenir le présent que Dieu veut pour l’abbaye. Je suis désireux de nous enraciner davantage dans notre consécration à suivre avec enthousiasme l’Évangile de Jésus Christ par le moyen des vœux que nous avons librement émis.»

Dans l’attente des conclusions de l’enquête

Il est dans l’attente des conclusions de l’enquête en cours – confiée à Pierre Aubert, procureur général du canton de Neuchâtel – concernant les abus sexuels commis dans le passé par des chanoines. «Je veillerai à ce que les recommandations soient mises en application, en concertation avec l’abbé Jean et la communauté.» Simone Previte dit ne pas avoir de programme particulier, il essaiera d’être un bon prieur selon la règle. «C’est déjà beaucoup!» Il s’attachera à seconder l’abbé Jean Scarcella à l’abbaye et pour le territoire abbatial.

«À l’abbaye, il s’agit d’avoir le souci du bien des confrères de sorte que la dynamique communautaire en soit revitalisée à l’heure où vous pouvez facilement vous imaginer qu’elle a été fortement éprouvée.»

Nommé prieur, Simone Previte n’est pas encore entré en fonction. «Nous n’avons plus de prieur depuis un an et demi. Le besoin s’en fait ressentir dans la communauté. Je me réjouis de les retrouver bientôt.» Le jeune chanoine est en effet à Rome jusqu’à fin juin, pour compléter une formation de six mois pour postulateurs, auprès du dicastère pour la cause des saints. La formation était prévue de longue date. La communauté était d’accord de le laisser achever ses études. Il n’a pas eu l’occasion de s’adresser à ses confrères depuis sa nomination. «Ces quelques mois seront comme un ‘sas’ d’entrée avant ma prise de fonction effective, le temps pour la communauté et pour moi de nous faire à l’idée de cette nouvelle situation».

Le jeune chanoine succède à Roland Jaquenoud qui s’était mis en retrait. Il est nommé pour trois ans, deux fois renouvelables. Alexandre Ineichen est sommé sous-prieur. (cath.ch/bh)

Le prieur
«Le Prieur de l’Abbaye remplit dans l’Ordre un double office, explique Simone Previte, il est Prieur claustral, comme tel ayant autorité sur les confrères résidant à l’Abbaye. Il est aussi Vicaire abbatial, assistant l’Abbé dans le gouvernement de l’Ordre et les relations avec tous les confrères. Comme Prieur claustral, le Prieur de l’Abbaye veille à la bonne marche de la communauté abbatiale. Le Prieur de l’Abbaye occupe le premier rang après l’Abbé et le remplace en cas d’empêchement» SP

Je ne ressens pas de poids particulier. Je n’ai rien à prouver», indique Simone Previte, ici en 2022 | © Bernard Hallet
5 mai 2025 | 12:01
par Bernard Hallet
Temps de lecture : env. 4  min.
Abbaye (32), Prieur (6), Simone Previte (3), St-Maurice (30)
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