Mgr Doré quitte pour des raisons de santé, choc pour les Alsaciens

Strasbourg: Le pape Benoît XVI a accepté la démission de l’archevêque de Strasbourg

Strasbourg, 25 août 2006 (Apic) Mgr Joseph Doré, archevêque de Strasbourg depuis 1997, va quitter ses fonctions pastorales pour raison de santé. Le pape Benoît XVI a accepté vendredi 25 août la démission de Mgr Doré, qui aura 70 ans le mois prochain, en vertu du canon 401 § 2 du Code de droit canonique (renonciation pour raison de santé).

«C’est un choc pour les Alsaciens, un surprise douloureuse pour les fidèles du diocèse», a déclaré vendredi à l’Apic Mgr Christian Kratz, évêque auxiliaire de Strasbourg et vicaire général. Car Mgr Doré, qui n’est pas Alsacien, a rapidement «épousé l’Alsace». Sa personnalité et sa réputation de théologien rayonnent bien au-delà du diocèse et des frontières nationales, souligne-t-il.

Mais, admet Mgr Kratz, l’archevêque, un vrai «bourreau de travail», était surmené, et cette grande fatigue a été pour ses médecins un signal d’alarme. «Il doit absolument réduire ses activités, prendre du recul, car il a besoin de beaucoup de repos», ajoute-t-il. Le diocèse va pouvoir poursuivre ses activités de manière normale, car Rome a accepté que Mgr Doré reste administrateur apostolique, ce qui évite de déclarer le siège vacant. Ainsi les vicaires épiscopaux et généraux restent en fonction.

Comme Strasbourg vit sous le régime concordataire instauré sous Napoléon et toujours en vigueur dans les départements d’Alsace-Moselle, la procédure de nomination du nouvel archevêque va prendre des mois, car la nomination est du ressort du président de la République, en accord avec le Vatican. Après la nomination de son successeur, Mgr Doré quittera l’Alsace.

Mgr Doré fêtera ses 70 ans dans un mois

Mgr Doré fêtera ses 70 ans dans un mois. Il est né le 26 septembre 1936 à Grand-Auverné, en Loire-Atlantique. Ordonné prêtre le 21 décembre 1961 pour le diocèse de Nantes, il est entré dans la Compagnie de Saint-Sulpice en 1962. Des années d’études à Paris (Institut catholique), Rome (Université pontificale Saint-Thomas d’Aquin et Institut biblique) et Münster-en-Westphalie (Wilhelms-Universität) sont couronnées par un doctorat en théologie à l’Angelicum de Rome en 1964.

De retour en France, il devient professeur de théologie dogmatique et directeur spirituel au Grand Séminaire de Nantes dès 1965. Il s’engage en parallèle auprès des communautés du diocèse, particulièrement des équipes de prêtres, des chrétiens engagés dans l’ACO, l’action catholique ouvrière.

En raison de la qualité de son enseignement, il est appelé à Paris, où il commence à enseigner en 1971 à la Faculté de théologie de l’Institut Catholique de Paris. Pendant dix ans, de 1971 à 1981, il est en parallèle directeur au Séminaire des Carmes, le séminaire universitaire de l’Institut Catholique de Paris. Au moment de sa nomination comme archevêque de Strasbourg, il était à la direction du Département de la Recherche de l’Institut Catholique. Il sera nommé évêque le 23 octobre 1997 et ordonné évêque le 23 novembre 1997.

Mgr Joseph Doré continuera de gouverner l’archidiocèse de Strasbourg, en qualité d’administrateur apostolique, jusqu’à la prise de possession de son successeur, communique vendredi la Conférence des évêques de France. Membre du Conseil pontifical pour la culture et du Conseil spécial pour l’Europe du synode des évêques, l’archevêque de Strasbourg est également membre du Conseil Permanent de la Conférence des évêques de France (CEF). Membre de l’Académie Internationale des Sciences Religieuses, dont il assumera de la présidence un certain temps, il sera aussi appelé à participer à la Commission Théologique Internationale de 1992 à 1997. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles. JB

Encadré

«La fatigue explique-t-elle tout ?», s’interrogent les «Dernières nouvelles d’Alsace»

Mgr Doré démissionne un mois avant ses 70 ans, c’est-à-dire 5 ans avant l’âge de la retraite fixé par le droit canonique. Dans un courrier envoyé aux prêtres, diacres et religieux de son diocèse le 24 août, Mgr Doré a expliqué que sa santé, depuis plusieurs mois, «inspirait de croissantes inquiétudes». Dans le quotidien français La Croix du 25 août, le Père Michel Kubler indique ainsi que c’est «pressé par ses médecins» que l’archevêque de Strasbourg a quitté ses fonctions. Le rédacteur en chef religieux du quotidien français, proche de Joseph Doré, explique encore que l’évêque n’a «jamais ménagé sa propre personne».

«La fatigue explique-t-elle tout ?», s’interroge en revanche le quotidien local alsacien, les «Dernières nouvelles d’Alsace» (DNA) dans son édition du 25 août. Si le journal note que «tous ceux qui l’ont approché ces derniers mois décrivent son épuisement physique», il évoque aussi «une lassitude psychologique». Et d’ajouter que «le conclave de 2005 n’avait pas enthousiasmé ce proche du cardinal Martini».

Selon les DNA, «ses prises de positions, pourtant nuancées et argumentées, sur l’éventualité de l’ordination d’hommes mariés, sur le sacrement de réconciliation, sur la ministérialité des laïcs, sur les relations interreligieuses, irritaient la frange conservatrice de son Eglise». Sur ces sujets-là, tout comme sur les négociations entre Rome et les intégristes, Mgr Doré et le cardinal Ratzinger, lorsqu’il était préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, s’étaient clairement opposés. (apic/com/imedia/ami/be)

25 août 2006 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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