Sœurs de Sainte-Ursule: profession temporaire de deux sœurs vietnamiennes
«Voilà 40 ans que nous n’avions pas vécu cela!», lance, ravie, Sœur Marie Gabrielle, mère supérieure de la Maison Sainte-Ursule de Sion. La profession temporaire de Marie-Paule et Marie-Pierre, deux sœurs d’origine vietnamiennes, a été vécue comme une fête à la chapelle de la communauté, le 31 juillet 2025.
L’abbé Philippe Aymon a ouvert la célébration avec quelques mots en vietnamien. Il n’a pas manqué de saluer la communauté vietnamienne présente et la famille des deux sœurs qui suivait la messe depuis le Vietnam via YouTube. Dieu a donné une double miséricorde à la communauté, a-t-il relevé. «D’abord l’appel qu’ont reçu Marie-Paule et Marie-Pierre et la réponse qu’elles ont donné à cet appel.» Soeurs dans la communauté, elles sont d’abord soeurs du même sang.
«Me voici Seigneur»
«Me voici Seigneur, je viens faire ta volonté. Qu’il me soit fait selon ta parole», ont chanté Marie-Pierre Nguyen Thi Thao, 31 ans, et Marie-Paule Nguyen Thi Hien, 29 ans, en s’avançant lentement vers l’autel. Elles ont signifié leur volonté de s’engager en répondant, selon le rituel, aux questions de l’abbé Philippe Aymon qui a présidé la célébration.
Les deux sœurs ont d’abord reçu l’habit religieux gris qu’elles sont allées revêtir. Revenues à l’autel où elles ont reçu la croix, qui les unit à Jésus, les Constitutions des Sœurs de Sainte-Ursule d’Anne de Xainctonge et le cierge, la lumière du Christ, les trois symboles de leur engagement.
Une assistance multi ethnique
La chapelle de la maison de Sion était juste assez grande pour accueillir les 150 personnes présentes pour l’occasion: les amis de la communauté, les sœurs des maisons de Brig et de Fribourg ainsi que les moines vietnamiens de la communauté d’Orsonnens, dans la glâne fribourgeoise. Dans l’assistance se trouvaient aussi des sœurs africaines, des novices de la communauté des sœurs de Saint-Augustin et des prêtes africains. Une douzaine de prêtres ont concélébré la messe.
L’assistance a exulté lorsque les religieuses de la communauté sont venues saluer leurs nouvelles consœurs. Il a été décidé que les deux sœurs resteront à Sion pour achever leur formation. En attendant, elles vont pouvoir rentrer au Vietnam pour visiter leur famille.
Malgré l’émotion du moment, Marie-Paule et Marie-Pierre ont souhaité garder la paix intérieure. «Nous voulons susciter l’espérance, surtout en cette année jubilaire», confient les deux sœurs qui ressentent la joie, mais aussi la grande attente que fonde sur elles la communauté de 22 sœurs, dont une quinzaine sont âgées de 79 à 99 ans.
«Un cadeau du Bon Dieu inattendu»
«C’est un cadeau du Bon Dieu inattendu!», confiait un peu plus tôt à cath.ch sœur Marie-Gabrielle. Rien ne prédestinait les deux sœurs, dernières d’une fratrie de cinq enfants, à s’engager à Sion. Elles ont grandi et suivi leur scolarité dans la province de Nambinh (dont le nom a changé entre temps), dans le nord du Vietnam, à 150 km à l’est de Hanoï.
Issues d’une famille très pratiquante, elles vont à la messe deux fois par jour. «Le matin, tôt avant d’aller à l’école et le soir, si nous nous n’avions rien de spécial à faire, avec les parents.»
Dans cette région du Vietnam, la pratique religieuse a posé moins de problème que dans d’autres provinces. En effet, précise Marie-Paule, «nous sommes nées dans la région où sont arrivés les premiers missionnaires et les autorités sont plus tolérantes vis-vis de la religion, il y a moins de tensions». Une attitude qui peut varier fortement d’une province à l’autre, même si les rapports entre le pays et le Saint-Siège se sont nettement améliorés depuis quelques années.
«J’ai ressenti la vocation vers 8 ou 9 ans», affirme Marie-Pierre». Sa sœur indique le même moment. Le mode de vie des religieuses qui aident à la paroisse inspire les deux sœurs. Curieusement, elles n’en ont pas vraiment parlé entre elles, «vous savez en Asie, les gens sont pudiques et ne parlent pas leurs sentiments», mais elles ont participé ensemble à des réunions sur la vocation organisées par leur diocèse. «Nous avons suivi notre chemin.»
Des retraites spirituelles
Un chemin qui les a menées, dès l’âge de 11 et 13 ans, à effectuer chaque été des retraites de trois à cinq jours chez les dominicaines et chez les Sœurs de la Visitation. La vocation est bien présente, mais «il manquait un petit ‘quelque chose’». Les retraites se poursuivent en parallèle de leurs études à l’université à Hanoï. Six ans d’études de la médecine traditionnelle vietnamienne pour Marie-Pierre et quatre ans en psychologie pour Marie-Paule.
«A la fin de nos études, nous n’étions pas au clair pour notre vocation avec le charisme des communautés religieuses», témoigne Marie-Paule. Jusqu’au moment où, en 2018, une amie leur parle de la communauté des Ursulines de Sion. Par l’entremise d’un moine, elles entrent en contact, via Facebook, avec une sœur de la communauté – qui a depuis quitté la maison. Cette dernière leur présente la maison et le charisme des religieuses. Les deux sœurs, touchées, entament des démarches administratives. Deux ans sont nécessaires à l’obtention d’un visa qui leur est délivré… en mars 2020, au moment où la pandémie de covid-19 se répand dans le monde.

Les parents qui y voient un ‘signe’ tentent bien de dissuader leurs filles de partir. Rien n’y fait, Marie-Pierre et Marie-Paule arrivent finalement en Suisse en juillet 2021. La première année est consacrée à l’apprentissage intensif du français, qu’elles maîtrisent bien aujourd’hui. Suivent l’année de postulat et deux ans de noviciat, où elles ont reçu la formation théologique, notamment à travers le parcours Théodule dont elles viennent de terrminer la deuxième année. Il y a eu aussi des stages à l’aumônerie de l’hôpital de Sion. Dans trois ans, elles doivent renouvelleront leurs vœux puis poursuivront leur parcours jusqu’aux vœux perpétuels deux ans plus tard.
On pensait au climat, mais l’apprentissage du français fut la phase la plus difficile de l’adaptation en Suisse, plutôt réussie, des deux sœurs. «Nous aimons la neige et nous apprécions la culture et la cuisine suisses!»
«Elles ont passée du ‘chez vous’ au ‘chez nous’ dès la première année, confirme sœur Marie-Gabrielle. Elles sont rayonnantes! Partout où elles passent elles nous font une réclame terrible!» (cath.ch/bh)
