St-Gall: la vie recluse des capucines de Notkersegg dévoilée dans un film

Les religieuses capucines du monastère de Notkersegg, dans le canton de St-Gall, vivent en isolement. Elles ont néanmoins ouvert leur porte à une cinéaste pour la première fois, donnant un aperçu inédit de leur vie quotidienne. Le film vient de paraître et sera diffusé sur la SRF le 11 février 2018.

La cour du monastère de Notkersegg s’est transformée en cinéma d’hiver en plein air, mercredi soir 7 février 2018. La température en dessous de zéro n’a pas empêché nombreuses personnes à venir assister à l’avant-première du film «Heimwärts». Un reportage qui sera diffusé dimanche 11 février à 21h40 à la Radio Télévision Suisse alémanique (SRF 1).

Quelques minutes avant la projection, Sœur Rita et Sœur Manuela sont encore en train de cuisiner, rapporte le quotidien St.Galler Tagblatt. Aucun signe de nervosité se lit sur leur visage, même si les deux capucines vont tienir le rôle principal. «J’ai hâte de voir le film», dit Sœur Manuela, 47 ans, supérieure de la communauté. Même si ce n’est pas la première fois qu’elle le voit. «Le documentaire nous montre tel que nous sommes», dit-t-elle. Sœur Rita, âgée de 84 ans, trouve elle aussi le film authentique.

Une idée spontanée

Il a fallu néanmoins un certain temps avant que les religieuses donnent leur accord pour le tournage. La cinéaste Eveline Falk, qui vit à Saint-Gall, se souvient de la genèse du film. L’idée de filmer les sœurs lui est venu spontanément, car elle n’a pas de relation a priori avec les monastères et ne sent pas particulièrement religieuse.

Elle est passé d’innombrables fois à côté du monastère Notkersegg sans lui accorder une attention particulière. Jusqu’au jour où, lisant une brochure de la communauté, elle a été interpelé par l’appel des femmes du monastère: «Nous avons besoin de  votre soutien.» Il s’agissait d’un groupe de famille d’accueil que les sœurs voulaient mettre sur pied. Eveline Falk a donc appelé le monastère, demandant si elle avait le droit de faire un film à ce sujet.

Une vie de solitude

Les capucines, qui vivent à sept au monastère, n’ont pas été immédiatement d’accord. Il faut savoir qu’elles mènent une vie de solitude, une vie «en silence, dans l’isolement et dans la prière». Elles sortent à peine, elles ne cherchent pas de public. Elles n’avait encore jamais ouvert leur porte à une équipe de tournage. «Au début, il n’était pas clair de savoir si nous allions participer», dit Sœur Manuela. La cinéaste Eveline Falk a dû d’abord rendre des comptes aux religieuses. Elle ne sait d’ailleurs toujours pas ce qui a permis qu’elle puisse réaliser son film. «Mais en tout cas, ça a marché», dit Sœur Manuela.

Eveline Falk et son caméraman ont passé cinq jours au monastère. «J’ai pu me déplacer librement et filmer sans restrictions», dit-elle. C’était un monde inconnu qui s’ouvrait à elle. Lorsqu’elle a visité le monastère de Notkersegg pour la première fois, elle s’est promenée les yeux ouverts et la bouche bée. Tout comme les religieuses, plus tard, lorsqu’elles ont visité le studio de la télévision.

Eveline Falk a été particulièrement impressionnée par le «sens du temps différent» qui régnait dans le monastère. Elle a trouvé beaucoup de paix et de tranquillité, malgré les journées et des agendas chargés des sœurs. Elle a également été fascinée par la foi profonde des sœurs et leur confiance dans le fait que la réalisation du film allait bien se passer. Eveline Falk a passé dix jours au studio de montage et elle s’est rarement senti aussi protégée que dans ce projet-là. Elle a senti que les religieuses ont aussi longtemps prié pour que le film soit bon.

Contact exemplaire avec les personnes âgées

Le film propose un regard derrière les murs épais du monastère. Il accompagne les sœurs dans leur vie quotidienne et relate le défi quotidien dû au vieillissement de la communauté. L’âge moyen de la communauté de Notkersegg est de plus de 80 ans. La supérieure, Sœur Manuela, doit répondre des sœurs qui vieillissent et qui ont besoin de plus en plus de soins. Certaines doivent aller dans une maison de retraite externe, malgré le manque de fonds. Leur but est donc de créer leur propre maison de retraite et de ramener les sœurs aînées au monastère. C’est le sens du titre du film, «Heimwärts», qui signifie «attente du retour à la maison».

Le film se nourrit surtout de l’expression spontanée des sœurs aînées et de la chaleur avec laquelle elles sont reçues à leur retour au monastère. «Ces femmes cloîtrées ont développé un concept de prise en charge des personnes âgées», explique Eveline Falk. «Et les voilà, devant nous.» (cath.ch/sgtb/gr)

L’avant-première du film s’est tenu au flan du monastère de Notkersegg | capture d’écran / St.Galler Tagblatt / Ralph Ribi
Au premier plan, sœur Manuela la supérieur de la communauté des capucines de Notkersegg | © kath.ch / Sabine Rüthemann
9 février 2018 | 18:30
par Grégory Roth
Temps de lecture: env. 3 min.
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