Sommet sur les abus: assemblée plénière du 23 février 2018 | © Antoine Mekary | ALETEIA | I.Media
Vatican

Sommet sur les abus: Le secret pontifical au cœur des échanges

Les participants au sommet sur la protection des mineurs s’interrogent sur la pertinence de la soumission des procédures canoniques au secret pontifical, ont indiqué différents participants lors d’une conférence de presse le 23 février 2019.

Actuellement, les procédures canoniques sont soumises au secret pontifical, les victimes d’abus sexuels sont au plus entendues mais ne sont pas tenues informées des avancées du dossier. De même, le résultat ne leur est pas transmis. «Il faut plus de communication avec les victimes», a considéré Mgr Scicluna, membre du comité organisateur du sommet. Pas informées, certaines croient même que rien n’a été fait suite à leur signalement alors que le prêtre ou religieux concerné à été sanctionné.

Pour le prélat maltais, il ne faudrait donc pas lier ce type de procédure par ce niveau de confidentialité «très élevé». Un degré de confidentialité «normal» suffirait, a-t-il plaidé. Selon lui, il existe une «volonté» en ce sens parmi les évêques. Selon une personne présente dans l’aula, au moins deux des onze groupes linguistiques auraient demandé une réforme du secret pontificale en ce sens.

Un service d’écoute

Par ailleurs, Mgr Scicluna a invité chaque conférence épiscopale nationale à se doter d’un service d’écoute des victimes. Ce serait le «point de référence» pour ces dernières. Le cardinal Reinhard Marx, président de la Conférence des évêques allemands, a lui aussi insisté sur le rôle des conférences épiscopales. Pour lui, le Saint-Siège ne peut tout gérer et c’est à elles de mettre en place localement les procédures adéquates.

De plus, a-t-il espéré, les conférences épiscopales devraient avoir un contrôle bien plus systématique des mécanismes et processus en place dans les diocèses. La Congrégation pour la doctrine de la foi, a indiqué Mgr Scicluna qui en est secrétaire-adjoint, prépare un vademecum clair et accessible au grand public sur ces questions.

«Les différences culturelles ne peuvent pas servir d’excuse»

Beaucoup de ce qui a été discuté lors du sommet devra être traduit en actions, ce qui prendra du temps, a prévenu le cardinal allemand. «Nous ferons attention à ce que nos mots deviennent des actions», a-t-il toutefois promis. Le haut prélat a notamment souhaité qu’un autre sommet sur la protection des mineurs soit organisé «avant cinq ans».

Le Père Arturo Sosa, supérieur général de la Compagnie de Jésus, a considéré que ce sommet avait permis à «tous» de reconnaître la réalité de ces faits. C’est un «grand pas», s’est-il réjoui. «Nous avons compris que les différences culturelles ne peuvent pas servir d’excuse ni justifier l’opacité», a-t-il assuré.

Le cardinal Marx est également revenu sur les destructions de dossier qui auraient pu documenter les cas d’abus sexuels et identifier des coupables, sujet dont il avait parlé dans son allocution devant les participants le même jour. Selon lui, ses propos concernaient son pays, l’Allemagne. Il a toutefois estimé que cela pouvait également avoir eu lieu dans d’autres lieux. Dans un document de travail de mai dernier, le pape François mentionnait des faits similaires au Chili. Ce document révélé par la presse n’a pas été publié par le Saint-Siège. (cath.ch/imedia/xln/pp)

Sommet sur les abus: assemblée plénière du 23 février 2018 | © Antoine Mekary | ALETEIA | I.Media
23 février 2019 | 17:07
par Pierre Pistoletti
Temps de lecture: env. 2 min.
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