Soudan: Les évêques s’opposent à l’entrée de Khartoum au Conseil de Sécurité de l’ONU
«Inacceptable»
Khartoum, 19 septembre 2000 (APIC) Les évêques du Soudan s’opposent à l’entrée de Karthoum au Conseil de sécurité de l’ONU. C’est inacceptable aussi longtemps que le gouvernement de Khartoum restera la cause principale de l’insécurité de la population, estime la Conférence épiscopale soudanaise, dans un document rendu public le 16 septembre.
Les Etats-Unis s’opposent eux aussi à une éventuelle accession soudanaise: le porte-parole du Département d’Etat, Richard Boucher, a déclaré que le Soudan «n’est pas apte» à remplir ce rôle, étant donné qu’il est sujet à des sanctions de l’ONU et que ses avions de chasse continuent à bombarder la zone sud du pays où sont installés de nombreux opérateurs humanitaires.
Dans le document, qui s’articule en huit points, les évêques soudanais font également part d’une requête: «Les pays et les multinationales doivent mettre fin sans tarder à leur collaboration dans la production pétrolifère au Soudan. Ces activités provoqueront la continuation de la guerre qui anéantira inévitablement les gens du Sud, des montagnes Nuba et du Nil Bleu méridional».
Mgr Macram Max Gassis, évêque soudanais de El Obeid et vice-président de la Conférence épiscopale – qui depuis 1990 est contraint de vivre en exil et d’agir uniquement dans les zones contrôlées par les opposants au régime de Khartoum – a déclaré à l’agence romaine Fides: «On a découvert du pétrole au Sud Soudan. En plus d’être esclaves de la guerre, serons-nous aussi esclaves des cartels internationaux? Aurons-nous droit à la paix ou serons-nous esclaves du pétrole?».
Dans le document du 16 septembre, les Evêques expriment leur «profonde inquiétude quant aux bombardements continuels visant des objectifs civils, opérés par le gouvernement soudanais». Ils demandent que les adversaires s’engagent à respecter un cessez-le-feu et que l’on ouvre des couloirs interdits aux vols militaires, de manière à faciliter les opérations humanitaires au Sud.
Bombardements intensifs
La demande des évêques est motivée entre autre par les bombardements de ces derniers mois: dans les régions de Torit, Rumbek, Yei et Yambio, selon des sources de Fides, ont eu lieu des bombardements visant des objectifs civils et les autorités de Khartoum utilisent des avions Antonov de haute altitude, qui terrorisent les populations civiles. «Les objectifs des bombes sont aussi les églises, les écoles et les hôpitaux tenus par des religieux». Les villes de Lui, Yirol, Nimule, Kaya et Yomcir ont également été touchées au cours de ces derniers mois.
Les Evêques demandent que les Nations Unies contrôlent le cessez-le-feu et garantissent l’interdiction des vols militaires au Sud. Le document contient aussi une requête adressée au gouvernement de Khartoum et demande à ce dernier de reconnaître la légitimité des opérations humanitaires des ONG, et qu’il ne fasse pas d’elles des cibles militaires. (apic/fides/pr)